Échiquier maghrébin : derniers mouvements

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Le 6 mai 2021. Le Maroc rappelle son ambassadeur à Berlin, Zohour Alaoui, pour des consultations, suite à la réitération allemande que la question du Sahara Occidental doit être résolue dans le cadre de l’ONU, sans décisions unilatérales. Quelques mois plus tôt, le Maroc avait protesté avec colère contre son exclusion de la conférence internationale organisée à Berlin (janvier 2020) pour tenter de trouver une solution à la guerre civile en Libye. Le Maroc prétend être un acteur indispensable dans tout réalignement des forces en Afrique du Nord. L’ambassadrice Alaoui n’est pas encore rentré à Berlin, et la coopération du Maroc avec l’Allemagne en matière de sécurité est en suspens.

18 mai. Le Maroc rappelle son ambassadrice à Madrid, Karima Benyaich , pour consultations après avoir appris que l’Espagne, à la demande de l’Algérie, a accueilli dans un hôpital le chef du Front Polisario, Brahim Gali, gravement malade du covid. Cette décision est suivie d’une avalanche humaine à Ceuta, que les autorités marocaines ont provoquée en guise de représailles. La crise finira par coûter son poste à la ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha González Laya.

L’Algérie se dispute avec la France et sourit à l’Espagne ; le grand pari de la Grande-Bretagne sur le Maroc.

21 août . Le roi Mohammed VI prononce un discours de détente envers l’Espagne, quelques jours avant une annonce grave de l’Algérie.

24 août. L’Algérie rompt ses relations diplomatiques avec le Maroc, l’accusant d’ingérence dans ses affaires intérieures. Contexte : le Sahara occidental. Alger décide de couper les livraisons de gaz au Maroc après le 31 octobre, date d’expiration du contrat d’exploitation du gazoduc Maghreb-Europe.

1er octobre. Le nouveau ministre espagnol des affaires étrangères, José Manuel Albares, se rend à Alger pour tenter d’atténuer les effets de la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe, qui transporte la moitié du gaz que l’Algérie vend à l’Espagne. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune s’est engagé à garantir l’approvisionnement (via le gazoduc Medgaz) et le prix, s’il est nécessaire de recourir à des bateaux de transport. Cette visite intervient dans un contexte de forte hausse des prix de l’énergie, au lendemain d’un arrêt défavorable du Tribunal de l’Union européenne pour les intérêts marocains au Sahara (droits de pêche et agricoles).

3 octobre. En guise de compensation pour le Maroc, l’Espagne laisse entendre qu’elle fera appel du jugement de la Cour européenne.

4 octobre. L’Algérie retire son ambassadeur à Paris, Mohamed Antar-Daoud, pour protester contre une déclaration informelle du président Emmanuel Macron dans laquelle il accuse le « système politico-militaire » algérien de vivre sur les « rentes de la mémoire ». Quelques jours plus tôt, la France avait réduit de moitié les visas pour les Algériens.

5 octobre. Le Royaume-Uni confirme son engagement stratégique d’importer de l’électricité du Maroc avec la construction d’une grande centrale éolienne et solaire thermique dans la région de Guelmin-Oued Noun, près du Sahara occidental. Les câbles sous-marins transporteront 8% de l’électricité nécessaire aux Britanniques. Horizon 2030.

6 octobre. Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, nomme le diplomate italo-suédois Staffan De Mistura comme nouvel envoyé spécial pour le Sahara Occidental. Applaudissements de l’administration Biden.

(L’ambassadeur du Maroc n’est pas encore rentré à Madrid).

La Vanguardia, 08/10/2021