La Drogue et les stupéfiants au Maghreb; l’autre Terrorisme galopant!

La région du Maghreb, le Sahel et l’Europe du sud sont affectés par le trafic et la contrebande de cannabis depuis des années. A titre d’exemple, en Algérie avant l’avènement du terrorisme en 1992, il était très rare si non impossible d’entendre que quelqu’un fumé du cannabis, et s’il le fait c’est en cachette dû à la prohibition même à très petite quantité de fumer. Maintenant même si la loi n’a pas changée, les consommateurs sont plus nombreux en témoignage; les quantités astronomique que les services concernés confisquent à chaque fois aux frontières surtout ouest du pays, même constat sur les quantités saisies par les pays du sud de l’Europe. Tout le monde s’accorde à dire que ce cannabis est essentiellement produit au Maroc, à juste tire appelé Royaume du Cannabis!
Mais, Comment le Maroc est devenu le royaume du cannabis?
Le Maroc est, selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC : United Nations Office on Drugs and Crime), le premier producteur et exportateur de haschich au monde. Il recèle aussi probablement, et assez logiquement, parmi les plus importantes superficies mondiales de cannabis. La récolte marocaine de cannabis aurait été faite, selon l’UNODC, sur 134 000 hectares en 2003 , c’est-à-dire sur 1,48 % des terres cultivables du pays. Quelque 3 070 tonnes de haschich auraient été produites cette année là à partir de la récolte de cannabis. Certes, depuis, les cultures de cannabis ont baissé : 72 500 hectares en 2005 (1 066 tonnes de haschich), après éradication de 15 160 hectares par les autorités marocaines. Quoi qu’il en soit, le cannabis occupe toujours de vastes superficies, signalons qu’aucun conflit armé ne peut remetre en question le contrôle politico-territorial de la monarchie chérifienne et ne permet donc d’expliquer que de telles superficies y soient consacrées à une production agricole illicite.
Le Maroc a vu la culture du cannabis et la production de haschich se développer au cours des dernières décennies malgré leur illégalité et le fait que le pays soit signataire des diverses conventions des Nations unies sur les stupéfiants et les substances psychotropes (1961, 1971, 1988) et de la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée. Etant illégales, les cultures marocaines de cannabis se limitent toutefois plus ou moins, en fonction des extensions ou des contractions qu’elles connaissent au gré des années, à la région septentrionale et montagneuse du Rif qui borde la Méditerranée depuis Tanger, à l’ouest, jusqu’à l’oued Moulouya, à l’est.
Pour comprendre le contexte actuel de la culture du cannabis et de la production de haschich au Maroc, il importe de revenir sur l’histoire complexe de la région du Rif et la façon dont elle est devenue l’aire de production exclusive du pays. La plante aurait fait son apparition au Maghreb au VIIe siècle de notre ère lors des invasions arabes avant que sa culture ne s’implante autour de Ketama, dans le pays sanhaja, au cœur du Rif, au XVe siècle. Ce n’est que bien plus tard, au XIXe siècle, que le sultan Moulay Hassan 1er (1873-1894) autorise officiellement la culture du cannabis pour la consommation locale dans cinq douars, ou villages, des tribus des Ketama, des Beni Seddate et des Beni Khaled, vraisemblablement pour contribuer à la pacification de la région.
En effet, plusieurs révoltes (de 1863 à 1898) des Rifains contre les présences française, anglaise et espagnole, provoquent les expéditions punitives (cinq entre 1864 et 1900) d’un sultan soumis aux puissances étrangères. C’est ce qui conduit Moulay Hassan 1er à écrire en 1893 : « Il arrivera forcément que nos tribus lésées se retourneront contre notre Maghzen… pour prendre elles-mêmes en main leur propre cause ». De fait, en 1880 une contestation tribale (siba) pousse une ambassade rifaine à demander à Madrid la mise sous tutelle espagnole du Rif alors que les Rifains avaient jusque-là contribué, des siècles durant, à contenir les Espagnols dans leurs présides de Ceuta et de Melilla. Une guerre hispano-rifaine éclate toutefois en 1909 à la suite de la révolte du peuple rifain contre les notables pro-Espagnols, mais elle n’empêche pas la signature du Protectorat franco-espagnol sur le Maroc en mars 1912.
