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Reuters, 15 septembre : Le bombardement du Qatar par Israël la semaine dernière risque de provoquer une nouvelle rupture avec les États arabes qui se réunissent lundi, ouvrant ainsi un nouveau chapitre d’une histoire tumultueuse marquée, depuis la création d’Israël en 1948, par des guerres répétées et des périodes de paix glaciale.
Voici comment les relations se sont développées avec certains grands pays arabes, lesquels ont également entretenu des liens difficiles avec les dirigeants palestiniens au fil des années, compliquant les efforts de stabilisation du Moyen-Orient.
ÉGYPTE
Israël et l’Égypte, l’État arabe le plus peuplé, se sont affrontés lors des guerres de 1948, 1956, 1967 et 1973. Mais l’Égypte a conclu le premier accord de paix arabe avec Israël en 1978 à Camp David. Le président égyptien Anouar el-Sadate, signataire de l’accord, a été assassiné trois ans plus tard.
Le traité de paix reste profondément impopulaire parmi les Égyptiens, selon les sondages, mais il est devenu un pilier durable de la politique étrangère et sécuritaire du Caire, et il est essentiel à sa relation avec les États-Unis. Israël et l’Égypte coopèrent dans le domaine du pétrole et du gaz, mais peu dans les autres secteurs. Les propos de responsables israéliens et américains suggérant que la population de Gaza devrait être partiellement relogée dans le Sinaï ont été vigoureusement condamnés au Caire.
JORDANIE
Deuxième État arabe à faire la paix avec Israël, en 1994, la Jordanie est celui qui entretient les liens les plus étroits avec les Palestiniens. Selon certaines estimations, plus de la moitié de la population jordanienne est d’origine palestinienne – beaucoup étant les descendants de réfugiés qui ont fui ou ont été expulsés lors de la création d’Israël en 1948.
La Jordanie a contrôlé la Cisjordanie et Jérusalem-Est de 1948 jusqu’à ce qu’Israël s’empare et occupe les territoires palestiniens lors de la guerre de 1967. La dynastie hachémite du roi Abdallah est gardienne des lieux saints musulmans et chrétiens de Jérusalem depuis 1924.
Comme pour l’Égypte, l’accord de paix avec Israël est central dans la sécurité et la politique étrangère jordaniennes et constitue un élément clé de ses relations avec les États-Unis. Cependant, la colère face au traitement des Palestiniens par Israël est largement répandue en Jordanie et a été ravivée par la guerre à Gaza.
ÉMIRATS ARABES UNIS
La monarchie du Golfe a surpris de nombreux États arabes en acceptant en 2020 de normaliser ses relations avec Israël – une première dans le cadre des « Accords d’Abraham » sous Donald Trump.
Cet accord a permis aux Émirats arabes unis et à Israël de mieux coordonner leurs positions face à ce qu’ils considéraient comme des menaces communes, à savoir l’Iran chiite et les groupes islamistes sunnites, et il a été perçu à Abou Dhabi comme un moyen de renforcer l’économie du pays et son rôle régional.
Cependant, les Émirats ont toujours affirmé que la normalisation devait servir la cause d’un État palestinien – une perspective de plus en plus mise à mal par la guerre à Gaza et l’accélération de la colonisation israélienne en Cisjordanie. Le raid aérien israélien contre le Qatar, monarchie voisine et membre du Conseil de coopération du Golfe, plonge désormais la relation entre les Émirats et Israël en territoire inconnu.
BAHREÏN, SOUDAN, MAROC
La monarchie du Golfe, Bahreïn, a suivi les Émirats en normalisant ses relations avec Israël peu après. Le Maroc, qui entretenait déjà des liens avec Israël, a accepté de les renforcer dans le cadre des Accords d’Abraham en échange de la reconnaissance par les États-Unis de sa souveraineté sur le territoire disputé du Sahara occidental. Le Soudan, quatrième membre des accords, n’a pas eu le temps de mettre en œuvre la normalisation avant de sombrer dans la guerre.
ARABIE SAOUDITE
Abritant les lieux les plus saints de l’islam, l’Arabie saoudite s’est toujours présentée comme la championne de la cause palestinienne, tout en gardant la porte entrouverte à d’éventuelles relations avec Israël.
En 2000, elle a convaincu d’autres États arabes d’adopter l’initiative de paix arabe, proposant une normalisation complète avec Israël en échange de la création d’un État palestinien avec Jérusalem pour capitale et du retour des réfugiés palestiniens. Ces dernières années, elle semblait se rapprocher d’un accord à l’image des Émirats et de Bahreïn, mais la guerre à Gaza et les frappes israéliennes contre le Qatar, allié du Golfe, rendent cette perspective plus lointaine que jamais.
SYRIE
Israël a conquis une grande partie du plateau du Golan syrien lors de la guerre de 1967 et a proclamé son annexion en 1981. Sous la famille Assad, alliée du grand ennemi régional d’Israël, l’Iran, la relation est restée ouvertement hostile.
Durant la guerre civile syrienne, Israël a bombardé à plusieurs reprises des cibles liées à l’Iran en territoire syrien. Après la chute des Assad en décembre, il a intensifié ses frappes contre les forces syriennes, s’est emparé du mont Hermon et a déployé des troupes dans le sud de la Syrie.
LIBAN
Le Liban abrite de nombreux réfugiés palestiniens et a accueilli l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) à partir de 1970. Israël s’est heurté à plusieurs reprises à l’OLP et a envahi le Liban pour la combattre en 1978 et 1982, occupant le sud du pays jusqu’en 1990.
Le Hezbollah, groupe chiite soutenu par l’Iran, est devenu le principal ennemi d’Israël à sa frontière. La guerre de l’an dernier, déclenchée par le conflit à Gaza, a entraîné de lourdes pertes pour le Hezbollah et a conduit à un cessez-le-feu précaire.
IRAK
Israël a détruit le réacteur nucléaire irakien par un raid aérien en 1981. Depuis la guerre à Gaza, il a frappé à plusieurs reprises des groupes pro-iraniens en Irak.
YÉMEN
Le mouvement Houthi, soutenu par l’Iran, a tenté d’attaquer Israël avec des missiles et des drones depuis 2023 en réaction à la guerre à Gaza. Israël a ciblé les dirigeants houthis et des positions militaires par des frappes aériennes.