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Reuters : Le cannabis légal fleurit au Maroc, mais le marché noir attire toujours

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Au Maroc, les observateurs sont ainsi nourris d’un flot constant d’informations liées à la drogue. À ce jour, entre 110 et 140 tonnes de cannabis ont été saisies, bien qu'une partie ait apparemment été redistribuée dans la rue.

Selon Reuters, la réglementation de la culture du cannabis a suscité l’espoir de nouvelles recettes et d’une revitalisation économique dans la région défavorisée du Rif.

Cette mesure a fait du Maroc un précurseur parmi les principaux pays producteurs et le premier au Moyen-Orient et en Afrique du Nord à rejoindre une tendance mondiale qui a vu des pays comme le Canada, l’Allemagne et l’Uruguay légaliser la production et l’utilisation, indique l’agence américaine.

Le pays espérait également attirer les agriculteurs hors de l’économie illégale dans les montagnes agitées du Rif, où la production de cannabis est longtemps restée tolérée pour faciliter la paix sociale.
Al Hoceïma, une grande ville du Rif, a connu les plus grandes manifestations au Maroc en 2016-2017 pour dénoncer les conditions économiques et sociales, ajoute-t-elle.

L’attrait du marché noir persiste

Les efforts de légalisation ont fait leur chemin, avec environ 5 000 agriculteurs rejoignant l’industrie cette année, contre seulement 430 en 2023, selon l’Agence Nationale de Réglementation des Activités Relatives au Cannabis (ANRAC).

Et la production légale a bondi à près de 4 200 tonnes l’an dernier, soit une multiplication par 14 par rapport à la première récolte en 2023.

Néanmoins, le marché noir reste dominant et lucratif en raison de la demande à des fins récréatives en provenance d’Europe et d’Afrique, ce qui pourrait compromettre les efforts visant à réglementer pleinement le secteur.

Le Maroc compte 5 800 hectares de terres légalement cultivées, selon l’ANRAC. Un chiffre qui est éclipsé par la culture illégale qui s’étend sur plus de 27 100 hectares, selon les données du ministère de l’Intérieur.

Alors que de nombreux agriculteurs optent toujours pour la culture illicite, ils sont confrontés au risque de répression accrue de la part des autorités, ce qui a conduit à la saisie de 249 tonnes de résine de cannabis en septembre dernier, soit une augmentation de 48 % par rapport à l’ensemble de l’année 2023, selon le ministère de l’Intérieur.

Mohammed Azzouzi, 52 ans, a passé trois ans à se cacher pour des accusations liées au cannabis avant de recevoir une grâce royale avec plus de 4 800 autres personnes l’an dernier.

Il se prépare maintenant pour sa première récolte légale et espère gagner plus que les 10 000 dirhams (environ 960 euros) qu’il tirait chaque année de l’économie illégale.

La bureaucratie

L’interdiction par le pays de cultiver du cannabis à des fins récréatives, ainsi que les lourdeurs administratives, limitent l’agriculture légale. Chaque étape de la chaîne d’approvisionnement exige une licence spécifique de l’ANRAC, ce qui décourage de nombreux agriculteurs de faire la transition.

Un cultivateur qui souhaite cultiver légalement doit rejoindre une coopérative agréée, qui achète le produit de l’agriculteur et le transforme en dérivés ou vend la résine à d’autres fabricants agréés.
La coopérative de Talbi, Biocannat, près de la ville de Bab Berred, à 300 km au nord de Rabat, a acheté environ 200 tonnes de cannabis l’an dernier à quelque 200 agriculteurs, les transformant en résine, suppléments, capsules, huiles et poudres à des fins médicales et cosmétiques.

À environ 60 km à l’est de Biocannat, dans la principale zone de production d’Issaguen, l’agriculteur Mohamed El Mourabit était initialement plein d’espoir concernant le plan de légalisation en 2021, mais il l’est moins aujourd’hui.

« Le processus est trop compliqué », a-t-il déclaré.

Et l’argent joue également un rôle pour de nombreux agriculteurs, qui sont attirés par les récompenses plus élevées du marché noir, malgré ses risques.

Alors que les coopératives mettent des mois à payer les agriculteurs environ 50 dirhams par kilogramme pour la plante brute, sur le marché illicite, la résine de cannabis transformée peut rapporter jusqu’à 2 500 dirhams par kilogramme, selon les agriculteurs et les militants.
Pour combler cet écart, les défenseurs de la légalisation estiment que la culture à des fins récréatives devrait également être autorisée.

Mais il n’est pas certain que cela se produise de sitôt.

Mohamed Guerrouj, directeur de l’ANRAC, a déclaré que la légalisation de l’usage récréatif ne serait envisagée que dans un cadre médical.

« L’objectif est de développer l’industrie pharmaceutique marocaine… pas des coffee shops », a-t-il affirmé.

Reuters, 29 jui 2025

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