Après la division de l’Empire marocain en deux protectorats par la France et l’Espagne, cette dernière, dont le Protectorat englobe le Rif, autorise la culture du cannabis à quelques tribus : le contrôle des Rifains, dont « la faculté de résistance à toute influence extérieure est immense », impliquant en effet certaines concessions (Daoud, 1999 : 27). Après la période mouvementée de la Première Guerre mondiale, l’Espagne, qui n’a alors toujours pas placé sous administration directe le territoire qui lui a été concédé par le Traité d’Algésiras (7 avril 1906), et qui n’a donc pas honoré les engagements de réforme et de modernisation auxquels elle était tenue, décide enfin de conquérir le Rif en affrontant les tribus rifaines, déjà mobilisées pour résister à l’offensive.
En 1920, Mohammed ben Abdelkrim el Khattabi, l’Emir du Rif, ce « Vercingétorix berbère »3, unifie les tribus berbères du Rif dans leur résistance à la domination espagnole et obtient une victoire écrasante à Anoual en juillet 1921. Le 1er février 1923, Abdelkrim instaure la République du Rif afin de donner à son armée un Etat fort apte à moderniser le Rif. Mais il vise aussi, bien sûr, l’indépendance, et la France prend vite la mesure de l’exemplarité de la lutte rifaine, tant dans le sud du Maroc, qu’en Algérie et en Tunisie, et s’en inquiète.
En 1924, face aux défaites répétées des Espagnols, à leur débâcle même, le Résident général français, le maréchal Hubert Lyautey, met le président Raymond Poincaré en garde contre l’apparition sur le front nord du Protectorat d’une sérieuse contestation indépendantiste, quelques mois seulement avant qu’Abdelkrim ne prenne possession de Chefchaouen et n’en fasse la capitale de sa République du Rif. En août 1925, la deuxième guerre du Rif est lancée par une armée française forte de 100 000 hommes, suppléés par 400 000 Marocains, fournis par le sultan Moulay Youssef qui avait demandé à Pétain de « débarrasser le Maroc de ce rebelle » d’Abdelkrim, et par une armée espagnole de 100 000 hommes. Lyautey cède dès lors tous ses pouvoirs militaires au maréchal Philippe Pétain qui mène campagne avec le général Miguel Primo de Rivera, alors au pouvoir à Madrid. L’exceptionnelle résistance des Rifains, forts de 30 000 à 100 000 hommes, stabilisera le front durant l’hiver et forcera Pétain à battre en retraite, mais ne permettra pas d’éviter la reddition d’Abdelkrim en mai 1926.
Ainsi, par amour à ses compagnons et sa région; Abdelkrim aura réussi, lors des quelques années d
’existence de sa république, à interdire la culture et la consommation du cannabis, pratiques selon lui contraires aux principes de l’Islam. Il reste à ce jour le seul à avoir réussi à imposer pareille interdiction mais, certes, seulement pour quelques années.
A l’indépendance du royaume en 1956, l’interdiction devait être maintenue. Mais, le gouvernement marocain décida d’autoriser la culture de la plante dans un périmètre restreint, situé exclusivement autour du village d’Azilal, au pied du mont Tiddighine. La paupérisation du Rif et la rébellion des tribus berbères qui contestaient la légitimité de la monarchie amenèrent le gouvernement marocain à tolérer la culture de cannabis, acceptant l’idée d’une économie informelle permettant aux habitants du Rif de s’autosuffire. juszqu’à maintenant! Hélas! sur les comptes des voisins.
La question qui reste posée c’est jusqu’à quand l’hypocrisie du » je ferme l’oeil »?
INTELLIGENCE INFO, 30/12/2012

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