Tags : Maroc, Algérie, disvours du roi Mohammed VI,
Dans son discours annuel à l’occasion de la fête du Trône, prononcé le mardi 29 juillet, le roi du Maroc Mohammed VI a une nouvelle fois tendu la main à l’Algérie, appelant à l’ouverture d’une nouvelle page dans les relations entre les deux pays. Une démarche désormais récurrente, mais dont la portée réelle suscite de nombreuses interrogations.
Ce n’est pas la première fois que le souverain marocain appelle à un rapprochement avec son voisin de l’Est. Ces dernières années, à chaque discours du Trône ou presque, Mohammed VI a multiplié les appels au dialogue, sans que cela ne débouche sur une quelconque avancée tangible. Le Maroc reste inflexible sur la question du Sahara occidental, qualifiée de « cause nationale sacrée », tandis que le ton du discours officiel vis-à-vis d’Alger reste, dans les faits, souvent hostile.
Pourtant, le discours de cette année présente une nuance notable. Bien que les propos sur les liens historiques et culturels entre les deux peuples « la géographie, la langue, la religion et le destin commun » aient déjà été entendus, le roi a introduit une nouvelle formule qui mérite attention.
Le monarque a en effet évoqué la nécessité d’un « dialogue franc et responsable », autour d’une « solution consensuelle qui sauve la face à toutes les parties, où il n’y aura ni vainqueur ni vaincu ». Cette formulation inédite dans le discours officiel marocain suggère, à première vue, une volonté d’apaisement. Toutefois, aucune précision n’a été apportée sur le contenu de cette solution dite « consensuelle », ni sur les « questions en souffrance » qu’il s’agirait de résoudre.
Côté algérien, la position reste inchangée : Alger refuse toute implication directe dans le conflit du Sahara occidental, qu’elle considère comme un dossier de décolonisation opposant le Maroc et le Front Polisario. Elle rejette également le format des « tables rondes » prôné par Rabat.
Le timing de cette nouvelle main tendue n’est pas anodin. Le discours du roi intervient alors que Massad Boulos, conseiller principal de Donald Trump chargé de l’Afrique, du Moyen-Orient et des affaires arabes, effectuait une tournée régionale. Après avoir visité Tunis, Tripoli et Alger, Boulos s’est rendu à Rabat, dans un contexte de redéfinition de la politique américaine au Maghreb.
En avril dernier, dans une interview à la chaîne saoudienne Al Arabiya, le conseiller américain avait laissé entendre que la reconnaissance par Donald Trump, en 2020, de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental n’était « pas une déclaration absolue », ouvrant ainsi la voie à un dialogue entre les parties. Il avait plaidé en faveur d’une « solution rapide acceptée par les deux parties », soulignant que les États-Unis œuvraient pour améliorer les relations entre le Maroc et l’Algérie.
En somme, s’agit-il d’un tournant sincère dans la diplomatie marocaine ou d’un simple ajustement de langage dicté par le contexte géopolitique ? À ce stade, les intentions réelles du royaume restent floues. Mais une chose est sûre : le dialogue ne peut se faire sans gestes concrets. Pour Alger, les bonnes paroles ne suffisent plus.
Amina L.
Source: Reflexion.dz