La grande peur du Maroc

Le Maroc tombe le masque et refuse, ouvertement, de coopérer avec les Nations unies en sabotant la mission de Christopher Ross, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’Onu pour le Sahara occidental. 
L’acceptation du bout des lèvres de la visite de Christopher Ross est prétexte à torpiller sa mission après avoir essayé vainement de le pousser à la démission, comme a tendance à le faire le Maroc à chaque fois qu’un haut responsable de l’Onu ne se montre pas favorable à ses thèses expansionnistes et à son refus d’aller au référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Une position qui isole davantage le Royaume et son roi, mais qui va à l’encontre de la tendance mondiale ou des nations démocratiques, à l’image de l’Écosse qui s’apprête à exercer son droit à l’autodétermination et à l’indépendance. 
Tout comme la Catalogne qui le fera probablement en novembre malgré l’obstruction du pouvoir central à Madrid. Pour comprendre cette attitude du Makhzen, il faut rappeler que l’Envoyé personnel du SG de l’Onu travaille dans le cadre de la légalité internationale et sur la base du principe du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Or, comme ont pu le constater, tous les observateurs qui suivent la question de la décolonisation du Sahara occidental, le Maroc utilise n’importe quel subterfuge pour faire fi de la légalité internationale, croyant que cette attitude va lui permettre de maintenir sa domination sur ce territoire tant que le processus référendaire n’est pas mis en œuvre. 
Il croit également se soustraire, ainsi, de la contrainte internationale qui finira par lui être imposée, d’une façon ou d’une autre, de se retirer du Sahara occidental. Comme l’a souligné Pierre Galand, président de la Coordination européenne de soutien au peuple sahraoui «le référendum est défini par les Nations unies depuis 1990. Il devait être organisé en 1992 et c’est la politique marocaine qui a retardé sa mise en œuvre». Pierre Galand a fait état de l’éventualité, pour le Conseil de sécurité, de la «prise d’une décision conforme aux règles des Nations unies concernant les droits des peuples non autonomes à obtenir leur indépendance». 
Le Maroc, qui a inventé sa proposition d’autonomie pour gagner du temps, sait parfaitement que si Christopher Ross remplit sa mission et fait son rapport au Secrétaire général des Nations unies, ce sont les droits fondamentaux du peuple sahraoui à l’autodétermination qui triompheront. Dans ce but, usant sans limites de mauvaise foi et de duplicité, le Maroc veut à tout prix saboter la tournée que Christopher Ross doit effectuer, à la mi-octobre, dans la région. 
Cette fois, le ministre marocain des Affaires étrangères, Abdellatif Mézouar, a évoqué le préalable d’«éclaircissements sur les limites de sa mission» exigées de Christopher Ross auxquelles ce dernier n’aurait pas encore répondu. Mezouar veut des «réponses écrites». Ainsi, l’Envoyé spécial de l’Onu, pour continuer sa mission, est sommé de répondre à un questionnaire que lui impose le Maroc. 
Des observateurs font remarquer que si le Maroc ne désire pas revoir Christopher Ross dans la région, c’est surtout à cause de ses positions favorables à un élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme au Sahara occidental, qui ont été évoquées par le Secrétaire général de l’Onu dans son dernier rapport rendu public mi-avril et présenté au Conseil de sécurité. 
En fait, le Makhzen est convaincu, et c’est ce qu’il redoute, que la mission de Ross, si elle est menée à son terme, ne peut aboutir qu’à faire progresser la solution du conflit vers le référendum d’autodétermination et donc la fin de l’occupation coloniale du Sahara occidental. 
Les craintes du Maroc sont telles que le souverain marocain, fait exceptionnel, va assister à l’assemblée générale des Nations unies et compte sur ses appuis traditionnels pour lui éviter une catastrophe .
Mokhtar Bendib

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