Maroc : Impasse politique

Notre système politique arrive à terme et ne peut que reconnaître son impuissance à mener le pays vers un quelconque progrès.

Sans remonter aux lendemains de l’indépendance et de ses vingt premières années pendant lesquelles le pays a basculé sans retour dans le libéralisme souvent sauvage, un bref historique du cheminement politique après la Marche Verte dont nous venons de célébrer le 44ème anniversaire s’impose :
76/77 (du siècle dernier) : premières élections communales et législatives. Premiers tripatouillages des urnes et fabrication de la carte politique à partir des bureaux de l’intérieur. Une majorité d’élus sans étiquette choisis, plus par l’administration qu’ élus, se présente au Parlement . Ahmed Osman, alors premier ministre les réunit pour créer ce qui est toujours le RNI (Rassemblement national des indépendants) . Une première mondiale à enseigner dans les écoles de sciences politiques. Normalement les élus viennent d’un parti, pour le RNI, c’est le parti qui naît des élus !

Le même scénario se répétera pour l’Union Constitutionnelle créée sous la houlette de Maati Biuabid, alors premier ministre et qui raflera aussitôt crée la majorité au Parlement. Toujours du jamais vu en politique.

Le bal continua ainsi jusqu’au moment où l’on se rendit compte que le pays frôlait la crise cardiaque et on fit appel à l’opposition historique pour prendre les rênes du gouvernement. La population jusque là désabusée par tant de promesses vaines reprit, à tort, espoir . Je dis à tort et sans rentrer dans les méandres, je citerai deux raisons. El Youssoufi qui fut sollicité, un homme intègre, mais c’est quelqu’un qui a passé presque toute sa vie en exil, loin des réalités et surtout qui ne connaissait pas les changements survenus au sein de son propre parti. Car celui-ci, outre les départs et les disparitions qu’il a connu durant l’absence de Youssoufi a été infiltré par de jeunes loups à l’engagement douteux. Ensuite, etant nommé premier ministre, il était obligé de composer avec ceux-là mêmes qu’il n’a cessé de combattre et qui étaient toujours aussi puissants.

Pendant toute cette période, la nébuleuse islamique créée elle-même par le pouvoir pour contrer la gauche dominante à l’université, n’a cessé de croître au point de devenir une alternative pour une population ignorante mais qui se sent abandonnée de tous.

Et c’est ainsi que le PJD pût accéder à la présidence du gouvernement. Son échec flagrant après maintenant plus de huit ans au gouvernement est dû en grande partie à sa pauvreté en compétences et à son manque de vision et de courage politique de même qu’il est forcé, tout comme El Yousfi de composer avec ses pires ennemis.

Alors, que reste-t-il comme alternative à moins de deux ans des élections ?
A l’heure actuelle, aucun changement ne peut être envisagé. Avec les élections à un tour, le parti qui pourra s’assurer le vote d’un petit million d’électeurs (sur plus de 27 millions de votants potentiels) aura toutes les chances d’arriver premier et se voir confier la présidence du gouvernement. Et selon tous les indicateurs, et malgré les déçus très nombreux du PJD, il est le parti qui garde encore des fidèles grâce à son maillage des mosquées et des quartiers populaires . La gauche aurait pu être une alternative sans ses divisions et le parti de Mounib, seul à être vierge de toute responsabilité dans la gestion du pays peut être la solution s’il parvenait à se débarrasser de la diabolisation dont surtout les islamistes l’accusent.

Une autre possibilité et de loin la meilleure à mon sens. Soumettre à un référendum une proposition de geler les activités du parlement pour cinq ans et nomination d’un gouvernement restreint composé des meilleures compétences et reconnus pour leur probité et leur sens de l’intérêt du pays avec pour feuille de route le rétablissement du civisme par la loi , le redressement de l’école publique et l’établissement d’une justice sociale !

Belghiti Mustapha, 8 nov 2019

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