Algérie – Houari Boumediène, le héros du monde arabe et musulman

Témoignage d’un Algérien qui vit aux USA

Il y’a quelques années, je prenais un café sur la rue de Robson (Vancouver). Il y’avait une personne âgée (dans les 60 ans) qui lisait un livre de Chomsky, ce qui a attiré mon attention, et je n’avais pas tardé à l’importuner

Au bout d’un certain temps, on a fait la présentation. Il était professeur d’économie à l’université de Chicago (un américain), je me présente « Algérie, Afrique du Nord », et je voyais un sourire sur ses lèvres, il me disait « Ah, Houari Boumediene, great men », et on avait longuement discuté sur Boumediene, sur ses projets, sa pensée, …

On a beau dire ce qu’on veut sur Boumediene, il reste un grand homme, de la trempe d’Hugo Chavez en mieux. Et pour le juger faudrait prendre en compte la situation de l’époque.

Il y’avait 2 blocs, URSS VS USA, et il fallait choisir, et le choix pour l’Algérie était presque obligatoire. L’Algérie ne pouvait pas choisir le bloc américain, malgré le fait que l’Amérique était pour l’indépendance de l’Algérie. La Russie représentait les mouvements de soulèvement, c’était l’espoir des opprimés. Il est facile maintenant de dire « Oui, l’URSS était un échec », ce n’était pas du tout évident de prédire la chute de l’URSS.

Après l’indépendance de l’Algérie, le peuple algérien était constitué principalement de paysans. Et comment voulez vous diriger un pays lorsque vous n’avez pas les ressources en terme de matière grise pour le faire.

Voici la liste des grands projets de Boumediene qui lui ont attiré que sympathie des anti-impérialistes :

1 – La nationalisation de Sonatrach : Boumediene avait réussi la ou le fameux « Mohamad Mossadegh » avait échoué. Boumediene fut le premier à inverser la tendance, en récupérant la richesse du pays, il n’y avait pas d’autres entreprises occidentales qui prenaient le gros de la recette pétrolière. L’acte était de taille, et surtout c’était un acte très hostile.

2 – L’organisation en 1973 avec succès du sommet des non-alignés.

3 – L’Algérie de Boumediene offrait son soutien actif aux différents mouvements de libération d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine.

4 – La réunion qu’il avait convoquée en 1974 à New York sur les matières premières. Son discours est mythique, Boumediene expose sa doctrine économique, dans lequel il appelle à l’établissement d’un nouvel ordre économique plus juste, un ordre ou le tiers monde aura sa place.

5 – Les accords de paix entre l’Iran et l’Irak.

6 – Santé + éducation gratuite, et pour tout le monde : Il fallait le faire, c’était une déclaration de principe, d’une idéologie, de principes. Boumediene n’était pas un demago, c’était quelqu’un d’honnête, il avait mis en pratique l’idéal de toute personne de gauche. L’état prend en charge les besoins de base de chaque citoyen, qu’il soit pauvre, riche, … On peut toujours se dire de gauche, mais il y’a une grande différence entre la théorie et la pratique. Boumediene l’avait fait. Je me souviens très bien du reste du système Boumediene, les livres étaient pratiquement gratuits. Le système Boumediene était visible dans la rue.

Boumediene avait appliqué un système. D’ailleurs, en lisant des livres autours de tout ce qui est socialisme, communisme, suffisait de se plonger dans les souvenirs de la période Boumediene pour voire la mise en pratique des principes du socialisme.

Et honnêtement, un président qui dit au grand Kissinger en tête à tête :

« Je ne peux vous répondre que ce que j’ai déjà dit aux leaders de la Résistance palestinienne. L’Algérie ne pratique pas la surenchère. Elle ne peut qu’appuyer les décisions des Palestiniens. Exiger plus qu’eux, c’est de la démagogie ; moins, c’est de la trahison.»

Et sa réponse à Willy Brandt, chancelier de l’Allemagne fédérale, venu discuter des nouvelles revendications que Boumediene avait présentées à l’ONU au nom du Tiers Monde. Au cours de leur entrevue, le chancelier allemand s’interroge en déclarant « Le nouvel ordre ? Un tel chambardement est impossible.» et Boumediene de répondre « Oui, c’est vrai, ce système est dur à changer. Mais l’essentiel est de reconnaître d’abord qu’il est injuste. Nous voulons revoir avec vous ce système bâti en notre absence. Les voies, les moyens, les méthodes, sont à discuter, à négocier.».

En recevant durant l’année 1975 le président tunisien Habib Bourguiba, Boumediene lui fit visiter le complexe sidérurgique d’El Hadjer (plus grand d’Afrique), qui est situé aux portes de la ville d’Annaba, visiblement très marqué par l’infrastructure et ses installations, le président tunisien dira à son hôte : « Quand même le colonialisme avait du bon ! Il vous a laissé beaucoup de choses.» Boumediene reprendra ironiquement : « Excusez-moi, Monsieur le Président, mais tout ce que vous voyez ici, les machines, les ouvriers, les cadres, le directeur, et même le ministre de l’Industrie sont une création du régime du 19 juin 1965.»

Et là, ou je fais chapeau bas devant ce grand homme, c’est lorsqu’il avait déclaré en 1974, à l’Organisation de la conférence islamique à Lahore (Pakistan),

« Les hommes ne veulent pas aller au paradis le ventre creux, un peuple qui a faim n’a pas besoin d’écouter des versets. Je le dis avec toute la considération pour le Coran que j’ai appris à l’âge de dix ans. Les peuples qui ont faim ont besoin de pain, les peuples ignorants de savoir, les peuples malades d’hôpitaux.»

Boumediene n’avait pas le temps pour accomplir sa mission.

Il faut l’avouer qu’il n’est pas simple de diriger un pays ou la conscience politique est pratiquement absente. En plus, avoir la position de Boumediene n’était pas simple à gérer. Mais je pense qu’il faut être un vrai génie pour faire tout ce que Boumediene avait fait, avoir sa position tout en manageant l’opposition. Une sérénité de fer était presque inévitable pour un pays comme l’Algérie, des opposants à la solde des français et des impérialistes en prison et pas de meurtre d’opposants c’es le seul pays au monde à pouvoir neutraliser les pro-américains et français sont avoir recours aux assassinats ni à la violence ni à la torture.

Boumediene était l’os dans la gorge qui étouffé les impérialistes et les colonialistes en mettant en échec tous leurs complots.

Boumediene était un visionnaire et un génie en avance sur son temps.

Copié et publié à partir d’un commentaire de Mr Mohi_Abbam en réponse à un article de Mr Mohamed Adjou.

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