Souhaitant se venger d'Aznar, le Maroc, via un organe de la DGED, accusé l'ancien président espagnol d'être le père de la fille de Rachida Dati.
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Deux décennies plus tard, l’ancien président du gouvernement espagnol révèle les pressions françaises sur la souveraineté de ces territoires : « Mon devoir était de défendre chaque centimètre du territoire espagnol. »
L’ancien président du gouvernement espagnol, José María Aznar, a révélé que le président français, Jacques Chirac, lui avait proposé de céder Ceuta, Melilla et le Sahara occidental au Maroc pendant la crise de l’îlot Persil en juillet 2002.
Cette révélation est faite dans le documentaire récemment sorti, « Perejil, la guerra que no fue » (Persil, la guerre qui n’a pas eu lieu), qui retrace les jours tendus de cette confrontation entre l’Espagne et le Maroc pour le contrôle du petit îlot inhabité.
Selon le média El Confidencial, Aznar affirme dans le documentaire que la France a adopté une position clairement favorable au Maroc. « Chirac m’a dit que le mieux était de céder Ceuta, Melilla et le Sahara occidental », raconte l’ancien président, qui assure avoir catégoriquement rejeté la suggestion, la considérant comme une ingérence inadmissible dans les intérêts de la politique étrangère espagnole. « Je lui ai répondu non, en aucune manière », a-t-il ajouté.
Ces déclarations, qui sont rendues publiques plus de vingt ans après l’incident, apportent un nouvel élément controversé au débat sur la souveraineté des villes autonomes espagnoles en Afrique du Nord. Bien que le Maroc ait historiquement revendiqué Ceuta et Melilla, il n’avait jamais été rendu public qu’un dirigeant européen de haut niveau ait proposé de les céder comme solution diplomatique.
Une crise au bord du conflit armé
Le documentaire, produit par La Aventura et diffusé par RTVE, reconstitue avec des images d’archives et des témoignages directs les cinq jours de juillet 2002 où le Maroc a occupé l’îlot Persil avec une douzaine de soldats.
Le Maroc a occupé l’îlot le 11 juillet avec une douzaine de soldats, provoquant une réaction immédiate du gouvernement espagnol. L’Espagne a réagi immédiatement avec l’opération « Romeo-Sierra », reprenant l’îlot sans tirer un seul coup, mais révélant la tension dans les relations hispano-marocaines.
« J’ai donné l’ordre de reconquérir l’île »
« J’ai donné l’ordre de reconquérir l’île. Si l’opération échoue, je démissionne », explique José María Aznar dans le documentaire.
La posture ambiguë de la France, qui, selon les propos d’Aznar maintenant connus, aurait été bien plus alignée avec Rabat qu’on ne le pensait.
Quelques heures plus tard, Rabat reconnaissait l’opération, alléguant que son objectif était de contrôler les côtes pour freiner la contrebande, s’agissant d’un territoire au « statut ambigu ». Mais le documentaire rapporte également une autre interprétation, offerte par des journalistes marocains : que la manœuvre était « la meilleure façon d’embêter Aznar », une phrase que, selon eux, aurait prononcée un conseiller du roi Mohamed VI, alors aux premières années de son règne et ayant des relations tendues avec l’exécutif espagnol.
Jusqu’à présent, ni le gouvernement français ni le gouvernement marocain n’ont répondu aux affirmations d’Aznar. Cependant, sur les réseaux sociaux et dans certains cercles politiques, ses paroles ont déjà généré de fortes réactions, la proposition de Chirac étant même qualifiée de « trahison historique masquée ».
« Mon devoir était de défendre chaque centimètre du territoire espagnol »
Aznar, qui durant son mandat a défendu une politique étrangère basée sur la fermeté, a profité du documentaire pour défendre sa gestion de la crise. « Mon devoir était de défendre chaque centimètre du territoire espagnol », affirme-t-il dans l’une de ses interventions, soulignant que l’action du gouvernement de l’époque « a envoyé un message clair que l’Espagne ne tolérerait pas les agressions à sa souveraineté ».
Ses déclarations ne ravivent pas seulement l’une des crises diplomatiques les plus délicates de la démocratie espagnole, comme la souveraineté de Ceuta et Melilla, mais elles invitent également à réfléchir sur le rôle qu’ont joué certaines puissances occidentales dans les tensions en Afrique du Nord.
Dans un contexte actuel de relations complexes avec le Maroc, et avec Ceuta et Melilla toujours au centre de l’échiquier diplomatique, les paroles d’Aznar acquièrent une pertinence renouvelée.
Source : El Faro de Ceuta, 11 jui 2025
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