Tags: Israël, sionisme, colonialisme, Palestine, Gaza, Hamas, grand israël, moyen orient,
par Mustapha Aggoun
Depuis des décennies, l’histoire se répète, mais chaque fois avec une brutalité plus nue, plus arrogante. Lorsque Benjamin Netanyahou proclame qu’il porte une « mission générationnelle » au service du projet de « Grand Israël », il ne fait que mettre en mots ce qui constitue le cœur battant du sionisme depuis ses origines : l’expansion sans limites, le nettoyage ethnique systématique, l’éradication de la Palestine comme réalité et comme mémoire. Ce n’est pas une sortie isolée, encore moins une surprise : c’est la continuité historique d’un projet colonial qui n’a jamais cessé d’avancer, soutenu par l’aveuglement volontaire de l’Occident et la lâcheté coupable d’un monde arabe réduit à l’impuissance.
Pendant que Netanyahou expose sans fard le véritable visage du sionisme, les chancelleries occidentales ressassent l’illusion éculée du «paradigme des deux États». Cette formule magique, répétée depuis Oslo comme une prière creuse, n’a jamais été qu’un alibi pour légitimer le fait accompli. Pendant que l’on discute dans les salons diplomatiques, Ghaza brûle, la Cisjordanie est morcelée, Jérusalem est annexée, et les colons plantent de nouveaux drapeaux sur des collines arrachées à la terre palestinienne. La Ligue arabe, de son côté, émet des communiqués au ton indigné, dénonçant les « dérives expansionnistes » d’Israël mais ses capitales rivalisent entre elles pour normaliser avec Tel-Aviv, pour signer des contrats, pour offrir une respectabilité diplomatique à un État qui se nourrit du sang et des ruines.
Le « Grand Israël » n’est pas une chimère improvisée. Bien avant la Nakba de 1948, les idéologues sionistes l’avaient déjà dessiné : une carte sans Palestine, une géographie nettoyée de ses habitants originels, remplacés par un peuple importé, encadré, armé, encouragé à s’installer par la force. La Nakba ne fut pas une tragédie accidentelle : elle fut l’acte fondateur, la première étape assumée d’un projet planifié. Et lorsque l’ONU, en 1947, imposa son plan de partage, elle ne fit qu’officialiser cette logique coloniale. Les grandes puissances de l’époque ne voulaient pas mettre fin au colonialisme, elles voulaient seulement déléguer leur héritage à un nouvel acteur Israël qui jouerait le rôle de bastion avancé au Moyen-Orient.
Depuis, le scénario est écrit à l’avance. On a offert à Israël la reconnaissance internationale, on a nié aux réfugiés palestiniens leur droit au retour, on a réduit un peuple entier au statut de mendiants d’aide humanitaire, prisonniers d’un paradigme qui les prive de tout droit politique réel. Et lorsque Netanyahou, aujourd’hui, revendique hautement que la question palestinienne n’est plus un obstacle à la normalisation régionale, il ne fait que se féliciter de cette victoire : la Palestine a été rayée de l’agenda diplomatique, transformée en simple variable humanitaire, un sujet de conférences caritatives, mais jamais de justice.
L’Occident, avec sa rhétorique larmoyante, se complaît dans ce double langage : condamner mollement les « excès », distribuer des cargaisons d’aide alimentaire, tout en continuant à fournir les armes, les financements, la couverture diplomatique nécessaire à la machine de guerre israélienne. Hypocrisie totale : on s’émeut des enfants qui meurent de faim, mais on ferme les yeux sur ceux que les bombes pulvérisent. On pleure sur les tentes de fortune des déplacés, mais on ignore le plan d’ensemble qui vise à effacer toute présence palestinienne de Ghaza à Jérusalem. Le génocide, aujourd’hui, n’est plus seulement toléré : il est rationalisé, accompagné, justifié au nom de la « lutte contre le Hamas », comme si l’anéantissement d’un peuple entier pouvait être réduit à une opération de sécurité.
Quant au monde arabe, il est difficile de parler de faiblesse sans évoquer la trahison. Ceux qui prétendent défendre la cause palestinienne multiplient les déclarations creuses, mais certains parmi eux s’empressent de signer des accords avec Israël, de normaliser une occupation qui dure depuis plus de soixante-quinze ans. La lâcheté n’est plus seulement politique, elle est morale. On se contente de gestes symboliques, de mots convenus, pendant qu’un peuple entier est broyé sous les bombes et que la carte du « Grand Israël » se dessine au grand jour.
