Sahara Occidental : Plusieurs délegations rappellent la nécéssité de résoudre ce conflit

En tant que territoire non autonome, la question du Sahara Occidental est très présente dans les débats de la 4ème Commission de l’ONU. Parmi les intervenants qui ont abordé la question:

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a déclaré que « le Sahara occidental représente la dernière colonie inscrite à la liste des territoires non autonomes de l’ONU », et ce, depuis 1963, lorsque ce territoire a cessé d’être administré par l’Espagne. Il a rappelé la position de l’Union africaine qui considère que le droit inaliénable du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination et à l’indépendance est non négociable. Le représentant a précisé que la Cour internationale de Justice avait accordé du crédit à cette position lorsqu’elle a statué le 16 octobre 1975 qu’il n’y avait pas de lien de souveraineté entre le Maroc et la Sahara occidental avant la colonisation de ce territoire par l’Espagne. Il a rappelé que le 29 avril 2019 a marqué le trentième anniversaire de l’adoption de la résolution 690 du Conseil de sécurité, qui portait création de la MINURSO dont l’objectif était de parvenir à l’organisation d’un référendum d’autodétermination. Par ailleurs, le représentant de l’Afrique du Sud a aussi appelé à la décolonisation complète de l’île Maurice en demandant que l’archipel des Chagos lui soit restitué.

M. HUMBERTO RIVERO ROSARIO (Cuba) a regretté que le « fléau » du colonialisme existe toujours alors que nous fêtons le soixantième anniversaire de la résolution 1514. Le Comité spécial de la décolonisation a accompli un travail sérieux pour remplir son mandat, et pourtant les États-Unis, Puissance administrante, refusent toujours les différentes invitations qu’il lui a adressées. Il s’est attardé sur le cas de Puerto Rico, un territoire qui fait l’objet de 38 résolutions et décisions qui réaffirment le droit inaliénable du peuple portoricain à l’autodétermination. Son statut d’État libre associé a été imposé à Puerto Rico, qui vit « sous le joug américain », s’est-il indigné. La Cour suprême des États-Unis a reconnu, en 2016, que Puerto Rico ne disposait pas de sa souveraineté et est entièrement « assujetti » aux pouvoirs de Washington, reconnaissant ainsi son caractère colonial, a argué le représentant.

Le représentant cubain a ensuite défendu le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et réitéré son soutien au processus politique sous l’égide de l’ONU, tout en appelant à la nomination d’un nouvel envoyé personnel. Il a rappelé que 2 046 étudiants sahraouis ont étudié à Cuba et que son gouvernement a dépêché des brigades médicales et d’enseignants dans les camps de Tindouf au fil des ans. Cuba a, en outre, reconnu la souveraineté de l’Argentine sur les îles Malvinas et dit attendre une solution définitive de ce différend par le biais de négociations bilatérales entre le Royaume-Uni et l’Argentine. En conclusion, il a appelé le Département de la communication globale à sensibiliser davantage aux problématiques de décolonisation, des territoires non autonomes et de leurs recours.

M. JAGDISH DHARAMCHAND KOONJUL (Maurice) s’est félicité du nouvel élan impulsé sur la question du Sahara occidental par la tenue de deux cycles de tables rondes, conformément à la résolution 2414 du Conseil de sécurité. Par ailleurs, il a rappelé qu’une partie du territoire de son pays demeure sous contrôle colonial. Il a expliqué que, deux ans avant l’indépendance de Maurice en 1968, le Royaume-Uni, puissance coloniale, a pris possession de l’archipel des Chagos en expulsant les résidents mauriciens qui n’ont pas pu y retourner depuis. « Depuis cinq décennies, Maurice espère restaurer sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire national » a-t-il expliqué en précisant que l’Assemblée générale des Nations Unies a, par la résolution 71/292, demandé un avis à la Cour internationale de Justice (CIJ) sur la légalité juridique de l’administration de l’archipel des Chagos par le Royaume Uni. Il a précisé qu’en réponse à cette requête, cette juridiction internationale avait indiqué que les Chagos avaient été séparés illégalement et que leur incorporation dans une autre colonie n’était pas légale. La délégation a aussi précisé qu’au titre de cet avis, le Royaume-Uni est invité à cesser aussi vite que possible l’administration de cet archipel et l’Assemblée générale de l’ONU invitée à prononcer les modalités requises pour compléter la décolonisation de Maurice. Le représentant s’est félicité que l’Assemblée générale ait, par la résolution 73/295 du 22 mai 2019 adoptée par 116 voix contre 6, réaffirmé les conclusions de la CIJ en exhortant le Royaume-Uni à se retirer sans condition de l’archipel des Chagos dans un délai de six mois, c’est-à-dire avant le 22 novembre 2019.

« Le Salvador soutient les droits des Argentins sur les îles Malvinas », a affirmé Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (Salvador), tout en se réjouissant du rapprochement entre le Royaume-Uni et l’Argentine afin d’aboutir à « une solution juste, pacifique et définitive » du différend de souveraineté. La représentante s’est aussi félicitée des progrès réalisés sur le dossier du Sahara occidental.

