Ahmed Attaf a énuméré les crimes du colonialisme français en Algérie : les massacres de l'invasion depuis 1830 (Zaâtcha 1849, Laghouat 1852, Kabylie 1857), la politique de la terre brûlée, le pillage, le régime raciste (Code de l'indigénat 1881-1945), les massacres du 8 mai 1945, les exterminations durant la révolution 1954-1962 (2-3 millions de déplacés, un tiers de la population), et les expériences nucléaires dans le Sahara qui détruisent encore l'environnement et l'homme.
Tags : Algérie, Afrique, criminaliser le colonialisme, Ahmed Attaf, conférence internationale sur « La justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine »,
Dans un discours historique prononcé aujourd’hui par Ahmed Attaf, ministre des Affaires étrangères algérien, à l’ouverture d’une conférence internationale sur « La justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine », l’Algérie a réaffirmé son engagement ferme à faire valoir les droits historiques du continent noir. La conférence, parrainée par le président Abdelmadjid Tebboune en coordination avec l’Union africaine, se concentre sur « la criminalisation du colonialisme en Afrique » et constitue une initiative algérienne ayant obtenu un consensus africain lors du dernier sommet de l’Union.
Attaf a souhaité la bienvenue aux invités en déclarant : « Bienvenue sur la terre d’Algérie. Soyez les bienvenus et que votre séjour soit agréable parmi vos frères algériens qui vous accueillent chaleureusement et apprécient votre empressement à participer à cette rencontre importante. » Il les a salués au nom du président Tebboune, soulignant que l’initiative était d’origine algérienne et visait à approfondir la question de la criminalisation du colonialisme en tant que crime imprescriptible.
Attaf s’est inspiré de l’enseignement du martyr Didouche Mourad, l’un des déclencheurs de la révolution de Novembre : « Si nous tombons sur le champ de bataille, la défense de notre mémoire est une responsabilité qui vous incombe. » Il a affirmé que cette rencontre n’était pas une lamentation sur le passé ou un attisement des rancœurs, mais bien une revendication des droits et l’appellation des choses par leur nom. « Notre continent a réalisé que traiter les séquelles du colonialisme est une nécessité impérative pour construire un avenir auquel aspirent les fils et les filles de l’Afrique dans la dignité et la justice », a-t-il déclaré.
Attaf a décrit le colonialisme comme « une régression majeure dans la marche de la civilisation humaine », ayant extrait les nations africaines de l’histoire de l’humanité, arrêté la construction d’États-nations, et constitué un pillage et un rapt regroupant les crimes d’agression, de génocide et de guerre. Il a souligné que la lutte africaine se poursuivrait tant que persisteraient les tentatives d’effacement de l’histoire et de falsification des faits, exigeant une reconnaissance explicite des crimes coloniaux et leur criminalisation en tant que crime international qui ne saurait être oublié.
Attaf a donné des exemples édifiants tirés de la mémoire collective africaine, qui « n’oublie pas et refuse l’oubli » : l’extermination de la moitié de la population du Congo, la répression du peuple Bamiléké au Cameroun par l’incendie de villages, la décapitation et des expériences aux gaz toxiques, l’extermination des Herero et Nama en Namibie, et les répressions en Angola, au Mozambique et à Madagascar. Il a indiqué comment « l’âge des Lumières » en Europe avait plongé l’Afrique dans les ténèbres, l’excluant des révolutions mondiales.
Attaf s’est concentré sur l’expérience algérienne comme un modèle rare de colonialisme de peuplement français, ayant duré 132 ans – le plus long et le plus violent de l’histoire moderne – et ayant voulu annexer l’Algérie à la France, substituer un peuple à un autre, et effacer totalement l’identité algérienne. Il a énuméré ses crimes : les massacres de l’invasion depuis 1830 (Zaâtcha 1849, Laghouat 1852, Kabylie 1857), la politique de la terre brûlée, le pillage, le régime raciste (Code de l’indigénat 1881-1945), les massacres du 8 mai 1945, les exterminations durant la révolution 1954-1962 (2-3 millions de déplacés, un tiers de la population), et les expériences nucléaires dans le Sahara qui détruisent encore l’environnement et l’homme.
Partant de ce constat, Attaf a soutenu les objectifs de l’Union africaine : la reconnaissance officielle des crimes comme première étape du traitement des séquelles, la criminalisation juridique internationale du colonialisme au même titre que l’esclavage et le racisme – citant Frantz Fanon : « Le colonialisme est la violence à l’état de nature » –, et l’exigence d’une réparation juste et de la restitution des biens pillés, car c’est un « droit légitime, pas une aumône ». « La justice ne s’accomplit pas par des discours creux », a-t-il ajouté.
Attaf a appelé à une décolonisation définitive, exprimant sa solidarité avec le Sahara occidental – « la dernière colonie en Afrique » – pour son droit à l’autodétermination, et avec la Palestine à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem, rappelant les mots de Nelson Mandela : « Notre liberté en tant qu’Africains est incomplète sans la liberté de la Palestine. » Il a décrit cette rencontre comme « une responsabilité qui nous incombe », une responsabilité transmise par des leaders comme l’Emir Abdelkader, Mandela, Lumumba, Nkrumah et Nyerere.
Attaf a conclu par un appel puissant : « Soyons dignes de cette responsabilité, et dignes des sacrifices de nos ancêtres. Écrivons un nouveau chapitre qui rende justice à notre histoire et honore notre avenir. » Ce discours est perçu comme une étape audacieuse vers un « manifeste africain » qui reformule l’histoire et impose la justice, dans un contexte d’attente internationale quant à son impact sur les politiques internationales.
#Algérie #Colonialisme #ConférencedAlger #UnionAfricaine #crimescoloniaux #réparation