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Par Zine Haddadi
Des fuites des hackers de Jabaroot jusqu’à la série d’articles du journal « Le Monde », le palais royal marocain est ébranlé par des révélations qui renseignent sur l’atmosphère régnante dans ses couloirs où la succession à Mohammed VI semble faire l’objet d’une guerre en coulisses.
Amoindri, souvent à l’étranger, Mohammed VI est de plus en plus absent du Maroc. Seules quelques dates incontournables sont devenues des rares occasions pour lui de s’adresser aux Marocains comme pour les rassurer, mais dans la plupart des cas, c’est plus l’inquiétude qui surgit qu’autre chose.
La série d’articles du journal « Le Monde » décrivant une atmosphère de fin de règne est venue secouer le Maroc. Le journal français évoque « une impression de vide » laissée par les absences répétées du monarque marocain.
Les doutes sur l’état de santé du tenant du palais royal au Maroc jusqu’à présent sont confortés par les images de ses rares apparitions en public. Pendant les fêtes religieuses, Mohammed VI apparaît « affaibli, assis sur un tabouret, incapable de se prosterner », note « Le Monde » dans son premier article d’une série de six.
Un roi souvent absent
Quand le palais décide de communiquer sur un roi qui va bien, c’est une vidéo en jet ski. Pour le journal « Le Monde », ces séquences censées rassurer montrent plutôt que le Maroc est bel et bien en « processus de transition ».
Dans les rouages du palais royal marocain, l’omniprésence de la fratrie Azaitar. Ces athlètes d’arts martiaux, autrefois vivant en Allemagne, sont des amis proches du roi, trop proches pour certains membres de la famille royale. Même la presse marocaine, pourtant bien muselée par une machine sécuritaire bien huilée, a dénoncé la présence encombrante des frères athlètes.
Pour tenter de dissiper les doutes sur les luttes internes au palais, c’est par la communication que le Makhzen procède. Ainsi, les membres de la famille royale sont filmés à l’étranger dans des activités officielles au nom du roi, histoire de montrer que la « famille » est soudée derrière son roi. Le journal « Le Monde » qualifie cette communication de « millimétrée »
Cependant, les apparitions de plus en plus visibles du prince héritier Moulay Hassan ne font qu’accroître les rumeurs sur une succession proche.
Au Maroc, ce n’est pas la question de l’identité du successeur, déjà tranchée par le statut de prince héritier de Moulay Hassan, qui interroge, mais la répartition de l’influence autour du prochain monarque
En effet, l’arrivée au pouvoir du fils aîné de Mohammed VI, Hassan, ouvre la porte au retour de sa maman Lalla Salma à laquelle il est très proche. Celle-ci, divorcée du roi depuis des années, est mal aimée par les autres membres de la famille royale.
«Ce n’est pas un roi, c’est un système»
Au-delà des histoires de palais entre membres d’une même famille, la monarchie spécifique du Maroc n’est pas que la famille royale. Tout un système formé d’hommes d’affaires proches du palais et de puissants hommes de main des appareils sécuritaires veillent au grain.
« Ce n’est pas un roi, c’est un système. Et, dans ce système, ajoute-t-il, « on peut gouverner par l’absence », soutient le politologue marocain Mohamed Tozy cité par « Le Monde ».
Le journal français énumère quelques personnalités qu’il qualifie de « club des 7 », qui « forme une sorte de cabinet de l’ombre, occupé à surveiller l’action du gouvernement officiel ». Il s’agit de Fouad El Himma, ami de longue date du roi, surnommé le vice-roi. « Le Monde » cite également « les juristes Omar Azziman et Abdellatif Menouni, chargés des questions constitutionnelles ou des Droits de l’homme, Omar Kabbaj, un ancien banquier très introduit dans les milieux africains, mais aussi Taïeb Fassi-Fihri, un ancien ministre des Affaires étrangères qui a gardé la haute main sur la diplomatie, et Yassir Zenagui, financier passé par la City de Londres ».
À ces personnalités s’ajoute André Azoulay, conseiller depuis Hassan II.
Par ailleurs, le journal « Le Monde » évoque le retour des « sécuritaires » ces dernières années. Un homme en particulier suscite l’intrigue par son ascension fulgurante récemment. Abdellatif Hammouchi, surnommé « premier flic du Maroc », par le journal « Le Monde », occupe la double fonction de patron de la DGST, qu’il dirige depuis 2005, et de la Direction générale de la Sûreté nationale, depuis 2015.
En plus du journal « Le Monde », le Maroc fait face aux révélations fracassantes du groupe de hackers Jabaroout qui a piraté plusieurs bases de données sensibles, dévoilant au peuple marocain d’énormes scandales passés sous silence.
Si pendant un certain temps, on tentait d’attribuer ces cyberattaques à l’Algérie, il devient de plus en plus évident au Maroc que Jabaroot est bien un produit marocain, conséquence directe de la guerre d’influence dans un système tremblant qui s’attend à une transition brutale.
Source: Algérie aujourd’hui