Les obstacles techniques et juridiques à la modernisation des F-16 mettent en évidence la vulnérabilité structurelle de l’armée d’occupation : sans fournisseurs étrangers, ses ambitions militaires resteraient clouées au sol.
Tags : Maroc, Etats-Unis, chasseurs F-16, Sahara Occidental,
La nouvelle est parue d’abord dans Africa Intelligence : les très attendus F-16 Block 70/72 que le Maroc a achetés aux États-Unis n’ont toujours pas de date de livraison. Et ce n’est pas tout : Washington a informé Rabat d’une nouvelle augmentation du prix, malgré la signature du contrat en 2019. Pour un pays qui se targue d’une « alliance stratégique » avec les États-Unis, ce retard commence à devenir gênant, surtout lorsque le Maroc l’utilise médiatiquement pour projeter une image de puissance militaire en pleine occupation du Sahara occidental.
Selon les informations avancées par Africa Intelligence, la haute hiérarchie militaire marocaine a découvert lors d’une visite à Washington que la livraison était repoussée sans horizon clair. La surprise fut telle que le général Mohamed Gadih lui-même, accompagné d’autres commandants des Forces armées royales, a demandé des explications urgentes. La réponse fut encore plus inquiétante : la facture augmente une nouvelle fois en raison de la hausse des coûts de production et du manque de pièces critiques. Pour éteindre l’incendie, Lockheed Martin a dépêché à Rabat de hauts responsables de sa division des missiles et systèmes aériens, promettant « d’accélérer » un processus qui accumule déjà plus de cinq ans d’incertitudes.
Le problème n’est pas seulement technique. L’industrie militaire américaine est soumise à une pression inédite en raison de la prolifération des conflits dans le monde, ce qui affecte sa capacité à prioriser ses contrats. Et le Maroc n’est pas exactement en tête de ces priorités, même si Washington l’utilise comme partenaire dans sa stratégie de containment régional. Cela explique la nervosité croissante à Rabat et la tentative de Lockheed Martin d’éviter une dégradation politique de la relation, estimée à environ 3,8 milliards de dollars.
Pendant ce temps, le temps passe et d’autres acteurs profitent du vide. Africa Intelligence souligne que le consortium sino-pakistanais qui fabrique le JF-17 Thunder tente de s’imposer comme alternative moins coûteuse au F-16. Le Pakistan essaie depuis des années de promouvoir cet appareil, sans parvenir à démontrer des performances comparables à celles du modèle américain. Malgré cela, la simple existence d’un concurrent accroît l’inquiétude à Rabat, qui craint que la paralysie américaine n’affaiblisse l’image de « supériorité aérienne » qu’il exploite tant dans le conflit avec le Front Polisario.
Pour le peuple sahraoui, la nouvelle révèle une réalité bien connue : la dépendance militaire du Maroc est totale et fragile. Lorsque ses parrains hésitent, tout son édifice de propagande vacille. Et bien que le régime continue d’acheter des armes à n’importe quel prix, les retards et les surcoûts montrent que ses prétendus alliés agissent d’abord en fonction de leurs propres intérêts plutôt que des souhaits de Rabat. Une preuve supplémentaire que l’occupation du Sahara occidental repose davantage sur l’inertie et des alliances changeantes que sur une force réelle capable d’imposer une « solution » durable.
Tensions entre le Maroc et les États-Unis : Rabat menace de remplacer ses F-16 américains par des Rafale français prêtés par les Émirats arabes unis
Selon la même source, le bras de fer entre le Maroc et les États-Unis se joue aussi sur le terrain militaire. Alors que Rabat cherche à moderniser sa flotte de chasseurs F-16 de fabrication américaine, l’armée marocaine a commencé à remettre ouvertement en question les coûts et les restrictions imposées par Washington à travers sa législation sur l’exportation d’armement. Le malaise est tel que les hauts responsables marocains agitent la possibilité de remplacer leurs appareils américains par des avions français Mirage et, à terme, même par des Rafale, grâce à des accords triangulaires avec les Émirats arabes unis et Paris.
Ce désaccord révèle une fissure dans la relation privilégiée entre le Maroc et son partenaire américain, dans un contexte marqué par la guerre au Sahara occidental et la dépendance du Maroc à un soutien extérieur pour maintenir sa machine militaire. Les obstacles techniques et juridiques à la modernisation des F-16 mettent en évidence la vulnérabilité structurelle de l’armée d’occupation : sans fournisseurs étrangers, ses ambitions militaires resteraient clouées au sol.
#Maroc #EtatsUnis #SaharaOccidental #F16