L’ancien président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embaló, a quitté Dakar dans la nuit du vendredi au samedi 29 novembre pour rejoindre Brazzaville, où il n’a passé que quelques heures. Selon des sources concordantes, il a ensuite décollé ce mercredi 3 décembre à 9 heures de l’aéroport Maya-Maya, à bord d’un vol spécial à destination de Rabat, au Maroc.
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Fernando Dias exige la publication des résultats électoraux
La candidature de Fernando Dias, qui revendique la victoire à l’élection présidentielle en Guinée-Bissau, a exigé aujourd’hui de la Commission nationale des élections (CNE) la convocation de la plénière de l’institution afin que les résultats électoraux soient proclamés « le plus rapidement possible ».
Dans un communiqué consulté par l’agence Lusa sur les réseaux sociaux, l’équipe de campagne de Fernando Dias da Costa a réagi à l’annonce faite mardi par la CNE, qui s’est déclarée indisponible pour poursuivre le processus électoral et publier les résultats des législatives et de la présidentielle du 23 novembre, en raison d’actes de vandalisme présumés contre ses installations.
Par la voix de son secrétaire exécutif adjoint, le juge Idriça Djaló, la CNE a annoncé, lors d’une conférence de presse, qu’elle est « dans l’impossibilité totale de poursuivre et de conclure le processus électoral », en raison des actes de vandalisme présumés visant ses locaux, ses équipements et la confiscation des procès-verbaux de dépouillement régional.
Selon Djaló, les actes en question auraient été commis par « des hommes armés et cagoulés » le 26 novembre, à la veille de l’annonce des résultats provisoires.
La candidature de Fernando Dias da Costa, actuellement exilée à l’ambassade du Nigeria à Bissau, condamne la « position illégale » du secrétariat exécutif de la CNE, qu’elle accuse « d’usurper les compétences » de la plénière, laquelle aurait dû, selon elle, être convoquée pour se prononcer sur le processus.
Ainsi, le candidat exige la convocation de la plénière de la CNE et la publication des résultats « le plus rapidement possible, afin que soit respectée la volonté populaire exprimée dans les urnes ».
Par ailleurs, il condamne « la tentative du secrétariat exécutif » de la CNE de « manipuler l’opinion publique » à travers des informations qu’il estime « contraires à la vérité », et accuse l’institution de collaborer avec le coup d’État, qu’il qualifie de mise en scène visant à empêcher l’aboutissement du processus électoral.
La Guinée-Bissau est suspendue de la CEDEAO, ainsi que d’une autre organisation régionale, l’Union africaine, à la suite du coup d’État du 26 novembre, lorsque un Haut Commandement militaire a pris le pouvoir, destitué le Président Umaro Sissoco Embaló — qui a quitté le pays — et suspendu le processus électoral.
Les élections générales, présidentielle et législatives, s’étaient déroulées sans incident le 23 novembre et, le lendemain, le candidat de l’opposition, soutenu par le parti historique PAIGC, exclu du scrutin, Fernando Dias, avait revendiqué une victoire au premier tour face au Président Embaló.
À la veille de la publication des résultats officiels, une fusillade à Bissau a précédé la prise du pouvoir par le Haut Commandement militaire, qui a nommé le Président de la transition, le général Horta Inta-A.
Le général a annoncé que la période de transition durerait au maximum un an et a nommé comme Premier ministre et ministre des Finances Ilídio Vieira Té, ancien ministre d’Embaló.
Nouveau gouvernement de transition
Samedi, un nouveau Gouvernement de transition a été investi, comprenant des membres de l’exécutif déchu et cinq militaires parmi les 23 ministres et cinq secrétaires d’État.
Lors du coup d’État, le leader du PAIGC, Simões Pereira, a été arrêté, et la prise de pouvoir par les militaires est dénoncée par l’opposition comme une manœuvre visant à empêcher la publication des résultats électoraux.
Il y a actuellement un coup d’État militaire en Guinée-Bissau. Cela se produit après une élection fortement contestée, que le président sortant Umaro Sissoco Embaló avait reportée et tenté de saper jusqu’au bout. C’est pourquoi le président et les personnes de son entourage étaient réticents à annoncer et à publier les résultats électoraux, puisque Fernando Dias da Costa était destiné à gagner.
On peut désormais se demander comment ils vont gérer cette « transition » et le possible retour d’Embaló. Ce sont des loyalistes et des commandants de l’armée qui ont été essentiels pour le président. Il est difficile de croire qu’ils le trahiraient et le mettraient de côté. Certains spéculent qu’ils pourraient le ramener comme Premier ministre avant de le réinstaller à la présidence. Cependant, rien ne le prouve, et ce coup d’État ne fait qu’entraver et retarder l’annonce des résultats électoraux, qui auraient été catastrophiques pour le président sortant.
Il y a certainement beaucoup d’inconnues, et le Haut Commandement Militaire pour la Restauration de la Sécurité Nationale et de l’Ordre Public décrétera tout au début. Ce sont eux qui auront voix au chapitre, et leur parole fera loi.
L’élection, était-elle entachée ou manipulée en faveur d’Ebaló?
Le temps le dira. Oui, l’élection était entachée et très probablement manipulée en faveur du sortant. C’est là l’essentiel, mais cette manœuvre pourrait servir à prolonger l’agonie et offrir au sortant une nouvelle excuse pour revenir. Par conséquent, il y a plus que ce qui paraît, surtout en connaissant les personnes impliquées et les raisons pour lesquelles cela s’est produit sans grand tapage.
Embaló au Maroc
L’ancien président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embaló, a quitté Dakar dans la nuit du vendredi au samedi 29 novembre pour rejoindre Brazzaville, où il n’a passé que quelques heures. Selon des sources concordantes, il a ensuite décollé ce mercredi 3 décembre à 9 heures de l’aéroport Maya-Maya, à bord d’un vol spécial à destination de Rabat, au Maroc.
Cette discrétion s’inscrit dans un contexte politique particulièrement tendu à Bissau. Interrogé par Jeune Afrique au lendemain de sa destitution, Embaló a balayé d’un revers de main les rumeurs faisant état d’une complicité présumée avec le général Horta N’Tam, désormais aux commandes du pays. Il a qualifié ces allégations de «fake news », rejetant fermement toute implication dans le putsch qui l’a évincé du pouvoir.
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