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Les graves violations révélées par le journaliste Hamid El Mahdaoui lors de sa comparution devant le Comité de discipline et d’éthique exposent une réalité extrêmement grave qui ne peut être ignorée.
Les déclarations faites constituent une atteinte flagrante à la loi, aux droits de la défense et à l’éthique professionnelle que ce comité est censé protéger lui-même.
La poursuite de telles pratiques place le Conseil national de la presse devant une véritable épreuve et impose la nécessité de le dissoudre, ou du moins de le restructurer d’une manière garantissant l’intégrité, la transparence et le respect de la loi.
De plus, les insultes et dépassements commis à l’encontre de la profession et des justiciables exigent l’intervention du ministère public pour ouvrir une enquête sérieuse et responsable, afin de protéger la réputation de la presse et de préserver la primauté du droit.
C’est ici que le rôle des robes noires, les avocats, apparaît clairement : il est de leur devoir aujourd’hui de déposer une plainte officielle concernant ces insultes répétées qui ne peuvent rester sans réponse.
Des pratiques intolérables
Les informations révélées par le journaliste Hamid El Mahdaoui, après avoir publié une vidéo documentant les délibérations du Comité d’éthique — vidéo qui suscite actuellement un large débat au sein du corps journalistique — soulèvent de nombreuses interrogations quant à la légitimité de la procédure disciplinaire à laquelle il a été soumis, ainsi que sur la qualification juridique de l’acte de publier des délibérations secrètes encadrées par la loi, et sur la question de savoir s’il s’agit d’un acte relevant du signalement de violations touchant l’intérêt général ou d’une infraction aux exigences de confidentialité professionnelle.
La vidéo, qui m’a personnellement profondément inquiété, a dévoilé de graves dysfonctionnements au sein du Comité, dont les plus marquants sont l’intervention de parties externes dans les orientations et décisions du Comité, des manœuvres délibérées visant à empêcher El Mahdaoui d’exercer son droit au recours, la présence illégale du président du Comité des recours lors de la réunion du Comité d’éthique, la consultation par un membre d’une entité extérieure pour déterminer la nature de la sanction, des appels à influencer la justice afin d’accélérer les procédures, et enfin des propos portant atteinte à la dignité, tels que qualifier El Mahdaoui de « déviant », ou encore des insultes envers le corps des avocats (en présence de M. Jalal Taher, ancien membre de l’Association des barreaux du Maroc, étonné de la question d’El Mahdaoui à ce sujet).
Personnellement, le débat aujourd’hui ne porte pas seulement sur ce qui apparaît dans la vidéo, mais également sur la manière d’encadrer juridiquement la démarche de sa publication.
Au principe de confidentialité des délibérations du Conseil s’oppose le contenu de l’enregistrement, accompagné d’une question essentielle : El Mahdaoui a-t-il exercé un droit relevant de « la dénonciation d’une mauvaise gestion portant atteinte à ses droits fondamentaux » ou de « la révélation de pratiques contraires à l’éthique compromettant l’intégrité de l’institution » ? Cela rend la qualification juridique de l’acte particulièrement complexe et nécessite une analyse fine et posée.
Indépendamment du débat juridique, ces faits révèlent une crise de confiance au sein d’une institution censée être un modèle d’impartialité et d’indépendance.
Comment puis-je, en tant que journaliste, faire à nouveau confiance à l’institution de l’autorégulation ?
Cela relance également la question du respect des garanties d’un procès professionnel équitable, ainsi que la nécessité d’établir des procédures transparentes respectant les droits de la défense et mettant les institutions régulatrices à l’abri de toute influence extérieure.
La protection de la profession ne peut reposer sur des procédures viciées ou des délibérations contraires à l’éthique. Il est donc urgent d’engager une enquête indépendante, transparente et responsable, qui détermine les responsabilités et garantisse que les comités d’éthique ne deviennent pas, à l’avenir, des instruments de règlement de comptes ou de pression, mais demeurent des espaces dédiés à l’équité et à l’intégrité.
En conclusion, je réitère le même appel : la protection de la liberté de la presse est indissociable de la protection des journalistes dans les procédures disciplinaires elles-mêmes. Ce qu’a révélé la vidéo constitue une atteinte grave aux normes internationales et à notre image en tant que journalistes, que ce soit sur le plan de la dignité, du respect des droits de la défense ou de l’interdiction de toute ingérence extérieure dans les décisions disciplinaires.