La reconnaissance du Sahara Occidental est la dernière étape d'un « processus lent » de façonnage d'un espace euro-africain. Pour la France, le Maroc n'est plus seulement un partenaire ; il est le point pivot essentiel pour maintenir une « zone de priorité stratégique » s'étendant de l'Atlantique à la mer Rouge, garantissant la persistance de l'influence française alors même que sa présence militaire directe au Sahel s'efface.
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Un article du site Progressive International soutient que la reconnaissance par le président français Emmanuel Macron, en 2024, de la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental n’est pas un geste diplomatique isolé, mais une manœuvre calculée pour relancer le projet « Eurafrique » — une stratégie vieille de plusieurs décennies visant à maintenir la domination européenne sur les ressources et la géopolitique africaines.
L’auteur inscrit la décision de Macron dans le contexte historique du projet Eurafrique de l’après-Seconde Guerre mondiale. Développé dans les années 1950, ce plan envisageait l’Afrique comme un « complément » de l’Europe, fournissant les matières premières, l’énergie et les terres nécessaires pour que l’Europe reste une puissance mondiale capable de rivaliser avec les États-Unis et l’URSS.
L’article souligne que l’Eurafrique est un « travail en cours » mené par des « techniciens et des ingénieurs » qui privilégient la géographie et la stabilité stratégique à long terme plutôt que l’opinion publique immédiate.
Ayant été « expulsée » du Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso), la France utilise le Maroc comme une « porte dérobée » pour revenir et influencer la région.
Le Maroc comme porte d’entrée du Sahel
Le basculement de la France vers Rabat est décrit comme une « réorganisation intelligente » de son influence.
La stratégie « Laissez faire Mohammed VI » : Établissant un parallèle avec la politique américaine envers l’Iran (l’approche « Laissez faire Bibi »), l’auteur suggère que la France sous-traite ses intérêts régionaux au Maroc.
Après la chute de Mouammar Kadhafi — qui utilisait la manne pétrolière libyenne pour contester l’influence française — le Maroc a tenté de prendre la tête de la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD). Avec le soutien de la France, le Maroc agit comme un intermédiaire (proxy) pour sécuriser les intérêts sahéliens.
Le Maroc attire les pays enclavés du Sahel (comme le Mali) avec la promesse d’un accès à l’océan Atlantique via le territoire du Sahara Occidental, ancrant davantage ces nations dans l’axe franco-marocain.
3. Concurrence géopolitique et menaces existentielles
L’article note que l’urgence de ce pivot est alimentée par le déclin du statut mondial de l’Europe.
Citant Mario Draghi, l’auteur note que l’UE fait face à une « mort lente » ou à une menace existentielle si elle ne parvient pas à rivaliser avec les États-Unis, la Chine et le bloc des BRICS+.
L’alliance du Maroc avec Israël est soulignée comme une couche de renforcement de cette stratégie, créant un bloc régional puissant qui s’aligne sur la géostratégie occidentale.
4. La « bataille des idées » et le leadership africain
Le résumé se conclut par une critique des dirigeants africains basée sur les philosophies de Malek Bennabi et d’Achille Mbembe.
L’auteur soutient que si les nations africaines ont acquis leur indépendance politique, elles n’ont pas encore gagné la « bataille des idées ».
Le manque de vision stratégique à long terme des dirigeants africains permet aux puissances étrangères de continuer à utiliser le continent comme un « laboratoire d’une mondialisation impitoyable ».
Le colonialisme est décrit comme une force flexible qui adapte ses tactiques psychologiques et idéologiques pour maintenir le contrôle via des élites « corruptibles ».
Conclusion
La reconnaissance du Sahara Occidental est la dernière étape d’un « processus lent » de façonnage d’un espace euro-africain. Pour la France, le Maroc n’est plus seulement un partenaire ; il est le point pivot essentiel pour maintenir une « zone de priorité stratégique » s’étendant de l’Atlantique à la mer Rouge, garantissant la persistance de l’influence française alors même que sa présence militaire directe au Sahel s’efface.
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