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Damas, Haïfa, Riyad : la cargaison de la honte – Quand l’Arabie Saoudite affrète l’acier de guerre au profit d’Israël, les dockers grecs refusent de charger
Par Mohamed Tahar Aissani
Au cœur de l’été 2025, alors que les bombes continuent de pleuvoir sur Gaza et que les morgues débordent d’enfants au destin interrompu, un fait logistique a réveillé les consciences syndicales en Europe.
Dans un monde anesthésié par les flux financiers, une cargaison d’acier militaire a mis à nu les complicités de certains régimes arabes et la rébellion silencieuse des dockers européens.
La scène se joue entre l’Inde, la Grèce, l’Arabie Saoudite… et Israël.
Une cargaison dissimulée, un pavillon changéLa plateforme de suivi maritime MarineTraffic a révélé le 8 juillet 2025 que la navire « Folk Dammam », battant désormais pavillon saoudien, avait changé de nom à Mondra (Inde), passant de Vega Kolini (sous pavillon des îles Marshall) à son identité actuelle, masquant ses origines. Derrière cette métamorphose se cache une tentative de brouiller les pistes : la Folk Dammam appartient à une entreprise sous la tutelle directe du Fonds souverain saoudien.
Sa mission ? Charger à Athènes une cargaison d’acier militaire en provenance du cargo Ever Golden (navire japonais battant pavillon panaméen), pour la transporter en Arabie Saoudite… avant son acheminement final vers le port de Haïfa, en territoire palestinien occupé.
Les dockers grecs disent non
Mais à quai, quelque chose a déraillé.
La puissante fédération grecque des travailleurs portuaires, l’ENIDEP, a refusé net de charger cette cargaison. Leur communiqué, limpide et sans détour, sonne comme un cri d’honneur :
« Il s’agit d’une cargaison de guerre. Une fois livrée, elle servira à bombarder des enfants, des civils, des hôpitaux, des écoles. Nous refusons d’être les outils de l’OTAN, des États-Unis, de l’Union européenne, d’Israël ou de la Chine dans leur guerre contre les peuples. »
Leur geste n’est pas isolé.
Marseille, Gênes, Le Havre : ports de conscience
Un mois plus tôt, le 4 juin 2025, les dockers du port de Fos-sur-Mer, près de Marseille, ont empêché le chargement de pièces de mitrailleuses destinées à Israël sur un cargo libérien.
En Italie, les ouvriers du port de Gênes ont interdit l’accostage à un navire suspecté de participer à ce même trafic meurtrier. Ils dénoncent « une complicité avec le génocide en cours à Gaza ».
Un front syndical européen, invisible mais lucide, refuse de devenir complice de la mort programmée d’un peuple. Le boycott devient résistance. L’acte syndical se mue en acte politique.
L’Arabie saoudite : rouage zélé de la machine impérialo-sioniste
Face à cette chaîne de refus, les monarchies du Golfe brillent par leur silence complice, voire leur participation active. Riyad, en particulier, poursuit sa normalisation rampante avec Israël. Le royaume wahhabite n’en est pas à sa première cargaison douteuse. Cette fois-ci, il ne s’agit plus de normalisation diplomatique, mais d’une collaboration logistique et militaire directe, camouflée sous des pavillons de convenance.
Alors que des enfants palestiniens meurent sous les décombres à Gaza, des aciers financés par des pétrodollars leur parviennent par des voies tortueuses, certifiées halal par la Realpolitik.
Une géopolitique de la honte
À l’heure où certains États arabes prétendent défendre la cause palestinienne dans les forums internationaux, ils renforcent dans l’ombre les circuits d’armement destinés à leurs bourreaux. Ce double jeu meurtrier est désormais documenté, tracé, suivi, et dénoncé. Les cargaisons ont une mémoire. Les ports aussi.
Les dockers d’Europe nous rappellent que les peuples ont encore des bras pour dire non. Quand les élites marchandent les frontières et les vies, ce sont souvent les travailleurs anonymes qui se dressent, seuls, pour interrompre le cours de l’horreur.
Conclusion :
Dans cette guerre qui se joue autant sur les territoires qu’à l’intérieur des conteneurs, chaque acte de refus, chaque grève, chaque dénonciation devient une barricade symbolique. Le silence des gouvernements arabes est assourdissant ; le geste des dockers grecs est une parole. Et dans ce monde où tout s’achète, l’éthique ouvrière devient une richesse inestimable.
L’acier tue. Mais le refus de le livrer peut sauver.
Source : Forum des libertés Algérie