Algérie – Le SNMG et les 30.000 dinars

par Abdou BENABBOU

Il est question pour le président de la République d’honorer toutes les promesses déclarées au cours de sa campagne électorale et quelques-unes parmi les plus importantes figurent dans le plan d’action que le gouvernement présente aujourd’hui.

L’IRG n’accompagnera plus les salaires de moins de 30.000 dinars et il est dit que le SNMG sera conséquemment revalorisé.

Ces deux décisions ont de quoi apporter du baume au cœur pour des milliers de pères de familles et on suppose qu’a priori elles corrigeraient un tant soit peu l’inadaptation actuelle entre les bas salaires et le coût de la vie.

Dans la forme et dans une logique primaire, un tel engagement ne peut être qu’applaudi mais dans le fond, par ses incidences multiples, il mérite une circonspection réfléchie et son aspect populiste risque de provoquer des turbulences économiques en contradiction avec une tranquillité sociale recherchée.

Personne ni quiconque ne peut faire la fine bouche contre une augmentation des salaires censée réconcilier les citoyens avec leurs paniers, mais l’on ne peut offrir des subsides que si leurs dispositions sont avérées. Or la situation économique actuelle du pays démontre à tous les égards que ceux qui supporteront une prochaine largesse financière seront soumis à une inévitable euthanasie.

Le gouvernement lui-même avoue que l’état des lieux est catastrophique. Il suffit d’observer le désarroi de l’ensemble des gestionnaires d’entreprises, tous les secteurs confondus, pour déduire que les fuites en avant sont déconseillées et que se contenter de retouches salariales aussi séduisantes et réclamées qu’elles soient n’est pas indiqué. Tacitement, il n’est pas vrai que l’intérêt seul porté sur les moins de 30.000 dinars et le SNMG ne bouleversera pas en profondeur tous les salaires et les secteurs encore en activité.

En vérité, le problème ne se pose plus en termes d’amélioration salariale nouvelle, mais en sauvegarde impérieuse des rémunérations fournies jusqu’ici avec de très lourdes tracasseries. Les travailleurs dans leur majorité en sont les premiers conscients. Ils refuseraient qu’on les fasse vivre aujourd’hui pour mieux les tuer demain.

Le coût de la vie, quant à lui, pour faire face à ses déconvenues, d’autres plus larges et conséquentes recettes lui sont dans l’urgence recommandées.

Le Quotidien d’Oran, 12 fev 2020

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