Maroc : Briser l’ignorance
Tags: France Télévisions, Bolloré, CNews, Europe1, Thomas Legrand, Patrick Cohen,
Décidément, le conflit entre les médias publics et les médias privés en France se concentre sur le groupe Bolloré et France Télévisions.
L’échange mouvementé entre les journalistes de France Inter et de France Télévisions Thomas Legrand et Patrick Cohen, en rendez-vous avec des cadres du Parti socialiste (PS) a fait l’objet d’une confrontation inédite entre porte-parole de CNews et d’Europe 1, et les représentants de l’audiovisuel public.
En effet, le 16 septembre 2025, Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, a qualifié CNews de «chaîne d’extrême droite». Pascal Praud, animateur vedette de la chaîne, a immédiatement réagi en soulignant la politisation de l’audiovisuel public à gauche.
Delphine Ernotte considère que «France Télévisions a été la cible d’un dénigrement massif. Et ça ne date pas de l’affaire Legrand-Cohen. À un moment, c’est bien de dire les choses. Je considère que CNews est une chaîne d’opinion. (…) Nous ne faisons pas le même métier. LCI, BFM TV, Franceinfo sont des chaînes d’information», a encore déclaré face aux sénateurs, la présidente de France Télévisions qui a défendu la «légitimité» et l’ « utilité» d’un audiovisuel public reposant «sur trois valeurs fondamentales»: «Notre impartialité, notre exemplarité et notre créativité.»
Le conflit entre les médias du groupe Bolloré et le service public de l’audiovisuel interroge les fondements mêmes du journalisme et d’une «information impartiale». Aux États-Unis, la montée en puissance de Fox News face à CNN dans les années 2000.
Reste que la France, contrairement aux États-Unis, a encore, une «fairness doctrine» : pour les chaînes qui disposent d’une fréquence, l’Arcom impose de «faire respecter l’expression pluraliste des courants de pensée et d’opinion à la télévision». Mais cette exigence est-elle respectée ? On peut en douter, en suivant la décision du Conseil d’État du 13 février 2024 qui a constaté un manquement de l’Arcom relatif au pluralisme interne de certaines chaînes, à la suite d’une plainte de RSF relative à Cnews.
Le Conseil d’État a finalement considéré que le pluralisme ne se réduisait pas au temps de parole des politiques à la télévision, et qu’il fallait également considérer les opinions des chroniqueurs et des invités. À l’avenir, cette nouvelle grille d’analyse pourrait permettre de qualifier CNews, et d’autres, de chaînes d’opinion – mais également nous amener à comprendre que notre situation se rapproche de celle des États-Unis.
Finalement, les médias de Bolloré ne semblent pas s’attaquer seulement à l’Algérie, même les médias français ne semblent pas échapper à leur vindicte réaction.
L’Expression, 13/10/2025