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Ahmed Abdelkrim
La scène est sidérante. Dans une vidéo diffusée le 3 août, David Daniel Cohen, rabbin français, s’adresse à Emmanuel Macron dans des termes qui ne laissent place à aucune ambiguïté : « …il a tout intérêt à préparer son cercueil ». Une menace de mort directe, explicite, visant le chef de l’État, filmée et diffusée à visage découvert.
En droit, le Code pénal est clair : menacer de mort le président de la République est un délit gravissime, puni de plusieurs années d’emprisonnement. Dans les faits, la réponse de l’État varie — parfois avec une célérité implacable, parfois avec une lenteur qui interroge.
Quand la justice s’emballe… ou s’assoupit
Les précédents récents sont éloquents.
• En 2022, un internaute de la Creuse avait écopé de six mois fermes pour avoir posté sur Facebook « Macron guillotine 2022 » : convocation en quelques jours, jugement expéditif.
• En 2023, un imam de la région lyonnaise avait été expulsé vers son pays d’origine en moins d’une semaine pour des propos considérés comme « contraires aux valeurs de la République » — sans menace de mort.
• En 2024, un prêtre breton avait été placé en garde à vue 48 heures après un sermon jugé « haineux » : mise en examen immédiate.
Dans ces cas, la machine politico-judiciaire s’était mise en branle avec une rapidité qui se voulait exemplaire
Pour Cohen, rien de tel. L’affaire, pourtant publique, n’a pas donné lieu à une arrestation immédiate. Aucune garde à vue. Pas de convocation judiciaire annoncée. Pas même une interdiction de se rendre sur le territoire présidentiel ou de communiquer publiquement. L’impression qui se dégage : une enquête au rythme lent, sans volonté manifeste de faire un exemple.
Le ministre de l’Intérieur : la fermeté sélective
Face à une telle menace envers le président, que fait le ministre de l’Intérieur ? Celui qui, il y a quelques mois, s’affichait « intransigeant » face à l’Algérie en exigeant « des preuves de bonne volonté » pour la délivrance de visas, se montre étrangement discret lorsqu’un rabbin français menace son propre chef d’État. Celui qui expulse des imams en 48 heures et dissout des associations sur simple soupçon semble ici se contenter d’attendre les conclusions d’une procédure ordinaire.
Ce contraste est saisissant : le ministre sait être implacable contre les adversaires politiques ou idéologiques désignés comme extérieurs au corps national. Mais lorsqu’il s’agit de sanctionner un membre d’une communauté religieuse plus rarement ciblée par ses coups de filet, la fermeté s’évapore. Bruno Retailleau incarne cette vieille droite déconnectée du réel, qui se nourrit de polémiques stériles pour masquer son absence de solutions concrètes. Toujours prompt à donner des leçons sur l’Algérie et le monde, il ne brille que par ses outrances verbales, croyant que la posture agressive remplace la vision politique. Derrière ses discours, on retrouve un opportuniste qui instrumentalise les peurs pour exister médiatiquement, sans jamais s’attaquer aux véritables défis sécuritaires et sociaux qui minent la France.
Retailleau, c’est ce magicien raté qui jette de la poudre aux yeux pour détourner l’attention : un illusionniste sans talent, un prestidigitateur de cirque oublié, gesticulant seul sous un chapiteau vide.
Macron : « dur » avec l’Algérie, faible face à une menace personnelle
Emmanuel Macron lui-même s’était érigé en champion de l’autorité de l’État. Discours « martiaux » sur la nécessité de « tenir bon face aux régimes étrangers » ; fermeté revendiquée contre les « séparatismes » ; condamnations hautes en couleur contre les « discours de haine » lors de manifestations.
Pourtant, face à un citoyen français qui le menace de mort, silence. Pas de déclaration solennelle pour défendre la fonction présidentielle. Pas d’appel public à des sanctions exemplaires. Pas même un geste politique fort pour marquer la gravité de l’attaque. Ce mutisme laisse l’impression d’un chef d’État prompt à la fermeté quand il s’agit de montrer les muscles à Alger… mais soudain timide quand la menace le vise directement.
Ce mutisme laisse l’impression d’un chef d’État prompt à afficher sa fermeté dans ses relations avec des partenaires étrangers comme l’Algérie — des postures destinées à montrer son autorité sur la scène internationale — mais curieusement silencieux face à une menace interne, directe et personnelle.
Ce décalage envoie un message désastreux : le président semble plus empressé de défendre son image dans les rapports de force diplomatiques que de protéger la fonction présidentielle lorsqu’elle est attaquée frontalement par un citoyen français.
Le silence complice de la classe politique
Plus surprenant encore est l’absence de réaction des tribunes politiques. Les champions autoproclamés de la « République en danger » — Jordan Bardella, Marine Le Pen, Éric Ciotti — restent muets. Aucune indignation publique, aucun communiqué. Le fait qu’un rabbin français ait menacé de mort le président ne semble pas mériter la même indignation qu’une déclaration controversée d’imam ou qu’un tract associatif.
L’affaire Cohen met au jour une vérité embarrassante : « la fermeté républicaine » est appliquée à géométrie variable. La République, qui se veut aveugle aux origines et aux confessions, semble ici plisser les yeux, adapter sa vigueur, calibrer ses réactions.
En laissant cette menace personnelle sans réponse politique forte, Emmanuel Macron ne défend pas seulement mollement sa propre personne : il affaiblit l’image même de l’État qu’il incarne. Un président qui se veut garant de l’autorité ne peut se permettre de choisir ses combats selon l’identité de l’adversaire.
Moralisateur en chef, Emmanuel Macron démontre une fois de plus son incapacité à incarner une vision claire et cohérente. Ses contradictions permanentes ne sont plus des maladresses, mais la preuve d’un président inapte, faible, incohérent et totalement déconnecté des réalités, en France comme à l’international.
Le président français s’illustre une nouvelle fois par son incapacité à comprendre les rapports de force réels. Président affaibli sur la scène intérieure comme internationale, il s’accroche à une posture arrogante, croyant que les méthodes d’intimidation ou de condescendance peuvent fonctionner avec l’Algérie. Ce qu’il ignore – ou refuse d’admettre – c’est que notre pays ne cède ni aux pressions ni aux discours creux : avec un dirigeant qui ne respecte que la fermeté, il est de notre devoir de répondre avec une détermination sans faille, en défendant nos intérêts sans concession.
Source: Alhirak.com
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