Le temps des illusions est révolu. Le Makhzen aurait tort de croire qu’il peut continuer à maquiller ses échecs par des campagnes de communication et des événements sportifs. Le Maroc de demain ne pourra pas se construire sur des stades flamboyants, mais sur des écoles solides, des hôpitaux dignes et une justice sociale réelle.
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Depuis plusieurs jours, le Maroc est secoué par une vague de contestations qui démasque l’échec du modèle autoritaire du Makhzen. Les jeunes de la génération dite “GenZ 212”, dans un geste inédit, se dressent contre les priorités imposées par un pouvoir plus soucieux de prestige international que de bien-être national. Leur slogan est sans ambiguïté : « La santé et l’éducation avant la Coupe du Monde ».
Cette contestation va au-delà d’un simple mouvement de rue. Elle traduit le refus d’un peuple de voir son avenir bradé pour des événements sportifs présentés comme vitrines internationales, alors que les services publics s’effondrent et que la pauvreté progresse. Les scandales dans les hôpitaux, le chômage massif et les inégalités sociales contrastent avec les milliards engloutis dans l’organisation de la CAN 2025 et les ambitions affichées autour de la Coupe du Monde 2030.
Le Makhzen, fidèle à ses réflexes, tente de détourner l’attention en projetant ses propres fractures sur ses voisins. Les appels à des manifestations en Algérie, largement relayés par certains médias marocains et des relais numériques liés au mouvement “GenZ 212”, n’ont rien d’anodin : il s’agit d’une stratégie de diversion, visant à faire oublier les braises sociales qui enflamment le royaume.
Mais la manœuvre est grossière. L’Algérie, consciente de ses propres défis, les affronte dans le cadre de ses institutions et de son modèle social. Contrairement au Maroc, elle ne place pas l’illusion d’événements planétaires au-dessus des droits fondamentaux de ses citoyens. Cette différence de choix politiques et de priorités explique pourquoi les tentatives d’exporter la contestation vers Alger sonnent creux.
La vérité est simple : le Maroc vit une crise interne profonde. La jeunesse, qui représente la majorité de sa population, n’accepte plus d’être sacrifiée au profit d’un agenda de prestige contrôlé par une monarchie déconnectée des réalités. Les slogans qui résonnent dans les rues marocaines — « Pas de Coupe du Monde sans hôpitaux », « Justice sociale avant le football » — expriment une revendication universelle : la dignité.
Le temps des illusions est révolu. Le Makhzen aurait tort de croire qu’il peut continuer à maquiller ses échecs par des campagnes de communication et des événements sportifs. Le Maroc de demain ne pourra pas se construire sur des stades flamboyants, mais sur des écoles solides, des hôpitaux dignes et une justice sociale réelle.
L’Afrique, qui observe, doit retenir une leçon : un État qui méprise les aspirations de sa jeunesse pour courir derrière les applaudissements du monde extérieur construit son propre séisme intérieur.
Camélia Amir
Source: Africa News, 01/10/2025