Déjà dans le dossier du Sahara Occidental, L’Algérie en demandant avec la voix la plus ferme de revenir à l’esprit des textes fondamentaux de l ‘ONU et avec le soutien de la Chine, de la Russie et de l’ensemble des membres non permanents, avait réussi à infléchir l’intransigeance du groupe occidental au Conseil et à donner plus d’équilibre au projet de résolution en introduisant l’autodétermination qui a fait du plan franco -marocain de 2006 une option à l’égal de toute autre.
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Par Abdelaziz Rahabi
Le dernier vote de l‘Algérie au Conseil de sécurité de l’ONU a été injustement interprété comme un revirement dans sa politique étrangère au Moyen – Orient. Le populisme diplomatique a pris le pas sur une lecture objective de notre position.
Dans les faits nous avons assisté à une autre consécration de la toute-puissance des USA au Conseil de sécurité sur la gestion de la crise au Moyen -Orient. Tout le monde sait que les USA, premier soutien inconditionnel d’Israël, sont seuls en mesure d’infléchir un tant soit peu son intransigeance pour l’amener à respecter le cessez-feu accepté par Hamas et salué par l’ensemble de la communauté arabo- musulmane.
La Russie a présenté un texte soutenu par l’Algérie, qui couvre incontestablement le mieux les revendications des palestiniens, s’accorde avec les dernières résolutions de la ligue Arabe et propose une perspective de paix réaliste et durable pour la région. Il reste que la Russie a peu d’influence en ce moment sur les principaux acteurs de la crise et n’est plus aussi impliquée que par le passé au Moyen -Orient.
Il faut dire que la guerre en Ukraine impose naturellement un autre ordre de priorités. La Chine pour sa part, déploie son propre agenda régional de superpuissance dans lequel le Moyen-Orient n’est pas encore une priorité au regard des enjeux en Asie. Les grandes puissances, en dépit de la fragmentation du multilatéralisme se ménagent dès lors qu’il s’agit du respect des zones d’influence historiques de chacune d’entre elles.
Cette situation laisse toute la latitude aux Usa qui comptent naturellement avec la solidarité subalterne et active de la France et de la Grande Bretagne. Cette domination sans partage du Conseil de sécurité a eu pour conséquence une évolution inquiétante dans la nature même de ses missions Lors du dernier vote sur Gaza, l’Algérie avait introduit et fait accepter la référence à l’Etat palestinien.
Cette question n’est pas technique, elle est au centre du problème palestinien entre l’intransigeance d’Israël, les hésitations américaines et le gel du processus de normalisation à la suite de la guerre contre Gaza. L’Algérie a aussi tenu compte du drame humanitaire que vit le peuple palestinien et de l’incapacité historique de ses représentants à parler d’une même voix. Avec le Pakistan, elle a porté les voix des groupes arabe et musulman dans l’esprit les dispositions les plus favorables aux palestiniens.
Enfin, pour agir contre la dérive que connait le Conseil qui prend des décisions sur Gaza mais en confie l’exécution à une force sur laquelle l’ONU n’a aucune autorité, il faudrait disposer du droit de véto. L’histoire a injustement consacré l’ordre établi en 1945 à l’issue de la 2-ème guerre mondiale et qui n’est pas près de changer en dépit des promesses faites aux puissances émergentes. émergentes. Il y a peu, le premier texte présenté en octobre dernier par les USA avait pour objectif de faire du Conseil un outil de légitimation de l’occupation du Sahara Occidental et de transformer la Minurso de superviseur du cessez le feu et chargé d’organiser le referendum en un mécanisme d’exécution du plan marocain au le Sahara occidental. Chaque fois que les USA sont engagés dans un dossier, l’ONU lui délègue une partie de ses prérogatives.
Déjà dans le dossier du Sahara Occidental, L’Algérie en demandant avec la voix la plus ferme de revenir à l’esprit des textes fondamentaux de l ‘ONU et avec le soutien de la Chine, de la Russie et de l’ensemble des membres non permanents, avait réussi à infléchir l’intransigeance du groupe occidental au Conseil et à donner plus d’équilibre au projet de résolution en introduisant l’autodétermination qui a fait du plan franco -marocain de 2006 une option à l’égal de toute autre.
Mettre les principes aux services des intérêts de son pays est un exercice d’équilibre fait d’adaptation aux circonstances, aux rapports de force et à la capacité de chaque pays à assumer ses positions auprès de son opinion publique. Notre dernier vote au Conseil est fidèle à notre doctrine qui est loin d’être un dogme mais une cohérence entre nos valeurs et nos positions. ‘’La terre contre la paix ‘’ a été avant une revendication palestinienne et l’Algérie a été un des premiers Etats de la Ligue arabe à soutenir cette position.
Enfin, cette opération de désinformation cherche à l’évidence à faire de l’Algérie un bouc émissaire et à altérer le consensus national en matière de politique étrangère.
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