Sur le plan régional, cette offensive tarifaire pourrait être interprétée comme une tentative de briser les solidarités sud-sud émergentes, dans un moment où des pays comme l'Algérie et la Tunisie cherchent à diversifier leurs alliances. Elle s’inscrit aussi dans une logique trumpienne plus vaste de remise en cause de l’ordre commercial multilatéral, préférant les rapports bilatéraux de force.
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Donald Trump a franchi un nouveau cap dans sa politique commerciale en adressant, au cours de cette semaine, des correspondances officielles aux régimes tunisien et algérien. Ces lettres annoncent l’instauration de nouveaux droits de douane de 25 % sur les exportations tunisiennes et de 30 % sur les produits algériens entrant sur le sol américain.
Bien que formulées sous couvert de rééquilibrage commercial, ces mesures s’inscrivent dans une dynamique plus large de repositionnement stratégique des États-Unis face aux puissances émergentes et aux partenaires dits « non-alignés ».
Ces courriers n’ont rien d’anodin. Ils font partie d’un lot de 14 lettres envoyées par Trump à des États jugés responsables de déficits commerciaux bilatéraux « excessifs ». Or, ni la Tunisie ni l’Algérie ne figurent parmi les principaux partenaires économiques de Washington. Dès lors, la dimension strictement économique de cette décision semble discutable. Elle laisse entrevoir un message à double fond : une volonté d’exercer une pression politique indirecte sur des pays aux postures diplomatiques de plus en plus indépendantes — voire critiques — envers les États-Unis.
En effet, la Tunisie, sous la présidence de Kaïs Saïed, s’est engagée dans un recentrage souverainiste, refusant les conditions du FMI et multipliant les ouvertures vers des partenaires comme la Chine, la Turquie ou la Russie. Quant à l’Algérie, sa diplomatie affirmée sur les dossiers du Sahel, du Sahara occidental ou encore de la Palestine l’éloigne des lignes traditionnelles de Washington. Dans ce contexte, les courriers de Trump prennent des allures de signal politique adressé à des régimes insubordonnés.
Sur le plan régional, cette offensive tarifaire pourrait être interprétée comme une tentative de briser les solidarités sud-sud émergentes, dans un moment où des pays comme l’Algérie et la Tunisie cherchent à diversifier leurs alliances. Elle s’inscrit aussi dans une logique trumpienne plus vaste de remise en cause de l’ordre commercial multilatéral, préférant les rapports bilatéraux de force. Par cette stratégie, Trump ne cherche pas seulement à défendre les intérêts industriels américains : il affirme un pouvoir de sanction économique à visée politique.
Reste à savoir quelles seront les réponses maghrébines. Si Tunis pourrait être tentée de négocier un allègement des mesures, Alger, fidèle à sa doctrine de non-ingérence, pourrait durcir sa position. L’opinion publique, quant à elle, perçoit ces mesures comme une forme de mépris post-colonial à l’égard du Sud. À défaut de provoquer un impact économique massif, ces décisions de Trump pourraient donc renforcer la posture de défiance vis-à-vis de Washington dans les capitales du Maghreb.
En définitive, l’initiative de Trump illustre bien son style de gouvernance transactionnelle, où la diplomatie s’efface devant le chantage commercial. Mais cette méthode comporte un risque : celui d’accélérer l’éloignement de partenaires historiques et de pousser davantage encore les pays du Sud vers d’autres pôles d’influence. Dans un monde de plus en plus multipolaire, la stratégie de confrontation pourrait bien se retourner contre ses instigateurs.
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