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Algérie : Stratégies pour régler durablement le problème des devises

L'Algérie pourrait progressivement adopter un taux de change plus flexible ou semi-flottant. Cette approche permettrait au dinar de mieux refléter les forces du marché tout en évitant des fluctuations trop brusques.

Optimisation de l’allocation de devises: Stratégies pour régler durablement le problème de la convertibilité du dinar

par Salah Lakoues

Pour rendre la décision du Président Tebboune d’augmenter l’allocation de devises pour les voyageurs efficace et utiliser cette mesure pour régler durablement le problème du change en Algérie, plusieurs mesures complémentaires pourraient être envisagées : La transparence des transactions et la disponibilité des devises à un taux de change régulé permettrait d’atténuer les disparités entre les taux officiels et informels.

Rapprocher graduellement le taux de change parallèle de l’officiel en Algérie nécessite une série de réformes économiques et monétaires qui visent à stabiliser la monnaie nationale et à réduire la demande pour le marché informel. Voici plusieurs mesures à envisager :

Adopter un taux de change plus flexible

L’Algérie pourrait progressivement adopter un taux de change plus flexible ou semi-flottant. Cette approche permettrait au dinar de mieux refléter les forces du marché tout en évitant des fluctuations trop brusques. Cela réduirait l’écart entre le taux officiel et le taux informel, rendant le marché officiel plus attractif et plus compétitif. Un des facteurs principaux de l’écart entre les taux est la faible accessibilité des devises étrangères, sur le marché officiel. En augmentant graduellement les allocations en devises pour les voyages, les achats en ligne ou les études à l’étranger, le gouvernement pourrait réduire la pression sur le marché parallèle. Cela nécessiterait une réévaluation régulière en fonction de l’offre et la demande de devises. Pour renforcer la capacité de la Banque d’Algérie à répondre à la demande de devises, il est essentiel d’améliorer les réserves de devises étrangères. Cela pourrait passer par :

Diversification économique : Réduire la dépendance de l’Algérie aux revenus des hydrocarbures et développer d’autres secteurs comme l’agriculture, l’industrie et les services permettrait de générer plus de devises.

Stimulation des exportations : En promouvant l’exportation de biens et services non liés aux hydrocarbures, l’Algérie pourrait augmenter son flux de devises étrangères, contribuant ainsi à stabiliser le taux de change officiel. Une politique monétaire plus proactive, axée sur la stabilité et la réduction de l’inflation, contribuerait à rétablir la confiance dans le dinar. Par exemple, la Banque d’Algérie pourrait ajuster progressivement ses taux d’intérêt pour stabiliser la monnaie et limiter la demande spéculative de devises étrangères. Il serait crucial de réformer et réguler progressivement le marché parallèle, sans adopter des mesures répressives trop strictes qui risquent de le pousser encore plus dans l’ombre. Parmi les actions possibles :

Incitations à l’intégration : Offrir des incitations fiscales ou légales aux opérateurs du marché parallèle pour qu’ils s’intègrent dans le système officiel.

Amélioration de l’accès aux devises : Si l’accès aux devises est plus facile sur le marché officiel, les acteurs du marché parallèle auront moins de raisons de continuer à opérer en dehors du cadre légal.

Le rapprochement du taux de change officiel avec le marché informel doit être un processus graduel, accompagné de réformes structurelles qui visent à renforcer la confiance dans le dinar, améliorer l’accès aux devises, et promouvoir la stabilité économique. Une approche trop rapide ou brutale risquerait d’aggraver les tensions économiques, tandis qu’une stratégie progressive, fondée sur la flexibilité monétaire et la modernisation des institutions, pourrait réussir à long terme. Le marché des devises en Algérie présente des caractéristiques uniques qui sont le résultat de la coexistence de deux taux de change : un taux officiel et un taux parallèle, souvent appelé marché informel. Cette situation crée des distorsions économiques majeures et impacte directement les voyageurs, qu’ils soient des hommes d’affaires ou des touristes.

Taux de change officiel VS marché parallèle

Le taux de change officiel en Algérie est régulé par la Banque d’Algérie, mais il est souvent significativement inférieur au taux pratiqué sur le marché parallèle. Par exemple, au taux officiel, 1 euro peut être échangé contre environ 150 dinars algériens (DA), tandis que sur le marché informel, le taux peut atteindre 230 à 250 DA par euro. Cela représente une différence de plus de 60%, voire davantage, entre les deux marchés.

Causes de l’écart entre les deux taux

1. Contrôle des changes strict : L’Algérie applique un contrôle des changes rigide, limitant le montant de devises qu’un citoyen peut acquérir officiellement. Par exemple, les allocations en devises pour les voyages sont plafonnées à environ 100 euros par an, une somme largement insuffisante pour couvrir les dépenses des voyageurs à l’étranger, que ce soit pour les affaires ou les loisirs.

