Les tensions au sein des camps de réfugiés sahraouis en Algérie continuent de monter. De jeunes militants et responsables remettent ouvertement en question l'efficacité de la stratégie du Polisario pour atteindre l'objectif d'indépendance du mouvement et plaident pour une intensification de la lutte avec le Maroc", indique le rapport.
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Dans un rapport mis en ligne 20 octobre, l’International Crisis Group affirme que de nombreux responsables occidentaux et onusiens soupçonnent Rabat de ne plus être intéressé par la négociation d’un accord d’autonomie avec l’Algérie et le Polisario.
« De nombreux responsables occidentaux et onusiens soupçonnent Rabat de ne plus poursuivre cet objectif, compte tenu de l’absence de pression internationale et de sa capacité à gérer le statu quo », précise le rapport l’ONG américaine spécialisée dans la résolution des conflits.
De Mistura, affirme le rapport, découragé par des années d’inertie diplomatique, est réapparu pour souligner que toute proposition d’autonomie devait être « authentique » et permettre au peuple sahraoui d’exercer une « forme crédible d’autodétermination ».
« Les tensions au sein des camps de réfugiés sahraouis en Algérie continuent de monter. De jeunes militants et responsables remettent ouvertement en question l’efficacité de la stratégie du Polisario pour atteindre l’objectif d’indépendance du mouvement et plaident pour une intensification de la lutte avec le Maroc », ajoute-t-il.
En outre, le rapport mentionné soulignent les points suivants:
-Certains signes suggèrent également que le Maroc pourrait œuvrer à un règlement unilatéral du conflit en sollicitant un vote de l’Assemblée générale des Nations Unies pour retirer le Sahara occidental de la liste des territoires non autonomes.
-Le choix des dirigeants du Polisario de s’en tenir à une guerre de basse intensité reste controversé au sein de leurs rangs, les jeunes Sahraouis et même certains responsables militant en faveur d’une lutte armée intensifiée.
-Prenant acte de ce mécontentement, un responsable de la sécurité du Polisario a averti que « le désespoir pourrait pousser la jeunesse à recourir au sabotage et aux explosions, ce qui pourrait également nuire aux intérêts civils, à moyen terme ».
-D’autres Sahraouis dans les camps de réfugiés de Tindouf ont souligné la frustration causée par les conditions socio-économiques difficiles et le manque d’horizon politique, affirmant que les jeunes ne peuvent l’évacuer que par la contrebande, la migration vers l’Europe ou la prise des armes contre le Maroc.
D’autre part, et malgré les maigres résultats de la lutte armée, les responsables du Polisario sont réticents à la céder à la diplomatie, alors que le plan d’autonomie marocain continue de prendre de l’ampleur. Le Front a maintenu sa demande de longue date, demandant à Rabat de se joindre à lui dans des négociations bilatérales pour organiser un référendum sur l’indépendance du Sahara occidental avant d’envisager une suspension de l’action militaire. L’envoyé de l’ONU et les gouvernements européens ont appelé à plusieurs reprises le groupe à proposer une solution nouvelle. Mais le Front a refusé. Comme l’a expliqué un diplomate du Polisario : « À chaque fois que nous avons fait une concession au Maroc, Rabat n’a pas fait de réciprocité et a simplement empoché nos compromis. » Il a ajouté : « Nous attendons que l’ONU engage des négociations et ce n’est qu’alors que nous ferons preuve de flexibilité tactique. »
-L’Algérie a également pris soin de ne pas s’engager dans une escalade. Elle a, par exemple, refusé de fournir au Polisario sa technologie de brouillage de drones, comme le Repellant 1 de fabrication russe, qui pourrait changer le cours de la guerre.
-Dans une interview accordée en février, le président Tebboune a réitéré que le Polisario « demande des armes, que nous nous abstenons de leur donner pour le moment ».
-L’une des raisons probables est la volonté du gouvernement d’éviter une escalade susceptible de déclencher un conflit armé avec le Maroc. Une autre raison est probablement la crainte d’un isolement international accru, alors qu’Alger est déjà en proie à des crises diplomatiques avec la France, le Mali et les Émirats arabes unis.
-Dans ce contexte, il reste difficile de savoir si le Maroc est toujours réellement intéressé par la négociation d’un accord d’autonomie avec l’Algérie et le Polisario. De nombreux responsables occidentaux et onusiens soupçonnent Rabat de ne plus poursuivre cet objectif, compte tenu de l’absence de pression internationale et de sa capacité à gérer le statu quo.
-De leur côté, les responsables et chercheurs marocains se demandent régulièrement s’il reste réaliste de rechercher un accord, compte tenu du rejet bien connu du plan d’autonomie par le Polisario et l’Algérie.
-Pendant ce temps, Rabat pourrait travailler discrètement sur une autre voie, parallèlement à sa position officielle, en dehors du cadre de médiation de l’ONU et sans l’implication du Polisario.
-Les responsables de l’ONU affirment que cela impliquerait d’organiser un vote à l’Assemblée générale des Nations Unies sur la base d’une recommandation de la Quatrième Commission sur la décolonisation pour retirer le Sahara occidental de la liste des territoires non autonomes.
-Plusieurs anciens diplomates marocains ont publiquement évoqué ce scénario, indiquant qu’un tel vote, combiné à la fin de la MINURSO, pourrait régler le conflit même sans le consentement de l’Algérie et du Polisario, du moins du point de vue du droit international.
-Alors que la liste des gouvernements soutenant la position de Rabat sur le Sahara occidental s’allonge de plus en plus, un tel objectif semble de plus en plus à portée de main, mais les responsables du Polisario affirment que cela n’arrêterait pas leur lutte pour l’indépendance.
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