Espionnage, SMS et surveillance : L’action du Maroc au PE

Espionnage, SMS et surveillance… la tentaculaire et hyperactive influence marocaine auprès de l’Union européenne

Accusé de corruption dans le Qatargate, le Maroc a développé un impressionnant réseau à l’UE. Enquête sur l’influence polymorphe de Rabat à Bruxelles, en collaboration avec la cellule investigation de Radio France.

Par Pauline Hofmann et Benoît Collombat (Radio France)

Des voyages, des « petits » cadeaux, mais aussi des milliers d’euros en cash. Voilà comment le Maroc rétribuait Pier Antonio Panzeri pour son « travail » au sein des institutions européennes, selon les déclarations de l’intéressé aux enquêteurs. Mais ce scandale de corruption, qui secoue toujours et encore le Parlement européen, n’est que la face émergée d’une omniprésence marocaine dans les institutions. « Cette action de corruption n’est pas simplement déployée occasionnellement. Il s’agit plutôt d’une méthode, une présence durable », souligne Francesco Bastagli, ancien représentant spécial des Nations unies pour le Sahara occidental de 2005 à 2007. Le Sahara occidental est une région au statut contesté, dont le Maroc revendique la souveraineté. Francesco Bastagli décrit une méthode très bien rodée « qui cherche les faiblesses, les fissures du système pour le pénétrer. »

En partenariat avec la cellule investigation de Radio France, Le Soir a enquêté sur la tentaculaire et hyperactive influence que cet essentiel partenaire sécuritaire, migratoire, environnemental et économique déploie à Bruxelles. Et le Maroc ne lésine pas sur les moyens. « Ils sont très bien organisés, très efficaces. Mais c’est aussi qu’en comparaison avec les pays voisins, ils développent un plaidoyer très clair », pointe un membre du Parlement européen. « L’ambassade du Maroc est connue à Bruxelles pour être très active et pour essayer de nouer des relations diplomatiques avec un maximum d’acteurs de la sphère européenne », souligne l’eurodéputée Manon Aubry (La Gauche, co-présidente de groupe). « Les Marocains sont les plus brillants » en diplomatie, continue un autre. Des professionnels de l’influence. Ni l’ambassade du Maroc à Bruxelles, ni celle à Paris n’ont accepté de répondre à nos questions.

Redorer son image grâce aux lobbys « classiques »

Ce n’est un secret pour personne : Bruxelles est la capitale des lobbys. Et le Maroc, comme d’autres pays, a fait appel aux services d’agences de relations publiques pour gérer son image. Aujourd’hui appelée Portland communications, l’agence G+ Europe a été embauchée en 2013, d’après une lettre du ministère marocain des Affaires étrangères qui a été dévoilée dans une fuite de documents appelés Maroc Leaks. Portland communications n’a pas donné suite à nos questions sur la nature du contrat.

Hill & Knowlton, autre cabinet bien connu, a également travaillé pour le Maroc, en 2015-2016, pour une mission qui devait « recréer du lien et une meilleure image auprès des institutions européennes et belges », dans le contexte des attentats terroristes qui ont frappé le pays, confirme un membre de l’agence. « Je crois savoir qu’ils ont sans arrêt changé d’agence de relations publiques depuis. » Le directeur exécutif stratégique de Hill & Knowlton a développé une affinité particulière avec le Maroc, puisqu’on le retrouve parmi les fondateurs d’EuroMedA, une association qui se veut « un espace de débats (pour) des leaders politiques des deux rives de l’Europe et de l’Afrique », où le Maroc joue « un rôle pivot ».

Depuis 2015-2016 et la décision de la Cour de justice de l’Union européenne dénonçant une partie des accords commerciaux UE-Maroc, « j’ai vu une transformation de leur lobbying », estime le Belge Mahjoub Maliha, activiste sahraoui et victime du logiciel espion Pegasus (que le Maroc est soupçonné d’avoir abondamment utilisé). Ils se sont rendu compte que le lobbying via des lobbys classiques n’était pas suffisant pour défendre des accords illégaux. »

Une multiplication d’organisations pro-Maroc

A Bruxelles, les associations pro-Maroc pullulent. Elles émergent régulièrement, diffusant une vision marocaine sur des enjeux stratégiques comme la migration, le développement économique et environnemental du pays ou encore le Sahara occidental, un territoire au statut contesté sous occupation marocaine.