2. Pénurie de devises étrangères : L’économie algérienne est fortement dépendante des revenus des hydrocarbures, et les fluctuations du prix du pétrole ont un impact direct sur les réserves de devises. Depuis la baisse des prix du pétrole, dans les années 2010, les réserves en devises ont diminué, exacerbant la pénurie et renforçant la demande sur le marché parallèle.

3. Demande soutenue en devises : Les Algériens, qu’ils soient hommes d’affaires, étudiants ou touristes, ont besoin de devises pour diverses transactions à l’étranger. Le marché officiel étant peu accessible ou insuffisant pour répondre à ces besoins, beaucoup se tournent vers le marché informel.

4. Économie informelle florissante : L’économie informelle représente une part importante de l’activité économique en Algérie, et le marché des devises parallèle est l’un de ses piliers. Ce marché s’organise autour de places comme la Place Port-Saïd à Alger, où les devises sont échangées en dehors du cadre légal, mais où les taux sont plus attractifs.

Impacts sur les voyageurs et l’économie

Voyageurs d’affaires : Les hommes d’affaires qui doivent se rendre à l’étranger pour des salons, des négociations ou des partenariats se retrouvent contraints de se tourner vers le marché informel pour obtenir des devises. Cela augmente considérablement leurs coûts, notamment en raison de la marge entre le taux officiel et le taux parallèle, rendant les transactions internationales moins compétitives.

Touristes : Les Algériens qui voyagent pour des raisons touristiques sont également obligés d’acheter des devises sur le marché informel pour pouvoir couvrir leurs dépenses à l’étranger, ce qui limite souvent leur pouvoir d’achat. Le taux officiel est si bas que l’allocation officielle de devises est souvent insuffisante.

Dépréciation du dinar : L’existence de cette différence massive entre les taux de change officiel et parallèle contribue à une perception négative de la monnaie locale et renforce la pression inflationniste. En outre, la persistance du marché informel diminue la confiance des investisseurs étrangers et des acteurs économiques locaux dans la stabilité économique du pays.

Solutions potentielles

Pour réduire cet écart entre les taux de change et minimiser le recours au marché parallèle, plusieurs mesures peuvent être envisagées :

1. Libéralisation progressive du taux de change : Si l’Algérie adoptait un taux de change flottant ou semi-flottant, le marché officiel pourrait mieux refléter les réalités du marché, réduisant ainsi l’écart avec le marché parallèle.

2. Augmentation des allocations en devises : Augmenter les montants alloués pour les voyages d’affaires et personnels permettrait de réduire la dépendance des citoyens envers le marché informel, tout en rendant l’accès aux devises plus transparent et régulé.

3. Renforcement des réserves de devises : Diversifier l’économie et réduire la dépendance aux hydrocarbures améliorerait les réserves en devises, ce qui, à long terme, pourrait stabiliser le dinar et réduire l’importance du marché parallèle.

4. Lutte contre l’économie informelle : Il est crucial de structurer et formaliser l’économie informelle, notamment en rendant les transactions plus transparentes et en instaurant des contrôles plus rigoureux sur les échanges de devises. En somme, le double système de taux de change en Algérie crée des distorsions économiques notables, avec des répercussions directes sur les voyageurs. Tant que les contrôles des changes demeurent stricts et que le marché informel prospère, cet écart continuera de peser sur l’économie algérienne et sur les transactions quotidiennes des citoyens. Rapprocher graduellement le taux de change parallèle de l’officiel en Algérie nécessite une série de réformes économiques et monétaires qui visent à stabiliser la monnaie nationale et à réduire la demande pour le marché informel. Voici plusieurs mesures à envisager :

1. Adopter un taux de change plus flexible

L’Algérie pourrait progressivement adopter un taux de change plus flexible ou semi-flottant. Cette approche permettrait au dinar de mieux refléter les forces du marché, tout en évitant des fluctuations trop brusques. Cela réduirait l’écart entre le taux officiel et le taux informel, rendant le marché officiel plus attractif et plus compétitif.

2. Augmentation des allocations en devises

Un des facteurs principaux de l’écart entre les taux est la faible accessibilité des devises étrangères sur le marché officiel. En augmentant, graduellement, les allocations en devises pour les voyages, les achats en ligne ou les études à l’étranger, le gouvernement pourrait réduire la pression sur le marché parallèle. Cela nécessiterait une réévaluation régulière en fonction de l’offre et la demande de devises.

3. Amélioration des réserves de devises étrangères

Pour renforcer la capacité de la Banque d’Algérie à répondre à la demande de devises, il est essentiel d’améliorer les réserves de devises étrangères. Cela pourrait passer par :

Diversification économique : Réduire la dépendance de l’Algérie aux revenus des hydrocarbures et développer d’autres secteurs comme l’agriculture, l’industrie, et les Services permettrait de générer plus de devises.

Stimulation des exportations : En promouvant l’exportation de biens et services non liés aux hydrocarbures, l’Algérie pourrait augmenter son flux de devises étrangères, contribuant ainsi à stabiliser le taux de change officiel.

