Tags : Hamid El Mahdaoui, presse, médias, droits de l’homme, Commission Provisoire de gestion des affaires du secteur de la Presse et de l’Édition, vidéo filtrée de la réunion du Comité d’éthique et discipline,
Rabat – Le scandale de l’enregistrement divulgué d’une réunion d’une commission gouvernementale dans le domaine des médias concernant un journaliste opposé aux politiques du Makhzen a choqué de nombreuses organisations médiatiques, politiques et de défense des droits de l’homme, qui ont publié des déclarations de condamnation très fermes. Parallèlement, des dizaines de journalistes ont exigé la dissolution de cette commission qui a révélé la manière dont le pays est géré et l’ampleur de la corruption.
L’enregistrement audio et vidéo divulgué de la « réunion du Comité d’éthique professionnelle et des questions disciplinaires relevant de la Commission Provisoire de gestion des affaires du secteur de la Presse et de l’Édition au Maroc » contenait des expressions « humiliantes et dégradantes » à l’encontre du journaliste Hamid El Mahdaoui de la part des membres, ainsi que des insinuations « dangereuses » sur l’utilisation de l’appareil judiciaire pour régler des comptes avec les opposants.
Les organismes marocains, ainsi que les utilisateurs des réseaux sociaux, ont dénoncé ce « scandale éthique et juridique » et « la série de restrictions et de complots » visant les journalistes indépendants, considérant ce qui est apparu dans les dernières fuites comme un « dérapage sans précédent au sein d’une institution censée protéger la liberté de la presse et sauvegarder les droits des journalistes ».
Positions des différentes instances
Le Syndicat National de la Presse Marocaine a qualifié, dans un communiqué, les informations contenues dans les enregistrements de « données dangereuses » portant atteinte à la dignité des personnes et des institutions et constituant une « violation de l’esprit d’autorégulation et de l’indépendance du secteur », affirmant que les contenus diffusés reflètent des comportements « irresponsables » et « téméraires ». Il a exigé l’ouverture d’une enquête urgente et impartiale pour révéler tous les détails des enregistrements et déterminer précisément les responsabilités.
L’Union Nationale de la Presse, des Médias et de la Communication a également condamné « le contenu des enregistrements », décrivant ce qui s’est passé comme une « honte professionnelle et éthique qui a secoué l’opinion publique professionnelle et des droits de l’homme ».
Plus d’une centaine de journalistes marocains ont publié une déclaration très ferme dénonçant ces « pratiques extrêmement graves ».
De leur côté, l’Association des Barreaux du Maroc et la Fédération des Associations des Jeunes Avocats ont dénoncé le contenu des enregistrements, soulignant que « la dignité de la défense est une ligne rouge » et que toute offense aux avocats est une « atteinte à la justice dans son ensemble ». Elles ont également affirmé que les fuites dépassent un simple « dérapage verbal » et les ont qualifiées d’avoir « exposé une mentalité hostile et vindicative envers les avocats », les considérant comme une « preuve de mépris dangereux pour le rôle constitutionnel de la défense dans la protection des droits et des libertés ».
Le Parti de la Justice et du Développement (PJD) a exprimé, dans un communiqué, son profond regret « pour les propos injurieux et les dépassements de la loi ainsi que le parti pris d’une grande gravité qui ont circulé lors de cette réunion, révélant une réunion à arrière-plan revanchard et non une réunion dans le cadre de l’autorégulation de la presse ». Il a insisté sur le fait que les fuites portent atteinte à « la réputation et l’indépendance de l’institution judiciaire et à la réputation et l’indépendance d’un comité censé être chargé de l’autorégulation de la presse ».
Le scandale au Parlement et dans la rue
Le scandale s’est étendu au Parlement, où plusieurs députés, dont Fatima Tamni (Fédération de la Gauche Démocratique), Nadia Touhami (Parti du Progrès et du Socialisme), et le conseiller Khalid Setti, ont adressé des questions au Ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, sur « les mesures urgentes qu’il compte prendre pour enquêter sur le contenu de ces enregistrements ».
Dans ce contexte, le Mouvement des Jeunes, qui a organisé de vastes manifestations fin septembre dans différentes régions du Maroc et qui se sont étendues sur des semaines, a affirmé dans un communiqué que « l’équation est devenue claire : un petit nombre contrôle la « +autorité de surveillance+ » (les médias) et crée le climat propice pour que le monstre de la corruption dévaste tout, loin des yeux des citoyens », ajoutant : « Lorsque les « +gardiens du quatrième pouvoir+ » se transforment en outils de contrôle, le dernier rempart protégeant l’argent public s’effondre. »
Le président de l’Observatoire Marocain Contre la Normalisation, Ahmed Wehman, a souligné, dans un communiqué, que la vidéo divulguée n’était « pas un événement passager ni un lapsus qui se limite à la décadence du discours ou à la chute de l’éthique professionnelle, mais un choc politique et judiciaire complet, car elle a révélé – pour la première fois en audio et vidéo – une logique terrifiante par laquelle la justice est gérée dans ce pays ».
De nombreux défenseurs des droits de l’homme ont également dénoncé le contenu de l’enregistrement dans leurs articles, insistant sur le fait que « l’enregistrement dangereux révèle comment la guerre féroce contre tous les journalistes indépendants a été menée, en contrepartie d’un soutien absolu à une presse de la futilité et de la diffamation ».
Ils ont exigé la réhabilitation de toutes les victimes du système du Makhzen, telles que Mohamed Ziane, Taoufik Bouachrine, Fouad Abdelmoumni, Nasser Zefzafi, Soulaimane Raissouni et Afaf Bernani.
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