Maroc : La presse se déchaîne contre Tebboune et l’Algérie

La presse marocaine se déchaîne contre Tebboune

En dépit de la prudence de la presse marocaine à l’égard de la situation en Algérie depuis plusieurs mois, un intérêt soudain pour l’actualité algérienne a rebondi depuis l’élection présidentielle du 12 décembre dernier.

C’est le cas pour le quotidien arabophone «Al Sahraa» de relater pour la énième fois lors de son édition du 2 janvier, le récit du capitaine Ali Najab en précisant «25 ans dans les geôles de Tindouf , un récit sur la brutalité des bourreaux polisariens à la solde du régime algérien».

A vrai dire, depuis l’élection de Abdelmadjid Tebboune, les chroniqueurs font état d’un climat de contestation continu en Algérie . La première sortie médiatique du nouveau président élu, juste après l’annonce de sa victoire à l’élection présidentielle, où il s’est exprimé sur notre voisin le Maroc, a été perçue du mauvais œil par nos voisins .En effet, Tebboune avait déclaré : «Le peuple marocain aime l’Algérie et les Algériens aiment le peuple marocain, mais la maladie ne disparaît que lorsque disparaissent les causes.»

Un message suffisant pour que la presse s’enrôle dans sa cabale habituelle au lendemain de ces déclarations. Les éditions du 16 décembre n’en font pas exception et c’est sur un ton mi-sarcastique que le quotidien Assabah avait titré «nous aimons tous Tebboune» rappelant que «le voisin de l’Est n’a jamais cessé de provoquer le royaume, tantôt en l’accusant de voler son patrimoine (caftan, couscous, musique rai…), tantôt à travers les sorties diplomatiques puériles de ses hauts responsables» a écrit Assabah.

Le journal est allé encore loin en précisant que «selon la majorité des internautes marocains, le nouveau président n’apportera rien de nouveau dans les relations maroco-algériennes, car n’ayant aucun pouvoir» conclut le quotidien dans un second article de la même édition.

Dans son billet, Al Ahdath Al Maghribia n’a pas manqué de fustiger la première déclaration du nouveau Président algérien, qui a conditionné l’ouverture des frontières terrestres à des «excuses» de la part du Maroc.

Pour sa part, Akhbar Al Yaoum avait rapporté que le Maroc ne doit pas s’attendre «à du bon de la part du nouveau président algérien, dont les différentes interventions durant la campagne électorale télévisée ont donné à voir un «ennemi viscéral du Maroc».

Même après le décès du général du corps d’armée Gaïd Salah, la donne ne semble pas être changée pour nos voisins qui avaient estimé que «le changement surprise à la tête de l’armée n’apportera pas de grands changements aux relations entre les deux pays», notamment avec son successeur.

Le site le360.ma a fait intervenir le politologue marocain Mohamed Taj Eddine El Hosseini, qui a jugé que dans les relations algéro-marocaines «ce sont les civils qui œuvrent pour la réconciliation, le progrès et la paix, pas les militaires» et ce, dans un entretien vidéo publié sur le site.

Cette nouvelle approche de la presse marocaine par rapport aux relations entre les deux pays ne peut être que «suggérée» par le palais royal.

Selon de nombreux observateurs, le Maroc a gardé un mutisme inhabituel vis-à-vis de l’Algérie, espérant certainement que le mouvement du Hirak puisse accoucher d’une solution qui sied à ses desseins politiques.

Ilhem Tir

Le Soir d’Algérie, 4 jan 2020

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