Et face à cette vérité, un slogan résonne dans les rues du Maroc, dans les réseaux sociaux, dans les consciences : « Le peuple exige la fin de la corruption ». Ce n'est pas un slogan passager, c'est l'expression d'un désespoir accumulé, mais aussi d'une exigence de dignité et de justice que rien ni personne ne pourra indéfiniment étouffer.
Etiquettes : Maroc, Algérie, crise économique et sociale, Génération Z, Genz212,précarité, tourisme sexuel, chômage, pauvreté,
par Mustapha Aggoun
Le Maroc traverse aujourd’hui une crise sociale, économique et morale d’une ampleur inquiétante, une crise qui déchire les foyers, broie la jeunesse et met à nu la fragilité d’un système qui se voulait vitrine de modernité mais qui n’est plus qu’un décor fissuré.
Dans les campagnes comme dans les villes, la misère est omniprésente : familles entières vivant avec quelques dirhams par jour, enfants arrachés à l’école pour subvenir aux besoins du foyer, chômage massif qui pousse les jeunes à errer entre petits boulots précaires, drogue et tentation de la migration clandestine.
La région du Rif symbolise cette tragédie : abandonnée par l’État, elle est devenue prisonnière de la culture du cannabis, une culture qui ne profite pas aux paysans écrasés par la pauvreté mais à des réseaux mafieux protégés par des complicités occultes, transformant une terre fertile en zone grise de survie.
Dans les villes touristiques, une autre plaie s’ouvre : le tourisme sexuel. Derrière les façades luxueuses de Marrakech ou d’Agadir, derrière les campagnes publicitaires vantant un royaume ouvert et accueillant, se cache un marché sordide où des jeunes femmes, parfois mineures, et même des garçons, sont exploités dans le silence et l’indifférence, réduits à vendre leur corps parce que l’État a choisi de fermer les yeux en échange de devises. Ce commerce de la honte accélère la décomposition d’une société déjà frappée par l’explosion des divorces, la désagrégation de la cellule familiale, la perte des repères et des valeurs qui constituaient jadis, la force du peuple marocain.
À cette crise sociale et morale s’ajoute une fracture politique profonde : le rapprochement du Makhzen avec l’entité sioniste, officialisé dans le cadre des accords d’Abraham, vécu par une grande partie du peuple comme une trahison historique. Car la Palestine n’est pas une cause lointaine pour les Marocains, elle est une composante de leur identité, un serment de fidélité transmis de génération en génération.
Ce choix, imposé d’en haut, au nom d’intérêts diplomatiques et de calculs de pouvoir, a ouvert un fossé béant entre dirigeants et peuple, entre le Maroc officiel et le Maroc réel, celui qui continue de scander dans les rues : « Palestine vivra». Mais au lieu d’assumer cette faillite interne et ce divorce grandissant avec sa population, le régime de Rabat a trouvé commode d’inventer un coupable extérieur : l’Algérie.
Depuis des années, une véritable campagne de dénigrement est orchestrée, accusant Alger de tous les maux, comme si la misère dans les quartiers populaires marocains, comme si la corruption des élites, comme si la prostitution des mineurs ou l’addiction des jeunes au cannabis pouvaient être importées depuis les frontières de l’Est. Cette rhétorique mensongère vise à détourner la colère du peuple marocain de ses vrais responsables.
En vérité, la fermeture des frontières avec l’Algérie n’a pas nui à Alger, elle a surtout privé les Marocains d’un accès à des produits de consommation plus abordables, de circuits commerciaux plus sains et d’une respiration économique régionale dont ils sont aujourd’hui exclus. Ce verrouillage, entretenu par le Makhzen, est devenu un instrument de chantage politique, mais il se retourne contre le peuple marocain qui voit son panier de la ménagère s’alourdir et son quotidien se dégrader.
Ainsi, alors que la propagande royale et médiatique cherche à désigner l’Algérie comme bouc émissaire, la vérité est nue : le mal est interne, il est dans la corruption érigée en système, dans le pillage des richesses par une minorité, dans la compromission avec Tel-Aviv, dans le sacrifice de la jeunesse sur l’autel du cannabis et du tourisme sexuel, dans l’effondrement des services publics de santé et d’éducation, dans la dissolution des valeurs qui cimentaient la société.
Et face à cette vérité, un slogan résonne dans les rues, dans les réseaux sociaux, dans les consciences : « Le peuple exige la fin de la corruption ». Ce n’est pas un slogan passager, c’est l’expression d’un désespoir accumulé, mais aussi d’une exigence de dignité et de justice que rien ni personne ne pourra indéfiniment étouffer.
Source: Le Quotidien d’Oran, 30/09/2025
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