Reportage : Lutte implacable contre le trafic de carburant à l’ouest de l'Algérie

Par Tewfiq El-Djazaïri
L’année 2013 a été pour la wilaya de Tlemcen celle d’une lutte implacable contre la contrebande de manière générale et le trafic de carburant en particulier. 
Ce phénomène a pris une proportion alarmante au point où les pouvoirs publics, soucieux de protéger l’économie nationale et les intérêts des citoyens, pénalisés par cette situation, ont pris des mesures draconiennes pour mettre le holà à cette situation qui n’a que trop duré.
Les hellabas, nom attribué aux trafiquants de carburant, avec leurs véhicules dont les réservoirs ont été modifiés pour contenir des quantités plus grandes de carburant, faisaient partie du paysage quotidien de la région. 
Ils se font remarquer sur les routes avec leurs allers et retours incessants vers les stations de services afin de faire le plein et d’aller le revendre aux trafiquants du pays voisin le Maroc Utilisant de subterfuges et de moyens divers, ces individus sont devenues à la longue, un véritable danger pour les usagers de la route nationale N35 reliant Tlemcen et Maghnia et ceux utilisant l’autoroute Est-Ouest. 
Ils sont souvent à l’origine de nombreux accidents dramatiques de la route, à cause de leurs excès de vitesse. Leurs revenus dépendent du nombre des navettes effectuées entre les stations de services et les points de livraison de leurs précieuses cargaisons. 
Des mesures drastiques à l’extrême 
Devant cette situation préjudiciable pour l’économie nationale et les difficultés énormes que rencontrent les automobilistes pour s’approvisionner en essence et en gas-oil, des mesures importantes ont été prises par les pouvoirs publics. 
L’approvisionnement en carburant a été plafonné à 500 dinars pour les véhicules légers et à 2.000 dinars pour les poids lourds, alors que le quota de carburant distribué à chaque station de service de la wilaya a été revu à la baisse pour endiguer ce fléau qui a pris l’allure d’une véritable saignée. 
L’application stricte de ces nouvelles mesures, accompagnées de contrôles rigoureux au niveau des stations-services par les différents corps de sécurité, ont poussé de nombreux hellabas à suspendre leurs trafics et à se reconvertir dans d’autres métiers. 
Les temps sont devenus durs pour ces trafiquants, avec les tranchées et autres obstacles érigés le long de la bande frontalière, rendant difficile l’accès à l’autre côté de la frontière. Les hellabas utilisent généralement des baudets pour le transport des produits de contrebande destinés au pays voisin. 
A ces mesures se sont ajoutées, selon les responsables des différents corps de sécurité, la multiplication et le renforcement des barrages de contrôles dressés le long des routes et qui ont permis entre autres, la saisie de quantités importantes de carburant mais aussi d’énormes quantités de drogue provenant principalement du Maroc outre d’autres produits alimentaires destinés à la contrebande. 
Entre autres mesures prises dans ce cadre, on cite également la fermeture de quelques stations-services ne respectant pas le plafonnement des ventes de carburant et la complicité de leurs propriétaires avec les trabendistes en sus des actions de sensibilisation menées envers les citoyens des zones frontalières au sujet de cette guerre qui ne dit pas son nom, destinée à fragiliser l’économie nationale. 
Dès le début de leur mise en œuvre, ces mesures ont crée des désagréments aux automobilistes, contraints de faire d’interminables chaînes pour s’approvisionner en carburant notamment pendant la saison estivale. 
D’autres difficultés ont été vécues par les agriculteurs durant la campagne moissons-battages. Les autorités locales ont constitué une cellule pour gérer cette situation et intervenir à chaque fois que le besoin se faisait sentir dans une région afin de trouver la solution adéquate, a-t-on indiqué auprès de la direction des services agricoles de Tlemcen. 
Vers un assouplissement des mesures 
Après le constat d’une nette réduction du trafic de carburant par les différents corps sécuritaires qui confirment, chiffres à l’appui, que la lutte contre cette activité illicite a commencé à donner ses fruits et que les mesures répressives ont permis la saisie de quantités importantes de carburant. 
A titre d’exemple, les services des douanes ont saisi en 2013 quelque 175.000 litres. 
A ces quantités s’ajoutent celles opérées par les services de la sûreté nationale et de la gendarmerie. 
Des mesures d’allégement ont été annoncées par le ministre de l’intérieur, Tayeb Belaïz, en octobre dernier, lors de l’installation du nouveau wali de Tlemcen. 
Le nouveau chef de l’exécutif de la wilaya de Tlemcen a entamé ses fonctions en multipliant les sorties sur le terrain dans les différentes localités frontalières pour s’enquérir d’abord des efforts de développement de ces régions et ensuite apprécier et trouver des solutions à certains problèmes soulevés par les populations locales. 
Les difficultés rencontrées dans l’approvisionnement des fellahs en carburant pour effectuer les labours-semailles reviennent à chacune des rencontres avec le premier responsable de la wilaya. Il a été également procédé à la réouverture de quelques stations-services fermées. 
Même si des files de voitures devant les stations-services sont encore visibles, la situation tend à se normaliser progressivement. 
Les hellabas qui persistent dans leurs activités nuisibles se heurtent à un dispositif de plus en plus dissuasif. L’étau se resserre incontestablement sur eux avec l’achèvement des tranchées, creusés le long de la frontière et surveillés par les garde-frontières et la mise en place de nouveaux postes de surveillance et de contrôle des douanes algériennes. 
Celles-ci conjuguent leurs efforts avec les autres corps sécuritaire pour éradiquer ce phénomène de la contrebande.
Démantèlement d’un réseau international
La brigade de recherche et d’investigations, relevant des services de la police judiciaire de Tlemcen, a réussi à démanteler un réseau international de trafic de carburant et de cocaïne. 
A la tête de ce réseau, un ressortissant marocain, résidant à Oujda, et qui s’est avéré être le principal fournisseur. Le réseau en question composé de 5 membres, est spécialisé dans l’importation frauduleuse de cocaïne, du stockage, du transport et la commercialisation. 
Trois membres ont été arrêtés dont 2 placés sous mandat de dépôt et un sous contrôle judiciaire. 
Les 2 autres sont en fuite. Un véhicule de type Toyota, ainsi que 1000 litres de carburant et plus de 2 kilogrammes de cocaïne qualité estimée dangereuse ont été saisis. 
Lors de leur arrestation, les membres de cette association ont résisté, énergiquement, aux forces de sécurité, endommageant certains véhicules qui se trouvaient sur les lieux. 
Interpol a été saisi quant au chef de ce réseau de narcotrafiquants et principal fournisseur. 
De leur côté, les éléments de la brigade mobile de la police judiciaire de Tlemcen ont réussi à mettre, hors d’état de nuire, une association de malfaiteurs, composée de 4 individus. 
Cette bande dont les éléments sont expérimentés car tous des repris de justice et âgés de 45 à 52 ans, faisait dans le trafic de kif. Lors de leur arrestation, les malfaiteurs détenaient de cette drogue.
L’Echo d’Algérie, 05/01/2014

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