Une visite sans surprise de François Hollande au Maroc

Deuxième déplacement de François Hollande au Maghreb. Après l’Algérie en décembre dernier, le chef de l’Etat français est au Maroc pour consolider, dit-on, les liens, déjà très bons, de son pays avec la monarchie alaouite marocaine. Ni les milieux d’affaires français ni les Marocains ne s’attendent à des décisions économiques et politiques importantes.
Le président de la République française, François Hollande, entame, depuis hier, une visite officielle au Maroc à un moment où rien ne va plus pour lui et son gouvernement dont la crédibilité s’est érodée en quelques mois de pouvoir, atteignant les abysses de popularité avec une côte de 27%, la plus basse de la Vème République. A la même période, son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, qui a connu le même désamour de l’opinion, chutant continûment dans les sondages, était à 35%. 
Non seulement François Hollande ne parvient pas à inverser cette tendance, mais il est fort à craindre pour lui et son camp qu’il ne plonge encore plus dans l’impopularité.
 
La guerre du Mali qui devait faire remonter sa côte de popularité n’eut aucun effet positif sur celle-ci ; au contraire, le conflit malien risque de devenir un sérieux handicap au fur et à mesure que la guerre s’enlise et que les cercueils des soldats français arrivent en France. 
Le mariage pour tous qui, pourtant, est approuvé par 66% des Français ne l’aide pas à trouver grâce aux yeux de ses concitoyens préoccupés par la crise économique et la montée inexorable du chômage.
 
François Hollande que l’on sent écraser par sa charge et les mauvais résultats, n’ayant atteint, jusqu’à maintenant, aucun objectif qu’il s’était assigné ; au lieu des 0,8% de croissance prévus, celle-ci est quasi nulle, remettant en cause la réduction à 3% des déficits budgétaires et obligeant le gouvernement à trouver 20 à 30 milliards d’euros supplémentaires par l’augmentation de l’impôt ou la réduction drastique des prestations sociales, ce que la Droite redoutait à faire, s’est rendu à Rabat dans un contexte politique français délétère, empoisonné par l’affaire de son ancien ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, dont les mensonges à propos de son compte bancaire suisse l’affaiblissent encore, comme elles affaiblissent le gouvernement de Jean-Marc Ayrault qui s’est montré d’une sévérité extrême à l’égard de son ancien collègue.
 
C’est sur des œufs que marche le président de la République française au Maroc, d’autant que personne ne s’attend à la signature de contrats mirobolants qui pourraient soulever l’espoir d’une relance de l’économie en France, bien que plusieurs ministres et une soixante de chefs d’entreprises accompagnent François Hollande. L’Algérie qui sait que les relations entre Rabat et Paris sont plus qu’excellentes suit avec beaucoup d’attention les discussions entre les deux pays à propos du Mali, de la Libye et de la région maghrébine, surtout du conflit du Sahara occidental dont la France a pris fait et cause pour le Maroc, soutenant le plan d’autonomie marocain en contradiction des résolutions des Nations Unies qui réclament l’organisation d’un référendum d’autodétermination. 
Le chef de l’Etat français qui voulait normaliser les relations de la France avec l’Algérie, s’étant rendu dans notre pays en décembre dernier, ne peut que froisser, sur ce dossier brûlant, les Algériens et le Front Polisario qui a appelé, à maintes reprises, Paris à « réviser sa position » favorable au Maroc. 
Brahim Younessi
Mon Journal3 avril 2013 

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