Créée en 2018, EuroMedA voit dans le Maroc « la clé de voûte de la construction de l’espace européen, méditerranéen et africain », peut-on lire sur son site internet. « Le but de cette fondation n’était pas d’influencer la politique européenne, mais de développer des projets d’aide en Afrique avec des programmes de formation, de jumelage, la formation de femmes imams », souligne Alain Berger, son co-fondateur et également directeur exécutif chez Hill & Knowlton. Mais de son aveu même, le projet a fait long feu. Reste aujourd’hui un site internet qui regorge d’articles où est mentionné le Maroc.

Aux côtés d’Alain Berger, on découvre parmi les fondateurs un certain Gilles Pargneaux, très connu dans les milieux marocains de Bruxelles. On y reviendra. Mais aussi Mohamed Cheikh Biadillah, qui présidait à l’époque le groupe d’amitié parlementaire Maroc-Union européenne, mais aussi dans son conseil d’administration l’ex-ministre marocain des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar.

Sur EU Today, on retrouve le discours d’une autre organisation pro-Maroc. Ce fake média, pointé par Le Soir et Forbidden Stories dans son enquête Story Killers sur le business de la désinformation, a donné la parole à une organisation fantôme, appelée Organisation internationale pour le soutien du plan d’autonomie au Sahara occidental. Créée en 2017, elle est devenue en 2018 le Comité européen de soutien au plan d’autonomie au Sahara occidental. Cités par EU Today, les propos de son vice-président, également dirigeant d’une entreprise de relations publiques à Bruxelles, ont ensuite été abondamment repris dans des médias pro-marocains.

Et puis il y a le Cobesa. Créé en 2021, le Comité belge de soutien au plan d’autonomie du Sahara occidental est présidé par le député socialiste belge Hugues Bayet. Lors de la soirée de lancement de ce « collectif de citoyens » au Press Club Europe, on retrouvait notamment l’ambassadeur marocain à Bruxelles, Mohamed Ameur. « J’imagine que l’ambassadeur a trouvé que ce collectif était une bonne idée puisqu’il a accepté de venir parler », explique le socialiste. L’invitation, qui a aujourd’hui disparu d’internet, précisait que l’organisation vise à « soutenir également ce processus dans cette région stratégique pour la Belgique et pour l’Europe et avec l’ambition de porter un message de paix ». « Nous ne sommes pas pro-Maroc », défend Hugues Bayet. « Nous défendons le plan des Nations unies. »

L’activiste sahraoui Mahjoub Maliha ne peut s’empêcher de noter la proximité entre le nom de sa propre organisation (Codesa) et de Cobesa… Pour lui, cela vise à créer de la confusion. Hugues Bayet, de son côté, assure n’avoir jamais entendu parler du Collectif des défenseurs sahraouis des droits de l’Homme, l’organisation sahraouie active à Bruxelles.

Dans les couloirs du Parlement, surveillance, espionnage et lobbying

Il suffit de se souvenir de la session plénière du Parlement européen, en janvier. Pour la première fois depuis un quart de siècle, les eurodéputés y ont voté une résolution critiquant le bilan marocain sur les droits humains. Le projet a suscité un branle-bas de combat du côté de Rabat, qui a dépêché en dernière minute plusieurs de ses parlementaires à Strasbourg. Dans les couloirs de l’hémicycle alsacien, ces représentants marocains ont multiplié cahin-caha les rendez-vous pour tenter de faire pencher la balance. « On a senti une pression importante de (ces) élus », souligne l’eurodéputée Manon Aubry. « Le président du groupe socialiste du parlement marocain a fait pression sur les socialistes européens. » « Le Maroc cherche à étouffer toute critique de sa politique interne, notamment en ce qui concerne ses violations des droits humains et de la liberté d’expression », décrit le chercheur Hugh Lovatt, du European Council of Foreign Relations.

