Algérie : Les nouvelles têtes du DSS

Les nouvelles têtes du renseignement algérien

La crise politique, qui a abouti à la destitution du président Bouteflika, provoque une série sans précédent de changements à la tête du renseignement algérien.

Cela donne naissance, d’une part, à un renouvellement de génération, qui voit arriver à la tête des « Services » des officiers sexagénaires, qui n’ont pas connu la guerre d’Algérie. Ce qui constitue une donne politique importante, de nature à dépasser le clivage habituel entre les anciens de l’armée française et ceux de l’ALN (Armée de Libération Nationale, bras armé du FLN, durant la guerre d’Algérie). Et c’est, par ailleurs, l’occasion d’une retentissante revanche de ceux qu’on appelle dans le jargon des Services algériens les « opérationnels ». C’est-à-dire les officiers qui ont mené la guerre antiterroriste contre la rébellion des GIA, dans les années 1990, et qui se sont vus marginalisés, du fait de la politique de « réconciliation nationale » du président Bouteflika. Et quelques fois humiliés, comme ce fut le cas pour l’ancien chef de l’antiterrorisme, Abdelkader Ait Ouarab, alias « général Hassan », emprisonné en Août 2014.

Paradoxalement, ce retour en force des « opérationnels » s’est fait à l’occasion de la chute de leur ancien chef, le général Othman Tartag, alias « Bachir », brutalement débarqué par le chef d’état major, au lendemain de la démission de Bouteflika.

Tartag avait été nommé coordinateur de la Direction des Services de Sécurité (DSS), qui a pris le relais du fameux DRS, démantelé en 2015, suite au limogeage de son emblématique chef, le général Mohamed Mediène, alias « Toufik ». Ayant fait les go-between entre Said Bouteflika et le général Toufik, lors des « manœuvres des dernières heures », qui ont précédé et précipité la destitution de Bouteflika, le général Tartag a fait les frais de l’échec du plan du clan Toufik, visant à provoquer un vide constitutionnel, dans le but d’instaurer une présidence collégiale, comme en 1992. Ce qui a conduit à l’arrestation spectaculaire, le 4 mai dernier, de Said Bouteflika, de Toufik et de Tartag, accusés de haute trahison.

Selon des sources proches du commandement militaire, le chef d’état-major, le général Ahmed Gaïd Saleh, a exigé et obtenu du président Bouteflika, le jour même de sa démission, un décret présidentiel mettant fin aux fonctions de Tartag. Les mêmes sources affirment que le successeur de Tartag est le général Mohamed Kaïdi, qui était jusque-là chef du Centre des Opérations de de Défense (COD) au sein de l’état-major. Sa nomination n’a pas été officialisée, car le poste de coordinateur du DSS, qu’il occupe désormais en lieu est place de Tartag, était jusqu’à présent rattaché au président de la république, alors que le général Gaïd Saleh voudrait le « rapatrier » à l’état-major.

L’autre général à faire les frais de l’alliance avortée en le général Toufik et Said Bouteflika, est l’une des dernières figures de la « vieille garde » du renseignement algérien. Il s’agit de Rezzig Boura , alias « général Abdelkader », écarté, le 6 avril dernier, de son poste à la tête de la toute puissante Direction de la Sécurité Intérieure (DSI). Son successeur est le général Wassini Bouazza, qui était auparavant directeur central des infrastructures au ministère de la Défense.

Le jour-même du limogeage du général Abdelkader, Ali Bendaoud, longtemps attaché militaire à Paris, a été débarqué de la Direction de la Sécurité extérieure (DSE). Poste qu’il a occupé à peine un mois : il y a été nommé par le clan Bouteflika, le 13 mars dernier, en remplacement du général Mohamed Bouzit. Son successeur, le colonel El Ouanès Skouret, était auparavant le patron du service de coordination opérationnelle du renseignement antiterroriste, qui dépend de la Direction Centrale de la Sécurité de l’Armée (DCSA).

Cette même DCSA a vu son chef, le général Ali Benzemerli, quitter les Services à son tour. Son successeur est, lui aussi, une figure éminente de l’« opérationnel ». Il s’agit du colonel Nabil, alias « Bob », qui occupait auparavant la direction du Centre Principal Militaire d’Investigations (CPMI).

5 dates :

– Septembre 1957 : Création du MALG, l’ancêtre des Services algériens.

– Septembre 1962 : Création de la sécurité militaire (SM), sous l’égide du colonel Kasdi Merbah.

– Novembre 1987 : la SM est scindée en deux : la Sécurité de l’Armée (SA) et la Délégation Générale de la Prévention et la Sécurité (DGPS).

– Octobre 1988 : la DGPS devient le DRS, Département du Renseignement et de la Sécurité, sous l’égide du général Mohamed Mediène.

– Janvier 2016 : Dissolution du DRS, suite au limogeage de son chef par le clan Bouteflika, en septembre 2015.

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