4. Réformes de la politique monétaire

Une politique monétaire plus proactive, axée sur la stabilité et la réduction de l’inflation, contribuerait à rétablir la confiance dans le dinar. Par exemple, la Banque d’Algérie pourrait ajuster progressivement ses taux d’intérêt pour stabiliser la monnaie et limiter la demande spéculative de devises étrangères.

5. Régulation du marché informel

Il serait crucial de réformer et réguler progressivement le marché parallèle sans adopter des mesures répressives trop strictes qui risquent de le pousser encore plus dans l’ombre. Parmi les actions possibles :

Incitations à l’intégration : Offrir des incitations fiscales ou légales aux opérateurs du marché parallèle pour qu’ils s’intègrent dans le système officiel.

Amélioration de l’accès aux devises : Si l’accès aux devises est plus facile sur le marché officiel, les acteurs du marché parallèle auront moins de raisons de continuer à opérer en dehors du cadre légal.

6. Renforcement des institutions bancaires

Un des facteurs favorisant le marché parallèle est la méfiance envers le système bancaire officiel. Pour restaurer la confiance, il serait crucial de : Moderniser les infrastructures bancaires et offrir des services plus accessibles, notamment dans les zones rurales. Faciliter l’accès à des services financiers, comme l’ouverture de comptes en devises, en réduisant la bureaucratie et les exigences administratives.

7. Soutien aux investisseurs étrangers

En encourageant les investissements étrangers, notamment dans des secteurs non-pétroliers, l’Algérie pourrait attirer davantage de devises. Pour cela, il est nécessaire de créer un environnement économique plus stable et prévisible, en améliorant la transparence, la sécurité juridique, et en facilitant les transactions en devises. Les transferts de fonds de la diaspora algérienne en 2023 représentent un enjeu économique majeur. Officiellement, environ deux milliards d’euros ont été transférés par des circuits formels. Cependant, les circuits informels, qui représentent jusqu’à cinq milliards d’euros, surpassent largement les canaux officiels. Cette dynamique s’explique par la grande différence entre les taux de change officiels et ceux du marché parallèle. Le taux de change officiel du dinar algérien est souvent significativement inférieur à celui pratiqué dans les circuits informels. Cela pousse les membres de la diaspora à utiliser des moyens non officiels pour maximiser la valeur de leurs transferts. Les bénéficiaires en Algérie, qui ont besoin d’optimiser leurs revenus, favorisent également ces canaux pour obtenir plus de dinars pour chaque euro transféré.

Si une réforme graduelle du taux de change était mise en place, où l’écart entre les taux officiel et informel se réduisait progressivement, plusieurs conséquences positives pourraient en découler :

1. Inversion de la dynamique : En réduisant l’écart entre les deux taux, la diaspora pourrait être incitée à transférer plus de fonds via les circuits formels. Cela augmenterait la confiance dans les institutions financières algériennes et pourrait encourager l’utilisation de services bancaires officiels pour des raisons de sécurité et de régulation.

2. Hausse des réserves en devises : En transférant plus de fonds via les canaux formels, l’Algérie bénéficierait d’une augmentation de ses réserves de devises étrangères. Cela pourrait renforcer la stabilité financière du pays et réduire sa dépendance aux importations financées par la rente pétrolière.

3. Réduction de l’économie informelle : Un tel processus de convergence des taux réduirait l’attractivité du marché informel, aidant à mieux contrôler l’économie souterraine, à améliorer la collecte des données économiques, et à favoriser une transparence accrue.

4. Stimulation de l’investissement : Avec des taux de change plus compétitifs, la diaspora algérienne pourrait être plus encline à investir dans des projets locaux, tels que des petites entreprises ou des initiatives agricoles, contribuant ainsi au développement économique du pays.

5. Renforcement du secteur bancaire : Le passage progressif de la diaspora vers les circuits officiels renforcerait le secteur bancaire, le rendant plus attractif pour de nouveaux services financiers, tels que les crédits et les investissements, ce qui pourrait soutenir la modernisation des infrastructures économiques.

En somme, une réforme graduelle et bien encadrée du taux de change permettrait d’attirer davantage de transferts de la diaspora via les circuits formels, tout en limitant les effets néfastes de l’économie parallèle, et en contribuant à un développement économique plus durable pour l’Algérie.

8. Campagne de sensibilisation et de confiance

L’État peut lancer une campagne de sensibilisation pour promouvoir l’usage du marché officiel et montrer les avantages d’un système régulé. Une telle démarche peut inclure des programmes éducatifs et des incitations financières, comme des taux plus compétitifs pour les transactions légales.

Le rapprochement du taux de change officiel avec le marché informel doit être un processus graduel, accompagné de réformes structurelles qui visent à renforcer la confiance dans le dinar, améliorer l’accès aux devises, et promouvoir la stabilité économique. Une approche trop rapide ou brutale risquerait d’aggraver les tensions économiques, tandis qu’une stratégie progressive, fondée sur la flexibilité monétaire et la modernisation des institutions, pourrait réussir à long terme.

Le Quotidien d’Oran

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