Cet événement est loin d’être isolé, souligne l’eurodéputée belge Saskia Bricmont (Ecolo), « les représentants marocains sont très présents, dans le cadre de nos travaux. Par leur présence, ils sont là sans doute aussi pour marquer une forme de pression vis-à-vis de certains députés qui seraient plus enclins à défendre le point de vue marocain, d’autant plus qu’ils savent qu’ils sont quelque part surveillés, entendus par eux. »

« Le Maroc a deux à trois personnes à temps complet sur le Parlement européen », estime un membre du PE. « Je sais qu’ils invitent des gens au resto », continue-t-il. « Ce qui est assez classique. Mais avec le Maroc, c’est “plus si affinités”. » « Le Maroc suit toutes les commissions qui le concernent. Ils sont tout le temps là lors de ces réunions publiques », poursuit Mahjoub Maliha, qui fait lui-même du lobbying pour la cause sahraouie. « Quand j’y suis, ils me suivent partout. Ils prennent des photos. Lorsque je rencontre des personnes au Mickey Mouse Bar (l’un des cafés du Parlement européen, NDLR.), ils prennent la table à côté de moi. Puis demandent des rendez-vous avec les personnes que j’ai rencontrées. » Selon lui, des faux journalistes traîneraient dans les couloirs.

En 2018, la Belgique expulsait de son territoire une ressortissante marocaine, qui avait notamment organisé une conférence dans les locaux de l’institution. Motif : elle était suspectée d’être une espionne. Selon un document de l’Office des étrangers citant la Sûreté de l’Etat, Kaoutar Fal était « activement impliquée dans des activités de renseignement au profit du Maroc » et « en contact avec des personnes qui sont connues de la Sûreté de l’Etat pour leurs activités en faveur de services de renseignement étrangers offensifs ». Elle n’a pas donné suite à nos questions.

SMS, lettres & cie…

Le Maroc n’est jamais à court d’émissaires pour envoyer ses missives. Pourtant, ironie de l’histoire, depuis deux ans, le Maroc n’a pas dépêché d’ambassadeur auprès de l’Union européenne. Mais d’autres diplomates prennent le relais pour organiser les appels du pied, par email, lettres ou messages envoyés aux Européens.

Le 6 septembre 2022, le CEO de l’entreprise Archirodon, Dennis Karapiperis, a envoyé un email à 15 eurodéputés espagnols. L’armateur et spécialiste de la construction grec leur demandait instamment de rejeter une résolution, qui, selon lui, « remet en cause l’intégrité territoriale du Maroc et demande la fin des accords signés avec le Maroc, en tant que pays qui viole les droits humains et tient l’Union européenne en otage ». A l’origine de cette missive, explique-t-il noir sur blanc, un échange avec « l’ambassadeur du Royaume du Maroc à Athènes, M. Mohammed Sbihi ». A des milliers de kilomètres de Bruxelles, le royaume chérifien a réussi à organiser la riposte électronique. Mais, jure le CEO d’Archirodon, « la position du groupe (qui n’est pas politiquement affecté ou biaisé) et (…) provient exclusivement de son expérience commerciale dans le Royaume du Maroc », et notamment au Sahara occidental.

En 2013, dans un échange entre l’ambassadeur du royaume à l’UE et son ministre des Affaires étrangères, le premier racontait les courriers et argumentaires envoyés aux membres du Parlement européen « dans la perspective du vote sur le protocole de pêche Maroc-UE ».

Un membre du Parlement européen nous a également détaillé et montré ses échanges avec un conseiller de Rabat. « Cela arrive tous les deux, trois mois. La première fois, il m’a directement envoyé des documents alors que je ne le connaissais pas. » Régulièrement, continue ce connaisseur de la région, « ils me demandent des informations sur l’agenda du Parlement européen pour des textes qui concernent le Maroc. Généralement, j’essaie de leur répondre vaguement. » Il nous montre également les positions développées par son interlocuteur, mais aussi le transfert de communiqués du cabinet royal espagnol partageant la position marocaine. « Ces textes ont été envoyés à plusieurs eurodéputés », peut-on lire dans le message du conseiller marocain.

