Le maroc panique

Les membres du Conseil de sécurité doivent se retrouver ce jeudi pour évoquer le renouvellement de la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso) et voir, dans une seconde réunion prévue le 23 avril, la faisabilité d’un élargissement des prérogatives de cette Mission à la protection des droits de l’homme. A l’approche des deux dates, le Maroc panique.
Dans son dernier rapport sur le dernier conflit en Afrique, Ban Ki-moon, le Secrétaire général de l’ONU, ne lui a rien épargné. Primo, il lui a signifié qu’il viole les droits de l’homme au Sahara occidental. Deusio, il a insisté sur la nécessité de créer un « mécanisme durable, indépendant et impartial » pour surveiller la situation des droits humains dans les territoires occupés. Tertio, il lui a rappelé le statut du Sahara occidental : un territoire non-autonome dépendant des Nations unies. Autrement dit, le Maroc est un Etat colonial. De ce fait, il doit respecter la Charte des Nations unies. Celle-ci spécifie entre autres, le droit des autochtones à bénéficier en priorité des richesses de leur pays. Mohamed VI, qui voit dans les propos de Ban Ki-moon des « options périlleuses » menace de régler son différend avec les Sahraouis en dehors du cadre onusien. Dans un d’un entretien téléphonique avec Ban-Ki-moon, présenté par Rabat comme une mise au point, le souverain chérifien lui demande de ne pas chercher « une solution » à la question du Sahara occidental en dehors « du cadre de la souveraineté marocaine ». « Tout écart de cette voie serait fatal pour le processus en cours et porteur de danger pour toute l’implication de l’ONU dans ce dossier », lui dit-il. Autrement dit, pour Rabat, il ne saurait y avoir une quelconque négociation avec les Sahraouis en dehors du plan d’autonomie sous sa souveraineté encore moins un élargissement de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme. C’est à peine qu’il accepte le renforcement de cette mission par 15 observateurs militaires. Autre cause de la colère du roi : l’ultimatum d’une année accordé aux deux parties du conflit pour réaliser des progrès. A défaut, prévient le SG de l’ONU, le Conseil de sécurité procédera à une « révision totale du cadre du processus des négociations », initié depuis 2007, par le premier round des négociations à Manhasset aux Etats-Unis.
Répression à El Ayoun, Smara et Boujdour
De son côté,, Mohamed Abdelaziz, le président de la République sahraouie, réitère, pour la énième fois, l’appel du Front Polisario à l’ONU : la création d’un mécanisme onusien pour la protection et la surveillance des droits de l’homme dans les territoires occupés en attendant le parachèvement du processus de décolonisation par un référendum d’autodétermination. Dans une lettre adressée au secrétaire général de l’ONU, il « a renouvelé l’appel à la communauté internationale afin d’assumer ses responsabilités envers la protection des civils sahraouis contre l’oppression et la brutalité des forces d’occupation marocaines à travers la création d’un mécanisme onusien pour la protection et la surveillance des droits de l’homme ». « Les forces d’occupation marocaines ont intervenu brutalement contre les manifestations pacifiques à El Ayoun, Smara et Boujdour pendant 24 heures laissant plus de 80 blessés », dit-il, appelant l’ONU à « prendre les mesures nécessaires pour arrêter le pillage des ressources naturelles par l’Etat marocain, de démanteler le mur de la honte marocain et de libérer de tous les prisonniers politiques sahraouis qui croupissent dans les prisons marocaines, y compris ceux purgeant de lourdes peines en raison de leur condamnation par un tribunal militaire ». « Face à cette situation aggravante, nous tenons une fois de plus la communauté internationale de responsable de la protection des civils sahraouis dans un territoire relevant de la responsabilité de l’ONU », conclut-il. José Manuel Garcia-Margallo y Marfil, le ministre espagnol des Affaires étrangères, a affirmé, samedi dernier, à Alger que le problème du Sahara occidental était une question de décolonisation. Selon le diplomate, ce conflit « doit trouver sa solution par des négociations, entre les deux parties, et conformément aux résolutions des Nations unies, pour dégager une formule qui prévoit l’autodétermination du peuple sahraoui ».
Djamel B.
Horizons, 13/04/2014

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*