Le Maroc s'emploie également à adopter une politique de mauvaise obstruction à l'égard des projets économiques algériens à dimension régionale, comme cela s'est produit par exemple avec ses tentatives de faire passer le projet de gazoduc africain du Nigeria à travers le territoire du Royaume.
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Les déclarations faites récemment par le diplomate américain Steve Witkoff concernant la médiation américaine attendue pour la conclusion d’un accord de paix entre l’Algérie et le Maroc suscitent un grand intérêt dans les deux pays, mais avec une différence : les médias marocains ont exagéré en célébrant ce qu’ils considèrent comme une « victoire précoce » concernant leurs revendications illégitimes au Sahara Occidental, et même à propos des dossiers lourds en suspens avec l’Algérie.
Les voix de pseudo-analystes politiques et de soi-disant journalistes marocains se sont multipliées ces derniers jours concernant le déroulement potentiel des efforts de médiation américaine entre l’Algérie et le Maroc, par lesquels Washington vise à conclure un accord de paix entre les deux pays « dans un délai de soixante jours », c’est-à-dire d’ici la fin de l’année en cours 2025, selon le calendrier fixé par Steve Witkoff lors de son entretien avec des médias américains.
Le sujet a reçu une attention considérable de la part des médias mondiaux, en particulier des médias arabes et français, en raison de son importance capitale pour la stabilité de la région du Maghreb, d’une grande sensibilité pour la sécurité énergétique européenne d’une part, et également pour la stabilité de la région du Sahel et du Sahara, qui attire un intérêt croissant des puissances internationales ces dernières années.
Il ne semble pas que la partie marocaine saisisse l’importance du sujet, elle qui en réduit les éléments à la seule consolidation de sa fausse thèse concernant l’ « autonomie » qu’elle a présentée à l’opinion publique internationale face à la question du Sahara Occidental occupé, qui est une question de décolonisation dans les couloirs des Nations Unies.
La question du Sahara Occidental n’est qu’un des facteurs qui ont conduit à l’accumulation des raisons de la rupture entre le Maroc et l’Algérie, étant donné que cette dernière est restée ferme sur sa position de soutien à cette juste cause, diplomatiquement, pendant des décennies entières.
Même si l’on suppose que les efforts de Witkoff trouveront une solution à cette question, qui est une question d’autodétermination du peuple sahraoui, la liste des autres dossiers en suspens entre les deux pays reste nombreuse. Elle comprend, dans ses aspects les plus importants, la question des frontières entre les deux pays et leur utilisation par le Makhzen comme moyen d’inonder l’Algérie de drogues, en plus d’autres questions liées aux campagnes politiques et médiatiques inamicales dirigées contre l’Algérie et des questions liées à la sécurité nationale de l’Algérie après la normalisation établie par le régime marocain du Makhzen avec l’entité sioniste en 2021, qui a pris une forme militaire pour la première fois dans le processus de normalisation que certains pays arabes ont consacré avec cette entité occupante.
Ces dossiers sont très complexes et extrêmement sensibles, notamment pour l’Algérie qui considère la question du Sahara Occidental comme une question de décolonisation, tout comme elle considère sa sécurité nationale comme une ligne rouge, même si le Maroc veille à considérer que la normalisation avec l’entité sioniste « n’est pas dirigée contre les frères algériens », comme le Roi Mohammed VI tient à le répéter dans ses différents discours.
En réalité, de telles déclarations ne changent rien à la réalité, une réalité marquée par les grandes étapes franchies par le régime marocain dans l’établissement de toutes sortes de coopération militaire avec l’entité sioniste, au point qu’il est devenu le troisième importateur mondial d’armes produites par cette entité.
Le Maroc s’emploie également à adopter une politique de mauvaise obstruction à l’égard des projets économiques algériens à dimension régionale, comme cela s’est produit par exemple avec ses tentatives de faire passer le projet de gazoduc africain du Nigeria à travers le territoire du Royaume, bien que l’Algérie ait été la première à proposer le projet et bien que l’Algérie possède également le réseau de gazoducs dans son Sahara, constituant une base solide pour donner au projet de plus grandes chances de succès.
Rabat mise sur son rôle fonctionnel dans la région au profit de ses alliés occidentaux pour gagner la position de Washington dans toute démarche de médiation et ses résultats potentiels. Cependant, ce pari restera perdant face à l’Algérie, qui dispose d’atouts de pression majeurs pour faire face à toute tentative de nuire à sa vision diplomatique des différents dossiers. Ces atouts comprennent le rôle vital de l’Algérie en tant qu’acteur mondial dans le domaine de l’énergie, son poids politique et économique sur le continent africain, ainsi que sa grande capacité militaire, considérée comme une soupape de sécurité pour garantir la stabilité dans toute la région du Sahel et du Sahara.
Il ne semble pas que les choses s’orientent actuellement vers un abandon par le Maroc de ses positions intransigeantes sur les questions soulevées, des positions qu’il tire du complexe de « supériorité » qui a accompagné le régime du Makhzen pendant des décennies entières, en raison de l’idéologie du parti de l’Istiqlal marocain qu’il a ancrée au milieu du siècle dernier dans l’esprit des élites marocaines, selon laquelle le Royaume est « l’État central tentaculaire » dans la région. Cette idéologie a gravement nui aux relations de bon voisinage avec les pays de la région et ce, jusqu’à aujourd’hui. Par conséquent, il sera également impératif pour Rabat de modifier la structure de son discours politique si elle veut réellement la paix avec ses voisins, notamment avec l’Algérie.
Aljazaïr aljadida, 26/10/2025
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