Le projet sioniste, désormais, n’avance plus masqué. Il dit clairement ce qu’il veut : un territoire sans Palestiniens, une hégémonie régionale, une reconnaissance internationale totale. Et ce projet prospère précisément parce que la communauté internationale choisit, depuis le début, de détourner le regard. Depuis 1947, chaque décision, chaque compromis, chaque silence a renforcé Israël et affaibli la Palestine. La promesse du « deux États » n’a jamais été qu’une étape intermédiaire pour gagner du temps, pour coloniser davantage, pour préparer l’annonce ultime : celle du « Grand Israël ».
Aujourd’hui, feindre l’ignorance n’est plus possible. La complicité de l’Occident est gravée dans les faits, et la capitulation arabe est devenue un spectacle affligeant. Si le colonialisme européen a pu durer des siècles, c’est parce qu’il était soutenu par les mêmes mécanismes : hypocrisie morale, gestion humanitaire des victimes, discours civilisateurs. Israël n’a rien inventé, il a seulement adapté la recette. Et tant que l’on refusera de nommer les choses colonialisme, apartheid, génocide, le projet sioniste poursuivra sa route, implacable, jusqu’à ce que la Palestine ne soit plus qu’un souvenir muselé, transmis en murmures d’exilés.
Et pourtant, l’Occident se contente d’appeler à la « retenue ». La communauté internationale choisit les fragments de tragédie qu’elle veut dénoncer : un jour la faim, un autre les déplacements forcés, mais jamais l’ensemble, jamais la logique génocidaire. Quant aux régimes arabes, ils choisissent de détourner le regard, espérant que le peuple oubliera, que la Palestine cessera d’exister même dans les mémoires.
Mais l’histoire est implacable : ce que l’on couvre, ce que l’on tait, devient tôt ou tard une honte irréversible. L’Occident porte déjà la responsabilité d’avoir conçu et protégé cette colonie de peuplement. Les Arabes portent celle d’avoir laissé la Palestine devenir le champ d’expérimentation de la lâcheté et de la normalisation.Le projet sioniste : un colonialisme assumé, une complicité universelle
par Mustapha Aggoun
Depuis des décen nies, l’histoire se répète, mais chaque fois avec une brutalité plus nue, plus arrogante. Lorsque Benjamin Netanyahou proclame qu’il porte une « mission générationnelle » au service du projet de « Grand Israël », il ne fait que mettre en mots ce qui constitue le cœur battant du sionisme depuis ses origines : l’expansion sans limites, le nettoyage ethnique systématique, l’éradication de la Palestine comme réalité et comme mémoire. Ce n’est pas une sortie isolée, encore moins une surprise : c’est la continuité historique d’un projet colonial qui n’a jamais cessé d’avancer, soutenu par l’aveuglement volontaire de l’Occident et la lâcheté coupable d’un monde arabe réduit à l’impuissance.
Pendant que Netanyahou expose sans fard le véritable visage du sionisme, les chancelleries occidentales ressassent l’illusion éculée du «paradigme des deux États». Cette formule magique, répétée depuis Oslo comme une prière creuse, n’a jamais été qu’un alibi pour légitimer le fait accompli. Pendant que l’on discute dans les salons diplomatiques, Ghaza brûle, la Cisjordanie est morcelée, Jérusalem est annexée, et les colons plantent de nouveaux drapeaux sur des collines arrachées à la terre palestinienne. La Ligue arabe, de son côté, émet des communiqués au ton indigné, dénonçant les « dérives expansionnistes » d’Israël mais ses capitales rivalisent entre elles pour normaliser avec Tel-Aviv, pour signer des contrats, pour offrir une respectabilité diplomatique à un État qui se nourrit du sang et des ruines.
Le « Grand Israël » n’est pas une chimère improvisée. Bien avant la Nakba de 1948, les idéologues sionistes l’avaient déjà dessiné : une carte sans Palestine, une géographie nettoyée de ses habitants originels, remplacés par un peuple importé, encadré, armé, encouragé à s’installer par la force. La Nakba ne fut pas une tragédie accidentelle : elle fut l’acte fondateur, la première étape assumée d’un projet planifié. Et lorsque l’ONU, en 1947, imposa son plan de partage, elle ne fit qu’officialiser cette logique coloniale. Les grandes puissances de l’époque ne voulaient pas mettre fin au colonialisme, elles voulaient seulement déléguer leur héritage à un nouvel acteur Israël qui jouerait le rôle de bastion avancé au Moyen-Orient.
