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44 ans après, Jack Lang regrette avoir signé une tribune défendant des pédophiles

En 1977 il avait pris fait et cause pour trois hommes jugés pour des rapports sexuels sur des mineurs pour « attentat à la pudeur sans violence sur des mineurs de moins de 15 ans ». « C’était une connerie », concède-t-il aujourd’hui, en pleine affaire Olivier Duhamel.

C’était le 26 janvier 1977, dans Le Monde, et le texte est désormais en ligne en tant qu’archive. Dans une tribune, 69 intellectuels, artistes ou médecins prenaient la défense de trois hommes jugés pour « attentat à la pudeur sans violence sur des mineurs de moins de 15 ans », avec qui ils avaient eu des relations sexuelles.
« Trois ans de prison pour des caresses et des baisers, cela suffit », pouvait-on notamment lire.
Une tribune qui avait été initiée à l’époque par le sulfureux écrivain Gabriel Matzneff – désormais visé par une enquête pour viols sur mineurs de moins de quinze ans -, et qui avait été signée notamment par Jack Lang, qui n’était alors que simple membre du Parti socialiste.
Ce lundi sur Europe 1, en pleine affaire Olivier Duhamel, l’ancien ministre de François Mitterrand a regretté cette signature : « C’était l’après-68, nous étions portés par une sorte de vision libertaire fautive », a-t-il expliqué, mais « cette pétition était une connerie et était inacceptable ».
« Depuis lors, j’ai combattu, comme tant d’autres, ce genre de bêtises », a poursuivi l’ancien ministre de la Culture.
« Si une fille de treize ans a droit à la pilule, c’est pour quoi faire ? », pouvait-on lire
Dans le texte, les signataires dénonçaient les trois ans de détention provisoire qu’avaient déjà subis les trois accusés. « Une si longue détention préventive pour instruire une simple affaire de ‘mœurs’, où les enfants n’ont pas été victimes de la moindre violence, mais, au contraire, ont précisé aux juges d’instruction qu’ils étaient consentants (quoique la justice leur dénie actuellement tout droit au consentement), une si longue détention préventive nous paraît déjà scandaleuse ».
« Il y a une disproportion manifeste, d’une part, entre la qualification de ‘crime’ qui justifie une telle sévérité, et la nature des faits reprochés ; d’autre part, entre le caractère désuet de la loi et la réalité quotidienne d’une société qui tend à reconnaître chez les enfants et les adolescents l’existence d’une vie sexuelle (si une fille de treize ans a droit à la pilule, c’est pour quoi faire ?) », poursuivaient-ils. « La loi française se contredit lorsqu’elle reconnaît une capacité de discernement à un mineur de treize ou quatorze ans qu’elle peut juger et condamner, alors qu’elle lui refuse cette capacité quand il s’agit de sa vie affective et sexuelle ».
« On était très nombreux à l’époque à signer cette tribune », se défend Jack Lang
« On était très nombreux à l’époque à signer cette tribune : il y avait Daniel Cohn-Bendit, Michel Foucault, une série d’intellectuels », s’est justifié Jack Lang lundi matin. Pourtant, les noms de Daniel Cohn-Bendit et Michel Foucault ne figurent pas au bas de la liste des signataires, au contraire de Louis Aragon, Roland Barthes, Simone de Beauvoir, Patrice Chéreau, André Glucksmann, Bernard Kouchner, Gabriel Matzneff, Catherine Millet, Jean-Paul Sartre ou encore Philippe Sollers.
« Depuis lors, j’ai combattu, comme tant d’autres, ce genre de bêtises », a poursuivi celui qui avait toutefois qualifié le milliardaire américain Jeffrey Epstein, accusé d’une multitude d’abus sexuels et de viols, de « personne charmante, courtoise et agréable » en 2019. « Epstein, ça n’a rien à voir. Quelqu’un peut être un instant un homme charmant, avant que l’on découvre découvre trois ans après qu’il est un salaud », a répliqué le président de l’Institut du monde arabe sur Europe 1.
En octobre dernier, nous avions été le premier média français à révéler que la fondation de Jeffrey Epstein avait réalisé un don de près de 58 000 dollars à une mystérieuse association, composée de proches de Jack Lang. L’ancien ministre avait répondu de façon évasive que ce don était destiné « à financer un film ».
Source : Le Journal de Saône et Loire, 18 jan 2021
Tags : #MetooInceste Olivier Duhamel, Camille Kouchner, Inceste, viol, pédophilie, pédocriminalité,

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