Le Maroc continue de serrer l’étau autour de la ville de Ceuta

Le syndicat CCOO accuse le Maroc de vouloir « étouffer » la ville.

Les autorités marocaines ont reporté ce lundi pour la troisième semaine consécutive la restauration du trafic piétonnier des transporteurs acheminant vers leur territoire des marchandises achetées à Ceuta dans le cadre du « commerce transfrontalier », dont le poids dans le PIB de la ville avoisine les 25%.

Les autorités marocaines justifient cette décision par le fait qu’ils n’ont pas encore terminé les travaux qui avaient débuté le 9 octobre, date à laquelle cette activité commerciale a été suspendue. Les dits travaux visent à adopter des mesures visant à « garantir la sécurité » des personnes qui y sont engagées.

Pour le syndicat de la gauche CCOO de Ceuta, « ce qui se passe à la frontière de Tarajal est dû à une stratégie élaborée par le Maroc et consentiee par l’État espagnol dans le double objectif de développer l’économie du nord du pays voisin et d’isoler définitivement Ceuta et Melilla pour ainsi avancer dans ses revendications annexionnistes « .

Le gouvernement de Ceuta a officiellement quantifié pour la première et unique fois le poids économique du portage transfrontalier vers le Maroc dans le programme opérationnel du Fonds européen de développement régional (FEDER 2014-2020), un document dans lequel il l’a estimé à « 266 millions d’euros, un chiffre équivalent à 38,2% des achats à l’étranger des importations non énergétiques ».

Le syndicat estime que le « plan d’asphyxie » des villes autonomes « sera dosé pour éviter la réaction tumultueuse des groupes affectés, en particulier au Maroc », mais que « la décision est prise » et cette activité économique est condamnée à l’extinction. « Tous les habitants de Ceuta étaient conscients de cette nouvelle réalité il y a plus d’un an, lorsque le Maroc, avec la complicité honteuse du gouvernement espagnol, a supprimé la douane commerciale qu’il entretenait avec Melilla depuis plus de soixante ans », a-t-il rappelé.
CCOO a déploré que « l’indifférence incompréhensible de Ceuta face à ces événements soit devenue un soutien social et politique à la stratégie conçue par le Maroc: le commerce transfrontalier est arrivé à sa fin et le tourisme en provenance de ce pays, blessé à mort », a-t-il affirmé avant de mettre en garde contre « la possibilité de changer le cours des événements par une mobilisation massive qui revendique pour la ville des mesures palliatives, des programmes d’investissement et des changements structurels pour la ville, une initiative qui requiert un degré de conscience citoyenne et d’engagement avec cette terre ».

Avec Europa Press, 4 nov 2019

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