M. INTISAR NASSER MOHAMMED ABDULLAH (Yémen) a réaffirmé l’attachement de son pays au droit inaliénable des peuples à l’autodétermination et à la liberté. Il a ensuite salué le Comité spécial de la décolonisation pour ses acquis, soulignant que la colonisation va à l’encontre du développement. Le représentant a plaidé en faveur du droit à l’autodétermination des Palestiniens et de leur droit à un État indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale. Sa délégation appuie par ailleurs les efforts du Secrétaire général et son Représentant personnel afin d’arriver à une solution politique réaliste et durable pour la question du Sahara occidental. À cet égard, elle a encouragé toutes les parties concernées à participer à la troisième table ronde organisée sous l’égide des Nations Unies dans le but de faire avancer le processus politique en cours et de parvenir à une solution durable négociée à ce différend. Avant de conclure, le représentant a réaffirmé la souveraineté des Émirats arabes unis sur les trois îles Grande et Petite Tomb et Abou Moussa.

M. SAM TERENCE CONDOR (Saint-Kitts-et-Nevis) a appelé à satisfaire la « soif d’autodétermination de milliers de personnes » vivant dans des territoires non autonomes. « La volonté politique de mettre un terme au colonialisme incombe à tous les États Membres », a-t-il estimé. Le délégué a, de plus, salué les progrès accomplis sur la question du Sahara occidental.

M. IBRAHIM MODIBBO UMAR (Nigéria) a constaté qu’à la veille de la fin de la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme, il reste toujours 17 territoires non autonomes inscrits à l’ordre du jour du Comité spécial de la décolonisation. Le Nigéria a exhorté toutes les puissances administrantes à accorder l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux et occupés, y compris à la Palestine, avant de se dire prêt à œuvrer avec le Comité spécial des Vingt-Quatre pour mener à bien cette tâche importante. Alors que la question de la Palestine perdure, le Nigéria a appelé à respecter la solution des États en permettant la création d’un État palestinien, avec Jérusalem-Est pour capitale et dans les frontières de 1967. S’agissant du Sahara occidental, « dernière question d’autodétermination en Afrique », le Nigéria a appuyé les efforts de la troïka de l’Union africaine et du Secrétaire général de l’ONU pour parvenir à une solution mutuellement acceptable et durable à ce différend et qui garantirait l’autodétermination du peuple du Sahara occidental. La délégation a appelé toutes les puissances administrantes et occupantes à prendre les mesures qui s’imposent pour préserver le droit inaliénable des peuples occupés et coloniaux à disposer de leurs ressources naturelles et de leurs terres.

M. ALBERT SHINGIRO (Burundi) s’est félicité du nouvel élan impulsé par la première table ronde organisée les 5 et 6 décembre 2018 et la deuxième tenue les 21 et 22 mars 2019. Il a salué la volonté du Maroc, du Front POLISARIO, de l’Algérie et de la Mauritanie de participer d’une manière sérieuse et respectueuse au processus politique engagé par l’ONU sur le Sahara occidental afin de trouver des terrains d’entente. « L’engagement de ces quatre participants à se réunir pour une troisième table ronde, sous le même format, dans le cadre de la résolution 2468, est un fait encourageant », a estimé le représentant. M. Shingiro a néanmoins jugé primordial de traiter le conflit du Sahara occidental dans le cadre d’une stratégie régionale plus large pour le Sahel. Le représentant a rappelé que dans sa résolution 2468, le Conseil de sécurité avait réitéré que la solution politique au travers d’une approche régionale contribuerait à la stabilité et à la sécurité régionales. Dans ce contexte, le délégué a invité l’Envoyé spécial du Secrétaire général à nouer des contacts avec d’autres pays de la région et les organisations sous-régionales afin de promouvoir « l’appropriation sous-régionale de ce différend ». Le représentant du Burundi a aussi salué les initiatives du Maroc, en citant le rôle joué par les comités du Conseil national des droits de l’homme à Dakhla et Laayoune.

M. MICHEL TOMMO MONTHE (Cameroun) a soutenu le processus politique en cours au Sahara occidental sous l’égide du Secrétaire général de l’ONU. Le chemin tracé par son ex-Envoyé personnel, M. Koeller, se doit d’être activement poursuivi, a estimé le représentant, en appelant le Chef de l’Organisation à trouver un remplaçant de la « même trempe » pour maintenir cette dynamique. La négociation constitue la cheville ouvrière pour parvenir à une situation de paix dans cette partie du Maghreb, a ajouté M. Tommo Monthe. Il s’est, en outre, félicité de la participation des parties concernées aux dernières rencontres organisées sous les auspices onusiennes, à Genève, en décembre 2018, et en mars 2019 entre le Maroc, le Front POLISARIO, l’Algérie et la Mauritanie.

Source : UN PRESS, 15 oct 2019

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