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Algérie : Rien n’est tout à fait noir. Et encore moins absolument blanc

Affirmation

« Voilà pourquoi il me semble que les choses ne sont pas si simples qu’elles le paraissent. Elles ne sont franchement pas manichéennes. Rien n’est tout à fait noir. Et encore moins absolument blanc » .

Par Mohamed Abdoun

Le chef d’état-major est formel. L’élection présidentielle du 12 décembre prochain aura bel et bien lieu à la date fixée.

Selon lui, tout le peuple soutiendrait ce choix, à l’exception ce qu’il qualifie de » la bande et ceux qui orbitent autour d’elle « . Et d’afficher clairement le soutien total et indéfectible de l’institution qu’il dirige à l’ANIE, chargée de superviser toutes les étapes de ce processus électoral.

Vision manichéenne, s’il en fut, ne serait-ce que parce que les citoyens qui sortent encore dans la rue ne sont certainement pas partie de la » bande « . Ils ne sont peut-être pas aussi nombreux qu’ils l’avaient été aux premières semaines de ce hirak mémorable, mais il n’en demeure pas moins qu’ils sont quand même au nombre de plusieurs centaines de milliers de marcheurs à travers tout le territoire national. Et, comme le reconnaissent les médias publics eux-mêmes, tous les manifestants continuent d’exiger le départ de tous les symboles du système.

Ce n’est pas tout. Ils rejettent également la tenue de ce scrutin, ce qui ne veut pas dire qu’ils soient contre le principe lui-même. Rien à voir avec ces éléments qui plaident en faveur d’une période de transition, la plus longue possible, pour prendre le pouvoir sans passer par les urnes, sachant qu’ils n’ont aucune chance si le pays fait appel à la démocratie.

Ce refus, plus cartésien, repose sur le fait que les revendications essentielles du hirak n’ont pas encore (toutes) été satisfaites. Les symboles du système ainsi dénoncé n’ont pas tous été chassés, alors que les détenus de ce mouvement, tout juste accusés d’avoir brandi un drapeau autre que l’emblème national, -sans mesurer les conséquences cachées liées à cet acte- n’ont toujours pas été élargis.

Ce sont là des préalables que même la commission de Karim Younes avait, soutenue en cela par le chef de l’Etat lui-même, avait souhaité appliquer avant que sa mission ne s’achève, quelque part, en queue de poisson.

A présent, les candidats en lice représentent tous, d’une manière ou d’une autre, le système que le peuple rejette ou dénonce. Ou à tout le moins en ont fait partie un jour, et en restent une sorte d’émanation, à leur corps défendant. Voilà pourquoi il me semble que les choses ne sont pas si simples qu’elles le paraissent. Elles ne sont franchement pas manichéennes. Rien n’est tout à fait noir. Et encore moins absolument blanc. Ce que voyant, le hiatus ne ferait que se creuser si une voie médiane n’est pas rapidement trouvée en vue de départager ces deux camps en apparence inconciliables. Avis !

La Tribune des Lecteurs, 30 oct 2019

Tags : Algérie, Hirak, transition, élections présidentielles,

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