L’opposition de Paris à l’élargissement du mandat de la MINURSO n’est pas envisageable

Certains écrits de journalistes et politiciens au Maroc évoquent la possibilité de l’utilisation par la France du droit de veto contre l’initiative américaine appelant à élargir le mandat de la MINURSO pour surveiller les droits de l’homme au Sahara Occidental et dans les camps de réfugiés sahraouis. 
Selon un journal marocain, la réalité des faits confirme que cette possibilité n’est pas du tout envisageable pour Paris du fait que toute opposition mettrait la France dans une position inconfortable s’agissant d’une question de droits de l’homme.
Payton Knopf, porte-parole de la mission USA à l’ONU, a déclaré à Associated Press : « Nous étudions activement le mandat de la MINURSO et travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires du Conseil de sécurité de l’ONU sur cette question. Les Etats-Unis continuent à soutenir le processus mené par l’ONU destinée à trouver une solution durable et mutuellement acceptable au conflit dans lequel les droits de l’homme de tous les individus sont respectés ». 
Les choses se présentant ainsi, « la France pourrait contribuer à alléger le ton de la résolution, mais elle ne fera pas recours au veto », selon le même journal qui avance les raison suivantes :
– La voix de la France au Conseil de sécurité est aussi l’expression de la politique de l’Union européenne, et en particulier des pays comme l’Espagne, l’Allemagne et les pays nordiques et le Benelux. Ces pays adoptent la position des États-Unis concernant le Sahara Occidental. Ils soutiennent l’autodétermination et exigent la supervision des droits de l’homme. Dans ce cas, le droit de veto français serait considérée comme une aventure politique qui mettra la France dans une position très inconfortable et l’opposera à de nombreux alliés.
– Au même temps, il n’y a pas de différd sur les droits humains dans le conflit du Sahara occidental. Les puissances principales ont exprimé leur accord sur le sujet, à l’exception de la Chine, qui adopte une position neutre et ne prête pas grande attention à ce conflit. Le Royaume-Uni défend avec énergie cette résolution.
– La France s’opposait à l’élargissement du mandat de la MINURSO aux droits de l’homme lorsque la question était revendiquée par des pays comme l’Afrique du Sud, mais cette fois-ci, elle est prônée par l’administration américaine. En raison des intérêts de la France dans le monde et ses relations avec Washington, Paris n’osera pas opposer son veto à une question considérée comme secondaire, surtout s’agissant d’une question de surveillance de droits de l’homme et non pas l’imposition de l’autodétermination comme solution au conflit.
– Le nouveau président français François Hollande n’adopte pas la position marocaine avec l’enthousiasme de ses prédécesseurs Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Dans son discours devant le Parlement marocain il a insisté sur les droits de l’homme et les résolutions de l’ONU. Il a salué la proposition d’autonomie, sans pour autant l’adopter comme solution unique. Même si la presse et les politiciens au Maroc l’ont interprêté comme un soutient de Paris, il est loin d’être comparé à celui de ses prédécesseurs Chirac et Sarkozy.
– La France est sous pression de la part de ses partenaire de l’Union européenne sur la question des droits de l’homme au Sahara Occidental. En témoignent les dernières résolutions du Parlement Européen sur cette question.
– La France s’est déjà privé d’utiliser le droit de veto lorsque les États-Unis ont présenté, le 31 Juillet 2003, le plan Baker.
– Un éventuel veto français aura une répercussion très négative sur les relations de la France avec l’Algérie, considérée comme un partenaire économique stratégique en ces temps de crise.

La Tribune du Sahara, 17 avril 2013

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