Latifa Choukri a décrit cette attaque, ensuite liée à l’affaire « Chris Coleman », comme un « choc », tant par son ampleur que par la nature des informations divulguées en une seule fois. Elle a visé des institutions étatiques et a conduit à la fuite de données sensibles concernant de hauts responsables du Maroc.
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Dans une déclaration exclusive à la chaîne MCG24, l’experte en cybersécurité Latifa Choukri a révélé des informations marquantes sur la grande cyberattaque qui a ciblé le Maroc en 2014, qu’elle a qualifiée de « véritable tournant » dans le processus de prise de conscience numérique nationale.
Latifa Choukri a décrit cette attaque, ensuite liée à l’affaire « Chris Coleman », comme un « choc », tant par son ampleur que par la nature des informations divulguées en une seule fois. Elle a visé des institutions étatiques et a conduit à la fuite de données sensibles concernant de hauts responsables, diffusées via un compte anonyme sur la plateforme Twitter, dans une opération qu’elle a qualifiée de « méthodique et précise ».
Elle a souligné que les experts en cybersécurité, elle y compris, n’ont jamais cru que cette attaque était l’œuvre de simples individus, mais qu’il est très probable qu’une entité officielle, voire un État, en soit à l’origine. Elle appuie cette thèse sur les conclusions d’un rapport détaillé de 65 pages publié par le programme de protection russe Kaspersky en février 2014, lequel confirmait que le Maroc subissait des intrusions silencieuses depuis sept ans sans qu’elles ne soient détectées.
Dans son entretien avec MCG24, Latifa Choukri a insisté sur le fait que ce qui apparaît au public en matière de fuites ne représente que « la partie émergée de l’iceberg », tandis que 90 % des opérations de piratage restent invisibles et sont exploitées discrètement par certaines parties. « Les intrusions silencieuses constituent le véritable danger », affirme l’experte.
Bien que la version officielle en 2014, reprise en 2025, ait évoqué une attaque provenant du « voisin », Choukri souligne que « le cyberespace ne reconnaît ni frontières ni nationalités », précisant que l’identification d’une adresse IP ou de l’identité d’un hacker ne constitue pas une preuve suffisante quant à l’entité réellement responsable de l’attaque.
En comparaison avec la cyberattaque qu’a connue le Maroc en 2025, visant des institutions telles que le ministère de l’Emploi et la Caisse nationale de sécurité sociale, l’experte a relativisé l’importance de cette dernière, la qualifiant de « goutte d’eau dans l’océan ».
Elle a également expliqué, dans sa déclaration à MCG24, que le magazine Jeune Afrique ainsi que plusieurs médias marocains ont révélé que Kaspersky avait déjà alerté sur des indicateurs de cette attaque plusieurs mois avant qu’elle ne se produise, ce qu’elle considère comme un signe que certaines attaques passent sous le radar pendant de longues périodes avant que leurs effets ne deviennent visibles.
Latifa Choukri a par ailleurs mis en garde contre deux principaux types de virus : le premier vise les utilisateurs ordinaires et peut être traité par des mises à jour logicielles ; le second, voire le troisième, est le plus dangereux, car il est conçu par des entités spécialisées et difficile à détecter. Parmi les exemples les plus notables figure le virus « The Mask », qui a attaqué le Maroc en 2015 et relevait du type « zero-day exploit ». Selon elle, il aurait été vendu par une société appelée Vupen à l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA), avant d’être identifié par Kaspersky.
En conclusion de son intervention sur la chaîne MCG24, Latifa Choukri a souligné que le véritable enjeu aujourd’hui réside dans la construction d’un système marocain de défense cybernétique solide, capable à la fois de faire face aux menaces et de les anticiper, car ce qui est infiltré dans l’ombre est bien plus dangereux que ce qui est révélé au grand jour.