Depuis, le scénario est écrit à l’avance. On a offert à Israël la reconnaissance internationale, on a nié aux réfugiés palestiniens leur droit au retour, on a réduit un peuple entier au statut de mendiants d’aide humanitaire, prisonniers d’un paradigme qui les prive de tout droit politique réel. Et lorsque Netanyahou, aujourd’hui, revendique hautement que la question palestinienne n’est plus un obstacle à la normalisation régionale, il ne fait que se féliciter de cette victoire : la Palestine a été rayée de l’agenda diplomatique, transformée en simple variable humanitaire, un sujet de conférences caritatives, mais jamais de justice.
L’Occident, avec sa rhétorique larmoyante, se complaît dans ce double langage : condamner mollement les « excès », distribuer des cargaisons d’aide alimentaire, tout en continuant à fournir les armes, les financements, la couverture diplomatique nécessaire à la machine de guerre israélienne. Hypocrisie totale : on s’émeut des enfants qui meurent de faim, mais on ferme les yeux sur ceux que les bombes pulvérisent. On pleure sur les tentes de fortune des déplacés, mais on ignore le plan d’ensemble qui vise à effacer toute présence palestinienne de Ghaza à Jérusalem. Le génocide, aujourd’hui, n’est plus seulement toléré : il est rationalisé, accompagné, justifié au nom de la « lutte contre le Hamas », comme si l’anéantissement d’un peuple entier pouvait être réduit à une opération de sécurité.
Quant au monde arabe, il est difficile de parler de faiblesse sans évoquer la trahison. Ceux qui prétendent défendre la cause palestinienne multiplient les déclarations creuses, mais certains parmi eux s’empressent de signer des accords avec Israël, de normaliser une occupation qui dure depuis plus de soixante-quinze ans. La lâcheté n’est plus seulement politique, elle est morale. On se contente de gestes symboliques, de mots convenus, pendant qu’un peuple entier est broyé sous les bombes et que la carte du « Grand Israël » se dessine au grand jour.
Le projet sioniste, désormais, n’avance plus masqué. Il dit clairement ce qu’il veut : un territoire sans Palestiniens, une hégémonie régionale, une reconnaissance internationale totale. Et ce projet prospère précisément parce que la communauté internationale choisit, depuis le début, de détourner le regard. Depuis 1947, chaque décision, chaque compromis, chaque silence a renforcé Israël et affaibli la Palestine. La promesse du « deux États » n’a jamais été qu’une étape intermédiaire pour gagner du temps, pour coloniser davantage, pour préparer l’annonce ultime : celle du « Grand Israël ».
Aujourd’hui, feindre l’ignorance n’est plus possible. La complicité de l’Occident est gravée dans les faits, et la capitulation arabe est devenue un spectacle affligeant. Si le colonialisme européen a pu durer des siècles, c’est parce qu’il était soutenu par les mêmes mécanismes : hypocrisie morale, gestion humanitaire des victimes, discours civilisateurs. Israël n’a rien inventé, il a seulement adapté la recette. Et tant que l’on refusera de nommer les choses colonialisme, apartheid, génocide, le projet sioniste poursuivra sa route, implacable, jusqu’à ce que la Palestine ne soit plus qu’un souvenir muselé, transmis en murmures d’exilés.
Et pourtant, l’Occident se contente d’appeler à la « retenue ». La communauté internationale choisit les fragments de tragédie qu’elle veut dénoncer : un jour la faim, un autre les déplacements forcés, mais jamais l’ensemble, jamais la logique génocidaire. Quant aux régimes arabes, ils choisissent de détourner le regard, espérant que le peuple oubliera, que la Palestine cessera d’exister même dans les mémoires.
Mais l’histoire est implacable : ce que l’on couvre, ce que l’on tait, devient tôt ou tard une honte irréversible. L’Occident porte déjà la responsabilité d’avoir conçu et protégé cette colonie de peuplement. Les Arabes portent celle d’avoir laissé la Palestine devenir le champ d’expérimentation de la lâcheté et de la normalisation.
Source: Le Quotidien d’Oran