La vie et la mort d’exilés espagnols en Tunisie, dans un documentaire Efe

Madrid, 16 octobre (EFE) .- Le documentaire « Mourir en exile, mourir dans l’oubli », qui retrace l’histoire de l’unique cimetière d’exilés républicains espagnols en Tunisie, a été présenté pour la première fois en Espagne ce mercredi à la Maison Arabe de Madrid.

L’oeuvre, produite par l’agence Efe, est le résultat d’une enquête intitulée « L’exilé oublié », du journaliste de Salamanque Javier Martín, 47 ans, délégué d’Efe en Algérie, en Libye et en Tunisie.

« Parler des morts », a déclaré Martin, est « très important en tant que pays pour que la démocratie soit en meilleure santé », a-t-il déclaré après la projection du documentaire.

«L’Espagne et la Tunisie ont une histoire commune. Celle-là (décrit dans le documentaire) est une raison de plus pour renforcer les liens entre les deux pays », a ajouté Martin, l’un des correspondants de guerre vétérans de l’agence EFE.

Dans un enclos de la ville de Kasserine, près de la frontière algérienne, il y a 20 tombes, dont 12 avec des noms, d’un groupe de républicains qui ont quitté l’Espagne avant la fin de la guerre civile et sont arrivés sur la côte africaine en mars 1939.

L’un d’eux, de Marcelino Llano Cotrofe, anarchiste de la CNT, a été le point de départ de l’enquête de Martin, qui a recherché son nom sur Internet et a localisé des proches du républicain dans la ville de Ferrol, dans la province espagnole de La Corogne, en Galice.

«Lorsque nous parlons de migration, nous devons nous rappeler que l’Espagne est aussi un pays d’exilés et que nous subissons la guerre. (…) Nous avons une histoire commune », a déclaré Martín.

Après l’exposition du documentaire Bechir Yezidi, chercheur à l’Université de Manouba, en Tunisie, a souligné que les républicains espagnols qui avaient fui la répression franquiste avaient été accueillis dans de «très mauvaises conditions», dans des «camps de concentration», où ils avaient beaucoup souffert.

« Les conditions de leur situation de réfugiés ne correspondaient pas », a-t-il expliqué.

De plus, a ajouté Yézide, ils ont été utilisés pour développer la ville de Kasserine, qui n’était pas encore une ville lorsque les Espagnols sont arrivés.

L’écrivain et essayiste Santiago Alba Rico, qui a également participé à la table de discussion, a déclaré que «l’impératif de mémoire» constituait une valeur politique fondamentale pour la démocratie.

«Nous avons arrêté de parler un peu aux morts. (…) Et je pense qu’il est très difficile de se considérer comme une nation et un pays complètement démocratiques si le dialogue entre les vivants et les morts n’est pas autorisé », a déclaré Alba Rico.

Le reportage de Martín intègre une gamme de grands reportages multimédias, avec lesquels il compte faire un pas dans la modernisation de l’agence EFE et faciliter la vente de ses produits.

L’oeuvre a été produite en six mois et a bénéficié de la collaboration de la réalisatrice Natalia Román, des éditeurs Pablo Ortega et Marta Caparrós et du producteur Javier Marín. EFE

Photo :  Le cimetière républicain espagnol de Kasserine

Source : Diario Libre, 17 oct 2019

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