Algérie : 19 personnalités nationales décortiquent la situation du pays

Dix-neuf personnalités nationales, dont l’ancien Premier ministre, Ahmed Taleb El Ibrahimi, le militant des droits de l’homme, Ali Yahia Abdennour et l’ancien Premier ministre, Ahmed Benbitour, ont décortiqué la situation qui prévaut dans le pays.

Les signataires du communiqué ont évoqué de prime abord « le blocage politique actuel dans lequel se retrouve le pays », soutenant que « ces méthodes n’ont pas réussi à cacher la défiance du peuple et sa perte de confiance dans la capacité de ses gouvernants à changer la réalité ».

Selon les initiateurs, « la confiscation de la volonté populaire a fait que les institutions nationales se trouvent vidées de leurs fonctions vitales, y compris celle du contrôle, et que le peuple se trouve écarté de l’exercice de sa mission principale qui est d’assurer la légitimité du pouvoir et de préserver la souveraineté nationale sacrée ».

« La poursuite de la mobilisation populaire et sa détermination à satisfaire ses revendications légitimes pour l’instauration de la souveraineté du peuple sur l’Etat et ses institutions, estiment-ils, indiquent clairement que le processus enclenché le 22 février ne s’est pas seulement limité à l’empêchement du 5ème mandat, mais il s’est étendu au rejet des pratiques ayant conduit le pays à la situation que nous vivons ».

« De nombreuses initiatives ont été lancées sous différentes formes, émanant de partis politiques, de personnalités nationales, d’associations, et de forums. Toutes ces initiatives ont été ignorées par les autorités », ont fait savoir les signataires qui ont soutenu qu’ « il est nécessaire d’abord de lutter contre l’autoritarisme politique à travers l’instauration d’un système démocratique basé sur l’alternance au pouvoir, la séparation des pouvoirs, le respect de l’indépendance de la justice, des droits de l’homme, et des libertés individuelles et collectives ».

Pour eux, « il n’est nullement de la responsabilité du Hirak populaire de fournir des solutions politiques…Sa tâche principale consiste plutôt à modifier l’équilibre des rapports de force sur le terrain, pour permettre aux élites nationales, toutes spécifiés confondues, d’élaborer une vision nouvelle complète d’un nouveau système de gouvernance qui repose sur le respect de la souveraineté du peuple à choisir ses représentants pour conduire les affaires de l’Etat et de la société ».

Les signataires ont affirmé par ailleurs que « par cette vision objective, la majorité du peuple ne rejette pas de façon absolue les élections présidentielles… », ajoutant que « Les uns et les autres ont évalué à sa juste mesure, la réalité du pouvoir qui conserve encore sans partage, l’exclusivité de la gestion de la chose politique qui comporte ».

« La constitution est devenue par la force des choses, selon eux, le jeu préféré du pouvoir… ».

« Le pouvoir n’a trouvé d’autre issue à sa crise chronique que de tenter, au nom la légitimité constitutionnelle, un passage en force vers des élections, et de persister en imposant sa main de fer pour consolider sa tutelle permanente sur le peuple », ont-ils souligné, ajoutant que «la création de l’Autorité nationale indépendante des élections s’est faite sans accord consensuel avec les acteurs politiques et les élites sociales ».

Les signataires ont estimé que pour réunir les conditions nécessaires au déroulement libre et transparent du prochain scrutin, le pouvoir doit prendre certaines mesures d’apaisement entre autres :

– Satisfaction des revendications relatives au départ des symboles restant du pouvoir déchu

– Démantèlement des réseaux de la corruption sous toutes ses formes.

– Libération immédiate et sans condition des détenus d’opinion: jeunes et moins jeunes, étudiants et activistes du Harak,

-Respect du droit constitutionnel de manifester pacifiquement, levée de toute entrave à l’action politique, et à la liberté d’expression dans tous les média, notamment l’espace audiovisuel public et privé

-Levée des entraves aux marches populaires pacifiques et à l’accès à la capitale.

-Cessation des poursuites et des arrestations illégales d’activistes politiques.

-Invitation à un dialogue sérieux et responsable de toutes les parties favorables à ces revendications.

Source : Echouroukonline, 15 oct 2019

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