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EAU : Le fonds souverain des Mubadala Investment victime d’une arnaque impliquant des marocains

mubadala investment co

Représenté par le cabinet britannique Freshfields LLP, assisté au Maroc par Bennani & Associés, Mubadala n’exclut pas d’élargir ses poursuites à d’autres protagonistes de l’opération. Pour l’heure, les audiences concernant Amine Rezzouk ont toutes été reportées, celui-ci ne s’étant toujours pas présenté devant la justice marocaine, malgré sa double nationalité marocaine et britannique.

Selon Africa Intelligence, au cœur d’un contentieux financier majeur opposant le fonds souverain des Émirats arabes unis Mubadala à la plateforme panafricaine d’investissements pharmaceutiques Kelix Bio, le nom d’Amine Rezzouk s’impose comme une figure centrale. Homme d’affaires maroco-britannique installé au Royaume-Uni, ce quadragénaire est aujourd’hui poursuivi par la justice marocaine pour escroquerie présumée, dans une affaire qui mêle valorisation contestée, réseaux d’influence et montages financiers opaques.

L’affaire remonte à 2024, lorsque Mubadala Investment Co, présidé par Mansour bin Zayed Al Nahyan — vice-président des Émirats arabes unis et frère du chef de l’État Mohammed bin Zayed — rachète Kelix Bio pour environ 500 millions de dollars. Présentée comme la plus importante opération de fusion-acquisition du secteur pharmaceutique en Afrique, la transaction est rapidement remise en cause par le fonds émirien, qui estime avoir été trompé sur la valeur réelle d’une filiale clé : la société marocaine Pharmaceutical Institute, spécialisée dans les médicaments génériques.

Selon Mubadala, la valeur de cette filiale aurait été artificiellement gonflée lors de son rachat par Kelix Bio en 2022. Acquise pour 1,2 milliard de dirhams (environ 131 millions de dollars), Pharmaceutical Institute aurait en réalité valu moins de la moitié de ce montant, d’après un audit réalisé a posteriori par le fonds émirien, qui la valorise à 500 millions de dirhams (55 millions de dollars). Kelix Bio conteste cette analyse, affirmant s’être appuyée sur un audit préalable du cabinet britannique EY, qui estimait l’Ebitda à près de 10 millions de dollars, justifiant selon elle une valorisation élevée.

Amine Rezzouk apparaît comme un acteur clé de ces opérations

Fondateur du cabinet de conseil financier Sijilmasa, basé au Royaume-Uni, il est intervenu comme conseiller financier lors du rachat de Pharmaceutical Institute par Kelix Bio, puis lors de la cession de Kelix Bio à Mubadala. Pour ce dernier rôle, il aurait perçu des honoraires s’élevant à plus de 27 millions de dirhams (environ 3 millions de dollars).

Les négociations ont impliqué des cabinets juridiques de premier plan, dont Naciri & Associés A&O Shearman, dirigé par Hicham Naciri, avocat du roi Mohammed VI. Ce dernier a toutefois précisé que son cabinet s’était limité strictement aux aspects juridiques de la transaction, sans intervenir sur la valorisation financière.

L’affaire prend une tournure pénale à partir de 2025. À la suite d’une plainte de Mubadala, le tribunal correctionnel de Rabat condamne en novembre Arnaud Savary, directeur général de Pharmaceutical Institute et proche d’Amine Rezzouk, ainsi que Zakaria Deflaoui, consultant externe chargé de la gestion financière. Les deux hommes sont reconnus coupables de détournement de fonds et de falsification de documents comptables et bancaires, et écopent de trois ans de prison ferme assortis de dommages et intérêts.

Un second volet judiciaire vise directement Amine Rezzouk. Mubadala l’accuse notamment de simulation de contrats inexistants et de facturation fictive, s’interrogeant sur son rôle précis dans la construction de la valorisation litigieuse. Son frère, Ismail Rezzouk, fondateur des sociétés de conseil Eco-Strad et Eco-Strad Pharma au Maroc, est également mis en cause pour des transactions jugées fictives entre ces entités et Pharmaceutical Institute, pour un montant estimé à 10 millions de dirhams.

Représenté par le cabinet britannique Freshfields LLP, assisté au Maroc par Bennani & Associés, Mubadala n’exclut pas d’élargir ses poursuites à d’autres protagonistes de l’opération. Pour l’heure, les audiences concernant Amine Rezzouk ont toutes été reportées, celui-ci ne s’étant toujours pas présenté devant la justice marocaine, malgré sa double nationalité marocaine et britannique.

Cette affaire met en lumière les zones grises de certaines grandes opérations transnationales, à la croisée des intérêts financiers, des réseaux d’influence et des défaillances de contrôle, et constitue un test judiciaire sensible pour les relations économiques entre le Maroc, les Émirats arabes unis et les investisseurs internationaux.

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