Déjà en octobre 2018, le média Orient XXI s’était penché sur ce phénomène dans un article intitulé : « Ces intellectuels qui critiquent tous les pouvoirs autoritaires sauf le marocain ». Le constat reste d’actualité. Sous la plume de l’auteur, on retrouve un même trio emblématique : Tahar Ben Jelloun, Rachid Benzine et Leïla Slimani.
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Alors qu’ils se présentent volontiers comme des défenseurs de la démocratie et de la liberté d’expression, plusieurs intellectuels franco-marocains semblent observer un étonnant silence lorsqu’il s’agit d’évoquer les dérives autoritaires du pouvoir marocain. Une attitude qui interroge, tant elle contraste avec leur engagement affiché dès qu’il s’agit de dénoncer d’autres régimes.
Déjà en octobre 2018, le média Orient XXI s’était penché sur ce phénomène dans un article intitulé : « Ces intellectuels qui critiquent tous les pouvoirs autoritaires sauf le marocain ». Le constat reste d’actualité. Sous la plume de l’auteur, on retrouve un même trio emblématique : Tahar Ben Jelloun, Rachid Benzine et Leïla Slimani. Très critiques lorsqu’ils évoquent le conservatisme religieux, la montée de l’islamisme ou les pesanteurs de la société marocaine, ces personnalités semblent en revanche beaucoup plus réservées – voire silencieuses – lorsqu’il est question du régime politique et des atteintes aux libertés fondamentales.
Un angle mort : la critique du pouvoir
Pour Orient XXI, cette retenue est loin d’être anodine. L’exemple de Leïla Slimani est particulièrement révélateur. Lauréate du prix Goncourt, très présente dans les médias français, elle dénonce volontiers le patriarcat, l’islamisme et les tabous de la société marocaine. Mais elle évoque rarement les violations des droits humains commises par l’État marocain : répression des manifestations dans le Rif, emprisonnement de militants, tortures rapportées par de nombreuses ONG.
Cette posture sélective, analysée dans l’article, profiterait au pouvoir marocain, qui trouve dans ces figures médiatiques un relais idéal : critique sociale, mais pas politique.
Des silences qui dérangent
Le décalage apparaît encore plus frappant lorsque ces personnalités sont invitées à réagir à des événements graves. Sur la question de la répression au Rif, par exemple, Leïla Slimani déclarait simplement avoir « pris du recul » après une naissance récente, une réponse jugée embarrassée par de nombreux observateurs.
De leur côté, Tahar Ben Jelloun et Rachid Benzine préfèrent généralement s’attarder sur les contradictions de la société marocaine plutôt que sur celles du pouvoir. Un choix qui, selon plusieurs journalistes, contribue à minimiser – volontairement ou non – le rôle central du Makhzen dans le maintien d’un système autoritaire.
Une tendance durable
Cette indulgence envers la monarchie marocaine, relevée depuis plusieurs années, semble toujours à l’œuvre aujourd’hui. Dans les médias français, ces écrivains et universitaires bénéficient d’une visibilité importante. Leurs critiques du conservatisme et des blocages sociaux trouvent un large écho, mais la question du pouvoir politique reste souvent esquivée.
L’enjeu est pourtant essentiel : en évitant de nommer les responsabilités du régime, ces voix influentes contribuent à préserver une image édulcorée de la monarchie marocaine, au détriment d’un débat ouvert sur la réalité politique du pays.
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