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Alors que les mémoires de la guerre d’Algérie (1954-1962) restent un sujet brûlant, la question de la torture pratiquée par l’armée française continue d’alimenter les tensions entre Paris et Alger.
Malgré des aveux d’officiers comme le général Paul Aussaresses et des témoignages poignants de victimes telles que Louisette Ighilahriz, la France hésite encore à assumer pleinement la responsabilité de l’État dans ces exactions, laissant une plaie historique béante. Ce refus de reconnaissance officielle, malgré les appels répétés d’associations et d’historiens, ravive les débats sur la mémoire coloniale et les relations bilatérales.
La torture, utilisée comme arme systématique durant le conflit, a été documentée dès les années 1950 par des intellectuels comme Albert Camus et Pierre Vidal-Naquet, ainsi que par des survivants comme Henri Alleg, dont le livre « La Question » fut interdit en 1958. Des méthodes brutales – électricité, noyade, viols – furent théorisées et enseignées dans des écoles militaires telles que Saint-Cyr, selon des chercheurs comme Raphaëlle Branche. Pourtant, l’amnistie de 1968 a protégé les responsables, et les rares gestes de la France, comme la reconnaissance en 2018 de la mort de Maurice Audin ou en 2021 de l’assassinat d’Ali Boumendjel, restent perçus comme insuffisants. En 2022, l’Élysée a admis que « une minorité de combattants a perpétré la torture », mais sans établir une chaîne de commandement impliquant les plus hautes autorités.
Sur les réseaux sociaux, l’indignation monte : certains dénoncent une «hypocrisie française », tandis que d’autres plaident pour un « devoir de vérité ». En Algérie, cette réticence est vue comme un obstacle à la réconciliation, alors que des commissions franco-algériennes tentent de déminer les différends mémoriels. Les associations, comme la Ligue des droits de l’homme, insistent : reconnaître cette responsabilité ne serait pas un acte de repentance, mais un pas vers l’apaisement et la compréhension des dérives répressives.
Ce blocage persistant soulève des questions cruciales. La France, en évitant une reconnaissance explicite, risque de perpétuer un contentieux qui empoisonne ses relations avec l’Algérie et fragilise son image de soi disant champion des droits humains. Les archives, ouvertes partiellement, pourraient révéler davantage, mais leur accès reste limité. Sans une volonté politique claire, ce passé sombre risque de continuer à hanter les deux nations, laissant les victimes dans l’ombre d’une histoire inachevée.
Source : Réflexion.dz
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