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Espagne: Le verdict du juge Pedraz attend l’arrivée d’un témoin

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Le juge, en attendant le visa d’un dernier témoin avant de se prononcer sur les allégations de torture de Ghali

La déclaration d’un dernier témoin, en attendant l’obtention d’un visa pour pouvoir quitter le Mali, est la dernière étape avant que le responsable du Tribunal Central d’Instruction Numéro 5 du Tribunal National, Santiago Pedraz, se prononce sur la Plainte du militant sahraoui Fadel Breica contre le leader du Front Polisario, Brahim Ghali, pour violations présumées des droits humains.

Il s’agit d’un homme qui aurait été détenu dans la même prison que Breica et qui aurait été témoin des prétendues tortures que le militant sahraoui aurait subies aux mains du Front Polisario. Des sources judiciaires ont indiqué que sa déclaration précédera la décision rendue par le juge sur la plainte déposée par Breica.

Ce témoin – proposé par la défense de Breica – avait été initialement convoqué par le magistrat pour le 29 juin puis pour le 27 juillet, mais n’a pas encore pu saisir la justice en raison de problèmes d’obtention d’un visa pour entrer en Espagne depuis le Mali.

Dans la plainte, le militant accuse Ghali de crimes de détention illégale, de torture et contre l’humanité qui auraient été commis en 2019 dans les camps de Tindouf. Selon son récit, lorsqu’il est arrivé sur place, des agents du Polisario l’ont menacé de partir mais, loin de le faire, il a organisé des manifestations, étant arrêté et transféré dans des centres de détention clandestins où il aurait subi des coups et des décharges électriques, entre autres pratiques.

Dans sa déclaration à Pedraz en juin dernier, Breica a insisté sur le fait qu’il avait été torturé pendant six mois dans une prison secrète du Front Polisario, désignant Ghali comme son principal responsable. Par ailleurs, il a dénoncé qu’il ne serait pas la seule victime, affirmant que la torture serait une pratique habituelle du Front Polisario parmi les réfugiés sahraouis, alors qu’il a reproché à l’Algérie de l’autoriser sur son territoire.

PLAINTE DE L’ASADEDH, DÉPOSÉE

La plainte de Breica contre Ghali dans l’Audiencia Nacional n’est pas la seule. Il y en a un deuxième qui a été déposé par Pedraz et signé par l’Association sahraouie pour la défense des droits de l’homme (ASADEDH) contre Ghali et 27 autres personnes pour les mauvais traitements auxquels ils auraient fait subir les prisonniers de guerre et les citoyens sahraouis eux-mêmes, « notamment  » ceux d’origine espagnole.

Le dossier a été porté en appel fin juillet par l’ASADEDH, insistant sur le fait que Ghali est coupable d’un crime « imprescriptible » de génocide car il aurait participé à la torture de détenus dans les prisons de Tindouf entre les années 70 et 90 qui serait encadrée dans un plan de « destruction physique » de cette population.

L’association a déposé un recours contre l’ordonnance par laquelle Pedraz a porté plainte contre Ghali, estimant, d’une part, que les faits auraient prescrit parce que le Code pénal de 1973 s’appliquerait, qui fixe la responsabilité pénale à 20 ans et, d’autre part , que bien qu’ils puissent faire l’objet d’une enquête, il existe une « insuffisance manifeste » de preuves indiquant que Ghali a participé à la torture présumée.

Lors de son interrogatoire devant Pedraz le 1er juin, Ghali a nié toute implication dans les violations des droits humains qui lui sont reprochées. Sa défense a fait valoir qu’en tant que ministre de la Défense de la RASD, il se consacrait « exclusivement » à la guerre contre le Maroc, de sorte qu’il « ignorait tout centre de détention », où la torture aurait eu lieu.

Par ailleurs, la défense de Ghali a dénoncé que l’objet de ces plaintes est « politique », reprochant aux accusations d’ « utiliser la procédure pénale à des fins fallacieuses et sans rapport avec l’action de la Justice, (…) pour démontrer l’opposition frontale de le régime marocain contre le Front Polisario et la République arabe sahraouie démocratique » , au moyen d’une attaque « féroce » contre son chef.

Le même jour, le magistrat de la Haute Cour nationale a rejeté les mesures conservatoires demandées par les plaignants – emprisonnement provisoire et retrait de passeport – étant entendu qu’il n’y avait aucune indication que Ghali avait commis un crime. Ce matin-là, il partit pour l’Algérie.

GHALI EN ESPAGNE

Les accusations contre le leader du Front Polisario ont repris lorsqu’on a appris que Ghali se trouvait en Espagne, plus précisément à l’hôpital San Millán-San Pedro (Logroño), où il a été admis le 18 avril avec une image grave en raison de complications liées à le coronavirus.

Son transfert d’Algérie, que le gouvernement espagnol a qualifié de problème humanitaire, s’est inscrit en toile de fond de la crise diplomatique déclenchée avec le Maroc, qui a entraîné un flot d’arrivées de migrants, notamment de mineurs, à Ceuta.

En revanche, un tribunal d’instruction de Logroño a engagé des poursuites contre Ghali après avoir reçu une plainte indiquant qu’il s’était peut-être enregistré sous une fausse identité à son arrivée le 18 avril. Un autre tribunal de la capitale de la Rioja a transféré au ministère public une affaire pour un crime présumé de terrorisme générique contre le président de la RASD pour signaler l’éventuelle inhibition à la Cour nationale.

Moncloa, 13/09/2021

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