Algérie-Maroc : Bataille pour la présidence tournante de l’UA

Pour contrecarrer l’influence de l’Algérie et courtiser les « voies » des pays du Sahel, le Maroc n’a pas hésité à proposer une « chimère » aux quatre pays de cette région, le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad.

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Entre les deux pays, la bataille des coulisses fait rage. L’objectif est de décrocher la présidence tournante de l’Union africaine lors du 37e Sommet des chefs d’État de l’organisation panafricaine, prévu les 17 et 18 février 2024 à Addis-Abeba.

Le clasico est de retour. La confrontation n’aura pas lieu sur un terrain de football ni dans un terrain d’un autre sport. L’arène sera le Centre de conférence Addis-Abeba, en Éthiopie, siège de l’Union africaine. Une arène devant être le théâtre d’une confrontation entre l’Algérie et le Maroc à l’occasion de la tenue du 37e Sommet des chefs d’État et de chefs de gouvernement de l’organisation panafricaine, prévu les 17 et 18 février 2024 à Addis-Abeba.

Les deux pays sont en compétition pour le poste de Président de l’Union africaine. Le président en exercice de l’Union africaine depuis le 18 février 2023, le comorien Azali Assoumani dont l’exercice s’achève à l’occasion du 37e sommet, ne connait toujours pas son potentiel successeur. D’autant que le comorien est dépourvu de premier vice-président. Un siège traditionnellement attribué au pays amené à décrocher, l’année suivante, la présidence tournante. Poste revenant, cette année, de droit à un pays nord-africain. Or, la rivalité algéro-marocaine fait rage dans tous les domaines politiques, économiques, diplomatiques et sportifs dans le but d’établir un leadership continental en Afrique. Une bataille devant être alimentée par des attaques et contre-attaques à l’approche du 37e sommet des chefs d’État et de chefs de gouvernement de l’organisation panafricaine.

L’Algérie s’est déclarée candidate en premier, lors du précédent sommet, suivie quelques jours plus tard par le Maroc, décidé à ne pas laisser les clés de l’institution à son voisin de l’Est. En l’absence de relations diplomatiques entre les deux pays maghrébins, parvenir à un consensus entre eux semble loin, et le seul moyen de surmonter ce différend est le jeu des coulisses. Aussi, il n’est pas exclu de voir les chefs de diplomatie des deux pays entamer une tournée africaine pour rallier des soutiens en faveur de leur programme respectif. A moins qu’un troisième pays vienne jouer les «lièvres». Un rôle risqué d’arbitre que la Mauritanie de Mohamed Ould El-Ghazaouani. Depuis, entre Alger et Rabat, la bataille fait rage. L’enjeu en vaut la chandelle.

La bataille se jouera dans les coulisses. Pour Rabat, l’objectif central d’une mainmise sur la présidence de l’Union Africaine est d’isoler la Front Polisario et faire barrage à l’influence retrouvée de l’Algérie en Afrique. Un Royaume marocain qui aspire à faire de l’UA un tremplin pour, d’une part, saper le soutien africain à la cause sahraouie, et, d’autre part, de se donner une tribune pour remettre au goût du jour son activisme en faveur de l’octroi à l’entité sioniste, qui n’a pas digéré d’être mis hors-jeu lors du dernier Sommet le statut d’observateur. D’autant que le Maroc est le seul pays africain qui refuse toujours de ratifier la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples. C’est aussi le pays africain qui continue à violer systématiquement la Charte fondatrice de l’Union africaine, notamment l’article 4 qui stipule l’obligation de respecter les frontières héritées au moment de l’indépendance.

Pour contrecarrer l’influence de l’Algérie et courtiser les « voies » des pays du Sahel, le Makhzen n’a pas hésité à proposer une « chimère » aux quatre pays de cette région, le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad. Selon les éléments de langage de la diplomatie du Makhzen, l’offre vise à transformer les économies du Sahel, à améliorer la vie de ses populations et à favoriser la sécurité dans la région. Pour ce faire, le Maroc se dit prêt à mettre « ses infrastructures routières, portuaires et ferroviaires» à la disposition des quatre pays, omettant cde signaler, au passage, l’existence de frontières communes entre ces pays et le Royaume chélifien.

Qu’à cela ne tienne. Les promesses n’engagent bien souvent que ceux qui les écoutent. Une certitude, avant le prochain Sommet de l’organisation panafricaine, les luttes d’influence en coulisses et les promesses de médiation dans les conflits seront des armes à ne point négliger.

Badis B.

Crésus, 17/01/2024

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