Les hommes de confiance de Rabat

La diplomatie marocaine pouvait jusqu’en 2019 compter sur deux eurodéputés, connus pour diffuser la bonne parole. « J’ai commencé à voir deux députés se détacher », détaille l’ex-élue européenne portugaise Ana Gomes (S&D). L’un des deux noms est désormais bien connu du grand public : Pier Antonio Panzeri. Au cœur du Qatargate, cet ancien eurodéputé a avoué devant la justice belge avoir touché de l’argent du Maroc pour influencer les institutions européennes. Lors de ses dernières auditions, il raconte les multiples invitations au Maroc, notamment avec d’autres eurodéputés, mais aussi comment Abderrahim Atmoun, actuel ambassadeur marocain en Pologne et ex-président de la commission parlementaire mixte UE-Maroc, l’a financièrement aidé dans sa campagne électorale… Ce dernier n’a jamais donné suite aux questions du Soir. Pier Antonio Panzeri a été à la tête de la délégation Maghreb au Parlement européen.

Un autre nom revient dans la bouche de nos interlocuteurs : Gilles Pargneaux. Selon Ana Gomes, cet ancien eurodéputé français (S&D, comme elle) « affichait ostensiblement qu’il était un agent du Maroc. De temps en temps, il se présentait même comme conseiller de Sa Majesté Le Roi. Il ne parlait bien sûr pas du Roi de France… » « Pour des raisons personnelles, il a le Maroc dans le cœur et le sang. Il considère que son combat politique passait par la défense des intérêts marocains », décrit Alain Berger, co-fondateur d’EuroMedA avec Gilles Pargneaux. Un élu du Parti socialiste de l’Hexagone dit du Français qu’il « était très fier d’être quelque part le représentant des intérêts marocains au sein du Parlement européen. Il ne le disait pas comme ça, mais ça apparaissait très fortement ».

Gilles Pargneaux, lui, nie tout lien formel avec le Maroc et s’être présenté « comme étant le conseiller de sa Majesté », qu’il dit n’avoir « jamais vue ni rencontrée personnellement. Je n’ai pas défendu les intérêts du Maroc ». Comme président du groupe d’amitié UE-Maroc, Gilles Pargneaux se voyait davantage comme un « facilitateur, un lien permettant de réussir le statut avancé que le Maroc a avec l’Union européenne. » Il assure vouloir porter plainte contre les accusations réitérées d’Ana Gomes.

Pargneaux comme Panzeri « faisaient des voyages », continue l’ancienne élue, rejointe par plusieurs autres sources qui ont requis l’anonymat. « Ils invitaient des membres à aller dans ces voyages qui n’étaient évidemment pas payés par le Parlement, avec notre allocation, mais des voyages qui convenaient aux Marocains, dans des hôtels de luxe. » « Bien évidemment, quand on était au Maroc, on a été accueilli comme toute délégation par les autorités marocaines », réagit Gilles Pargneaux. Mais « contrairement à ce que dit Mme Gomes, on n’est pas dans un hôtel cinq étoiles quand on est à Laayoune », au Sahara occidental. « Ce sont des séjours, des déplacements professionnels », tient-il à préciser.

De possibles tentatives de corruption

A la lumière du « Qatargate », d’autres personnes actives dans la sphère européenne racontent les tentatives de corruption. C’est le cas de Pierre Galand, ex-secrétaire général d’Oxfam Belgique et activiste pro-sahraoui. « Dans les années 90, je suis approché par un journaliste marocain très sympathique. Un jour, il va me dire : “Ecoute, je dois te dire, on se connaît bien maintenant. Je ne suis pas simplement un journaliste. Je suis l’envoyé des autorités marocaines. Je suis là pour te demander une chose… (…) Ce qu’on te demande, c’est simplement de ne plus parler du Sahara occidental. On ne te demande pas de dire, demain, que tu es avec nous contre les Sahraouis. Tu gardes tes convictions mais tu n’en parles plus. (…) Tu nous dis combien les Algériens te payent et nous payerons le double.” Je lui réponds : “Quoi ? Zéro plus zéro, ça fait toujours zéro ! Fous le camp”. »

Début décembre, c’est l’ex-eurodéputé français José Bové qui racontait un autre épisode sur France Inter. « Dans les années 2009-2014 », alors qu’il était rapporteur dans la commission pour le commerce extérieur, il s’était opposé à un accord de libre-échange agricole avec le Maroc. « Le ministre de l’Agriculture [de l’époque, Aziz Akhannouch] ne supportant pas que je puisse m’opposer à ce projet, m’a proposé de m’amener un cadeau à Montpellier, dans un café qui soit discret », a-t-il dit. « Qu’est-ce que voulez que ce soit d’autre ? » que de l’argent, a-t-il précisé. Selon son récit, il a donné rendez-vous au cabinet de son avocate, et « ça s’est arrêté-là ». Actuellement Premier ministre, Aziz Akhannouch a déposé une plainte en diffamation.

