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Algérie : La mémoire française en faillite

ahmed zabana

C’est à Oran qu’est né Ahmed Zabana, premier combattant de la liberté guillotiné par la France coloniale le 19 juin 1956, symbole de la répression coloniale et du courage révolutionnaire


Par Salah Lakoues

De l’attaque de la poste en 1949 aux nostalgiques de l’Algérie française aujourd’hui. Oran n’est pas un souvenir infime ni un décor nostalgique pour élus en mal de roman national. Oran est une ville révolutionnaire, un point de bascule de l’histoire algérienne contemporaine.

C’est à Oran qu’à ce lieu, en 1949, l’attaque de la poste, acte clandestin fondateur dont les fonds serviront directement à préparer le 1er Novembre 1954, déclenchement de la Révolution algérienne. C’est à Oran qu’est né Ahmed Zabana, premier combattant de la liberté guillotiné par la France coloniale le 19 juin 1956, symbole de la répression coloniale et du courage révolutionnaire. Et puis vint 1962. Oran, en plein Ramadhan, voyait les familles se rassembler autour des étals de zlabia à Mdina Jdida. C’est là que l’OAS mena sa campagne de terreur systématique, visant les quartiers populaires comme Ville-Nouvelle. Des bombes explosèrent au cœur des rues, fauchant plus de deux cents vies innocentes — femmes, enfants, travailleurs — dans un carnage planifié. Ce massacre n’était pas un accident ; il reflétait une stratégie délibérée de destruction, punissant une ville acquise à l’indépendance. Et pourtant, le sang versé reste largement ignoré, relégué aux marges de l’histoire officielle, comme si la mémoire de ses victimes pouvait être effacée.

COLONISATION : EXPLOITATION ET MYTHE DES “BIENFAITS”

Les discours nostalgiques de Robert Menard, Louis Aliot ou d’autres figures de la droite identitaire présentent la colonisation comme une entreprise de modernisation regrettable.

OR, LES FAITS SONT CLAIRS :

– 3 millions d’hectares de terres accaparés par 30 000 colons, Le Code de l’indigénat, corvées et amendes arbitraires.

– Hôpitaux (Mustapha, 1859) et université d’Alger (1909) réservés aux Européens.

– Analphabétisme de 90 % chez les Algériens en 1962.

– Les infrastructures, routes, ports et barrages, ne profitèrent qu’à une minorité. Les archives confirment une colonisation exploitative et ségrégative, jamais civilisatrice.

BENJAMIN STORA : L’ALERTE SUR LES HÉRITIERS IDÉOLOGIQUES

L’historien Benjamin Stora a alerté sur la persistance, dans la droite française et l’administration, de descendants ou héritiers idéologiques de l’Algérie française, certains liés par l’histoire familiale à l’OAS. Il cite nommément : Robert Menard, maire de Béziers, né à Oran, revendiquant sa nostalgie, Louis Aliot, maire de Perpignan, figure du RN.

Philippe et Michèle Tabarot, famille pied-noir influente au gouvernement.

Selon Stora, ces responsables partagent une mémoire commune et une vision idéalisée de la colonisation, tout en absorbant l’héritage gaulliste.

Dans ce contexte, la trajectoire de Menard illustre une mémoire familiale jamais interrogée : son père, Émile Menard, fut membre actif de l’OAS, et un membre proche de sa famille participa aux opérations aériennes de l’organisation pour le général Salan.

ORAN : MÉMOIRE CONTRE NOSTALGIE

Oran est bien plus qu’un décor : 1949, fondé pour la Révolution, 1954, début officiel de l’insurrection, 1956, guillotine d’Ahmed Zahana, 1962, massacre des civils par l’OAS.

Cette ville rappelle que l’indépendance n’a pas été un accident, mais le fruit d’une lutte collective et populaire.
L’Algérie indépendante, malgré les obstacles, a reconstruit ce que 132 ans de colonisation avaient volontairement limité : écoles, universités, logements, souveraineté économique et émancipation des femmes. Les visiteurs pieds-noirs actuels témoignent d’une Algérie souveraine et dynamique, loin des fantasmes colonialistes.

CONCLUSION : IL FAUT CHOISIR LA FRANCE DOIT CHOISIR :

Rompre clairement avec l’héritage de l’OAS et ses prolongements idéologiques.

On ne peut assumer un révisionnisme colonial incompatible avec toute réconciliation sincère.

Ce n’est ni de la repentance ni de la culpabilisation, mais de la lucidité politique et historique.

Oran n’a pas oublié. L’Algérie non plus. Et l’histoire, tôt ou tard, rattrape ceux qui croient pouvoir la falsifier.

Source : Le Maghreb, 22/12/2025

#Algérie #France #Mémoire #Colonisation #CrimesColoniaux

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