Intox et désinformation franco-marocaine à propos du Sahel

Le MNLA dément la présence de djihadistes sahraouis au Mali
Les indépendantistes touaregs refont parler d’eux. Après de longs mois de silence, et tandis que les affidés du Mujao et d’Aqmi faisaient la loi au Nord Mali, à coup de châtiments corporels et d’exécutions sommaires, voilà que le MNLA refait surface. Cette sortie médiatique coïncide avec les bruits de bottes qui se font de plus en plus précis et menaçant. Pour ces touaregs «laïcs», il s’agit de se démarquer d’une position française de plus en plus incommodante. 
Ainsi, la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a démenti «formellement» hier un afflux de djihadistes soudanais et sahraouis dans le nord du Mali, y voyant une «intoxication» destinée à décourager une intervention armée internationale.
«L’arrivée de convois de combattants jihadistes du Soudan et du Sahara occidental est une information archi-fausse. Nous démentons formellement», a déclaré Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, l’un des responsables du MNLA vivant à Ouagadougou. Ce dernier met en porte à faux les médias à la solde des Français et des Marocains qui tentent de diaboliser les habitants de cette région, et d’impliquer coute que coute les Sahraouis dans un conflit qui ne les concernent pas.
Des témoignages, confirmés de source sécuritaire malienne, précise l’agence de presse «officielle» AFP, ont fait état de l’arrivée ce week-end de «centaines» de djihadistes venus du Soudan et du Sahara occidental et prêts à se battre au côté des groupes islamistes occupant le nord du Mali depuis près de sept mois, en cas d’intervention armée internationale.
Il s’agit d’une «intoxication pour intimider les armées internationales qui veulent intervenir dans le nord du Mali», a poursuivi Ibrahim Ag Mohamed Assaleh.
«Nous reconnaissons qu’il y a depuis longtemps quelques Soudanais dans les forces du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest, l’un des groupes islamistes du nord), dont l’un est au commissariat de Gao (l’une des grandes villes de la région) pour l’application de la charia», a-t-il seulement admis. Le MNLA, qui a lancé une offensive armée dans le nord du Mali en janvier, s’est ensuite allié aux différents groupes islamistes armés pour prendre les principales villes du nord, avant d’en être évincé par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et ses alliés. Ces informations sur l’arrivée de renforts djihadistes sont intervenues après une réunion internationale vendredi à Bamako qui a demandé au Mali de redoubler d’efforts pour faciliter l’envoi d’une force armée ouest-africaine pour reconquérir le nord, avec l’aval de l’ONU et le soutien logistique de pays comme la France et les Etats-Unis.
Une source sécuritaire malienne a donc confirmé hier à l’AFP à Bamako «l’arrivée de nouveaux terroristes dans le nord du Mali», mais a jugé «exagéré» le chiffre de «plusieurs centaines». Un député de la région de Gao, Abdou Sidibé, a estimé de son côté le nombre de nouveaux venus à «beaucoup plus» qu’«une centaine de djihadistes».
«Les djihadistes ont ouvert ces derniers jours une nouvelle base dans la région de Gao, dans une zone qui a une frontière avec le Burkina Faso. A Gao, c’est désormais le trop-plein. Les renforts des islamistes se sont installés là où ils n’étaient pas à l’époque, par exemple au gouvernorat de la ville, à la mairie et à l’entrée est de la ville, avec du matériel de guerre», a-t-il raconté.
Quel crédit accordé aux propos de ce député, dont le seul souci est de «libérer» le Nord du Mali des groupes islamistes, peu importe les moyens, y compris l’intoxication et la désinformation ? Faute de recoupement de l’information, les probabilités d’un afflux massif de terroristes soudanais et sahraouis reste peu probable.
A Paris, le Quai d’Orsay feint ne pas accorder trop d’importance à ces informations. Lors d’un point de presse hier, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Vincent Floreani, a déclaré que «si l’information concernant l’arrivée d’une centaine de djihadistes (…) était confirmée, ce serait une source de préoccupation supplémentaire». Ce qui est dit en langage diplomatique sous entend le redoublement d’effort militaire et logistique pour réussir l’opération militaire au nord Mali que la France appelle de ses vœux.

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