La France « lâchera »-t-elle Mohammed VI’

Tous les peuples de la planète ont le droit de vivre libres
C’est de l’Hexagone, allié traditionnel et soutien inconditionnel du Maroc, que des voix s’élèvent pour permettre au peuple sahraoui de décider librement de son destin.
Le moment est venu pour Paris de prouver qu’il ne fait pas dans la politique des «deux poids deux mesures» et que tous les peuples de la planète, sans distinction, ont le droit de vivre libres. Pour le démontrer, sa position vis-à-vis du conflit du Sahara occidental doit être corrigée. «Assez de répression, Autodétermination»: Ce sont les maîtres mots de la motion adoptée à l’unanimité par les participants à une conférence internationale sur le respect des droits de l’homme au Sahara occidental, qui s’est tenue les 2 et 3 février à Paris. «Solidaires des peuples des pays arabes dans leurs combats pour la liberté, la dignité et la justice sociale, nous soutenons la lutte légitime du peuple sahraoui pour le droit inaliénable à l’autodétermination, reconnu par les Nations unies», souligne le texte qui a sanctionné cette rencontre.
Le message adressé à l’Organisation des Nations unies, aux pays membres de l’Union européenne… ciblait principalement la France, alliée traditionnel et soutien inconditionnel du Maroc. Des membres du gouvernement de Nicolas Sarkozy, et non des moindres, l’avaient publiquement affiché.
«La France, comme d’ailleurs le Conseil de sécurité, juge intéressante la proposition marocaine qui mérite d’être discutée», avait déclaré, au mois de mars 2009, l’ex-chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, dans une interview accordée au magazine Jeune Afrique. Des propos qui ont été renforcés par ceux de l’ancien Premier ministre français de l’époque. «Cette proposition d’autonomie constitue la base la plus pertinente pour sortir de l’impasse.
La France encourage les négociations autour de la proposition marocaine…», avait réaffirmé François Fillon, lors d’une conférence de presse qui avait clôturé les travaux de la 10e réunion de haut niveau franco-marocaine à Paris, au mois de juillet 2010 (voir L’Expression du 24 octobre 2012). Que dit aujourd’hui François Hollande’.
«La position de la France ne change pas: une résolution de l’ONU et le projet d’autonomie, intéressant, mais qui n’avance pas», a confié à l’hebdomadaire panafricain, Jeune Afrique, l’actuel locataire de l’Elysée avant de s’envoler pour sa première tournée en Afrique, au mois d’octobre 2012. Quelle lecture possible pour ce type de déclaration’.
La position donne l’impression d’être moins tranchée que celle adoptée par son prédécesseur, mais elle demeure encore assez ambiguë pour en conclure que le gouvernement socialiste s’en soit démarqué.
Camper sur cette position revient en quelque sorte à mettre des bâtons dans les roues à l’envoyé spécial de l’Organisation des Nations unies pour le Sahara occidental qui a entamé une «navette diplomatique» par Moscou et qui doit le mener successivement en France, en Espagne, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Suisse pour tenter de sortir de l’impasse le conflit du Sahara occidental.
C’est l’avis du président de la Coordination européenne pour la solidarité avec le peuple sahraoui (Eucoco) pour qui la France aura une «responsabilité éminente» dans la réussite de cette tournée. «Il ne faudrait pas que la France, puissance au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, mette, une fois de plus, son veto ou mette des obstacles à Christopher Ross» a déclaré Pierre Galand, en marge de la conférence internationale sur le Sahara occidental.
En «refusant d’appliquer les résolutions internationales pour le droit à l’autodétermination, le Maroc se comporte en puissance coloniale, et fait obstacle à la paix et à la stabilité dans la région du Maghreb». a souligné le Sénateur belge. En d’autres termes, le soutenir dans le conflit qui l’oppose au Front Polisario revient à cautionner son usage de la force, de la pratique de la torture et des procès inéquitables dénoncés par les organisations internationales de défense des droits de l’homme (Centre Robert-Kennedy, Human Rights Watch…).
L’EXPRESSION, 4/2/2013

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