Les groupes d’amitié et parlementaires

Lors de la précédente législature, le groupe d’amitié UE-Maroc, aujourd’hui tombé en désuétude, semble avoir joué un rôle clé pour Rabat. Dans un document de 2014, le ministère marocain des Affaires étrangères s’attardait sur ce groupe informel, à l’époque présidé par Gilles Pargneaux. Le document décrit les différentes étapes (son élargissement à des élus de gauche radicale, réputés plus favorables à la cause sahraouie), mais aussi les discours (visiblement appréciés) de son président.

Lors des différents voyages déclarés sur le site du Parlement, on constate également que ces derniers vont régulièrement faire un arrêt chez leurs homologues de Rabat. On a également vu le rôle joué par un des suspects du Qatargate, Abderrahim Atmoun, qui présidait côté marocain le groupe de contacts entre parlementaires à Rabat et ceux à Bruxelles. Après des années de contacts professionnels et personnels avec Panzeri, il est suspecté de l’avoir finalement corrompu.

Les alliés nationaux et historiques

Le Maroc « bénéficie aussi du soutien politique de beaucoup d’Etats membres dont la France, l’Espagne et l’Allemagne », souligne le chercheur Hugh Lovatt. Rabat peut aussi compter sur la Belgique et sa diaspora. « Les eurodéputés dont les pays ont une grosse communauté marocaine n’osent pas s’impliquer dans les textes qui touchent le Maroc », décrit un fin connaisseur de la région au Parlement européen. Les intérêts de leur pays d’origine jouent dans les motivations des élus à voter pour ou contre un texte. Pierre Galand va un pas plus loin : il parle d’une « filière française » dans les institutions. « Pendant la négociation sur les accords de pêche, au Parlement européen ou à la Commission, depuis le cabinet de M. Borrell jusque dans les services de la Commission Pêche, des fonctionnaires français étaient là pour veiller à la défense de leur “protectorat”, le Maroc. Et dans le cadre des accords de pêche, ils étaient plus actifs que les Espagnols, ils étaient partout. »

Député fédéral Les Engagés, Georges Dallemagne estime que, pour Rabat, la communauté belgo-marocaine est une « projection du Maroc », qui développe également son réseau dans les institutions belges. « Bruxelles est le lieu des institutions internationales : Union européenne, Otan… A travers cette présence en Belgique, ils espèrent un impact sur la politique belge, sur des sujets qui tiennent à cœur aux Marocains (le Sahara occidental, le culte, des questions de sécurité, d’énergie…). » « La Belgique a des relations très étroites avec le Maroc », continue-t-il. Mais selon lui, « elles ne doivent pas empêcher d’avoir une vigilance et un langage clair à son égard. En lui disant que nous attendons de sa part une attitude, des comportements pour permettre à cette relation de rester amicale. Donc, ne pas découvrir des actions qui se mènent dans l’illégalité et qui pourraient fragiliser nos démocraties ».

Biographies

Pier Antonio Panzeri

L’Italien a été eurodéputé jusqu’en 2019, dans le groupe des sociodémocrates du S&D. Début décembre 2019, il est interpellé sur des soupçons de corruption du Maroc et du Qatar (depuis élargis à la Mauritanie). Devant les enquêteurs, il est passé aux aveux et entend obtenir le statut de repenti. Il présidait la délégation Maghreb, avant de prendre la tête de la sous-commission Droits humains.

Gilles Pargneaux

Eurodéputé français (jusqu’en 2019 également), Gilles Pargneaux siégeait aussi dans le groupe S&D. Il est aujourd’hui membre de Renaissance, le parti d’Emmanuel Macron. Il a présidé des années durant le groupe d’amitié UE-Maroc. Il a également été membre de la délégation Maghreb. En 2018, il a cofondé l’association EuroMedA, active dans les liens UE-Maroc.

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